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Un vent de colère vert souffle sur le projet d’implantation d’un parc éolien à Verrières

Ils étaient plusieurs à s’être déplacé le 21 juillet en matinée pour rencontrer en mairie de Verrières le commissaire chargé de l’enquête publique du projet éolien de Verrières. Le plan d’implantation prévoit dans la commune cinq éoliennes de 180 mètres de hauteur sur le site de Vinnac.

Des représentants de la Fédération des Grands Causses et de CO-27-XXII environnement (qui réunit 27 associations de protection de l’environnement, de la biodiversité et du patrimoine en Aveyron) étaient présents pour lui remettre en main propre un rapport à charge contre le projet éolien et réclamer celui d’une médiation à laquelle ils ont participé en avril dernier et dont ils n’ont toujours pas le résultat. Un problème sur la forme qui n’est que la partie émergée de l’iceberg, car c’est bien de problèmes de fond dont il s’agit dans ce dossier pour les associations écologistes et de défense de l’environnement.

La biodiversité et le paysage menacés

Pour ces associations réunies en collectif, l’implantation d’éoliennes sur cette zone pose plusieurs problèmes et « menace directement la biodiversité locale ».

« Nous sommes ici dans une zone qui abrite quatre espèces protégées et sous PNA (Plan National d’Action), le vautour moine, le vautour percnoptère, l’aigle royal et le gypaète barbu ainsi que deux autres en danger d’intinction, le busard Saint-Martin et le busard cendré ». Les représentants expliquent que « d’autres espèces comme la chauve-souris sont complètement ignorées et que les risques ont été minimisés dans une étude d’impact mal faite qui néglige le paysage, l’humain et le patrimoine ».

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Le parc, s’il voit le jour, sera implanté à quelques dizaines de mètres de la zone tampon du bien de l’UNESCO car le plan de gestion Causses et Cévennes précise que l’éolien industriel doit en être exclu, « une ruse » pour les porte-paroles des associations : « les photomontages réalisés ne représentent pas la réalité, ces éoliennes hautes de 180 mètres seront visibles de presque tous les points de vue alentour : Compeyre, Cabrières, Saint-Germain ».

C’est quasiment du mensonge de présenter ça au public, ça ne représente pas la réalité, les vues sont floutées, les photos blanchies ! »

Un visuel de l’implantation © DR

Un territoire à énergie positive

Le collectif pointe également du doigt le fait que le département de l’Aveyron soit déjà « largement à énergie positive » et préfèrerait que les autorités « misent sur la rénovation de ses centrales hydrauliques, sur l’énergie bois et, tout comme devrait faire l’état, concentrent leurs actions et subventions sur les habitations autonomes ».

Nous ne sommes pas contre l’éolien mais la genèse du projet, c’est un besoin de financement des communes qui sont abandonnées par les dotations de l’état, ce n’est pas un projet écologique qui a un intérêt public majeur. En caricaturant, c’est comme si on faisait un casino à Verrières ! C’est un projet qui n’a rien à faire ici ! »

Un projet participatif

Le maire de Verrières, Jérôme Mouriès défend un projet participatif qui n’est pas de l’éolien industriel et dont le site d’implantation a été validé par le Parc Naturel Régional des Grands Causses. Si les associations aveyronnaises présentes ce jour-là sont vent debout contre le projet, l’édile assure que « tous les habitants de la commune y sont favorables ».

Ce projet a plus de 10 ans, entre temps, il y a eu deux élections municipales, je n’ai eu aucune opposition. S’il y avait eu des opposants, c’est là que se seraient cristallisées les choses ».

Dès le départ, le maire explique avoir fait le nécessaire « pour profiter de la production en définissant un cahier des charges qui sert la commune pour un projet dans lequel il n’y ait pas de perdant et dans lequel chacun, y compris des communes puisse investir avec un maximum de retombées économiques pour le territoire au-delà de la fiscalité ». La commune maitrisera d’ailleurs le foncier et majorité de la gouvernance avec un budget global de 350 000 € pour un budget total pour le programme de 30 M€.

Jérôme Mouriès, maire de Verrières. © Millavois.com

Parmi les motivations, il ne cache pas la manne financière que représente l’implantation du parc éolien et compte bien en profiter pour « aider ses concitoyens dans la transition énergétique en abondant sur des programmes d’isolation, de changement d’énergie, en faveur de modes de déplacements plus vertueux… »

Alors que les associations écologistes pointent du doigt la menace sur la biodiversité, le maire précise « qu’il y a des solutions et qu’un travail a déjà été mené avec un bureau d’experts pour mettre en place des radars pour protéger les gros oiseaux et limiter l’impact de l’installation sur la biodiversité ».

On vit ici, on n’est pas là pour détruire notre habitat », lance le maire en expliquant que « de nombreuses actions sont et seront menées en faveur de la biodiversité comme la réintroduction de petits oiseaux qui manquent à l’équilibre local notamment pour lutter contre la pyrale des buis et la chenille processionnaire ».

La SCIC Sud Energia favorable au projet

De leur côté, Christian Albinet et Alain Mondeteguy, des membres de la SCIC Sud Energia  et « des citoyens porteurs de projets pour la transition énergétique » ont un avis favorable au parc éolien et ne cachent pas leur désaccord avec les associations, notamment sur l’argument de l’autosuffisance départementale.

« L’Aveyron est juste autosuffisante pour la consommation électrique actuelle, pas pour le chauffage et les transports si on veut sortir des énergies fossiles, et le reste de la France a aussi besoin d’électricité. De plus, face au prix du mégawatt-heure acheté qui atteindra bientôt 500 € voire plus contre 50 € il y a un an, c’est un argument qui n’a pas de sens ! »

Ce n’est pas un projet industriel de plus, c’est un projet énergétique citoyen exemplaire et unique dans lequel nous n’avons aucun intérêt à ce jour, mais on est d’esprit, de cerveau et de cœur avec ce projet de production et de consommation locale d’énergie pour lequel les retombées économiques seront utilisées pour les populations locales et d’utilité sociale et environnementale ».

La fin de l’enquête est fixée au 30 juillet, l’avis définitif sera donné dans quelques semaines, le maire s’est dit « plutôt confiant quant à l’avenir du projet » alors que le collectif d’associations continue la communication et la sensibilisation du public autour du projet.

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