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Aveyron. Qui veut la peau de Station A ?

Depuis le mois de mars 2019, les anciens Haras nationaux de Rodez abritent « Station A ». Le tiers lieu occupe une partie des bâtiments et du terrain, propriété du Conseil départemental qui a décidé de vendre à la Ville de Rodez. Cette décision mettrait un terme au projet global de Station A et remet en question son avenir.

Après avoir mené plusieurs actions depuis l’annonce de la vente, dont une pétition qui a rassemblé plus de 4 000 signatures, Alan Hay, directeur, Luc Pourrat, membres du conseil d’administration et Armand kleve, administrateur chargé de la production culturelle, ont souhaité rencontrer la presse du sud du département pour « sensibiliser l’opinion publique aveyronnaise sur l’avenir du tiers lieu et alerter les conseillers départementaux ».

Un projet à 7 M€

Ils recontextualisent le projet et en précisent sa finalité : « Station A, c’est à l’origine en 2017, une association porteuse d’un projet de tiers lieu, devenue depuis deux ans une SCIC qui réunit citoyens, acteurs sociaux, économiques, culturels… et des associations. C’est en répondant à un appel projets du Conseil départemental, alors sous la présidence de Jean-François Galliard que le tiers lieu a vu le jour. La proposition qui ne devait pas couter un seul denier public ni en investissement ni en fonctionnement a été retenue et votée à l’unanimité par les conseillers départementaux ».

Station A exploite 20 % des bâtiments et porte depuis un projet de 7 M€ pour réhabiliter le lieu en collaboration avec Nicola Delon, cité comme une référence (aveyronnaise) des tiers lieu puisqu’à l’origine du Pavillon français de la Biennale internationale d’architecture de Venise en 2018.

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Alan Hay précise : « Aujourd’hui, Station A, c’est 84 stationautes (professionnels issus de tous les milieux qui ont leurs entreprises dans les murs), 15 salariés (prochainement 23), un chantier d’insertion, et d’autres utilisateurs qui viennent pour des activités diverses ».

Tous ses utilisateurs, l’ensemble du personnel et le projet de tiers lieu seraient aujourd’hui directement menacés par la vente des Haras par le conseil départemental à la ville de Rodez qui ne souhaite pas garder le tiers lieu dans ses murs. Alan Hay et ses collaborateurs ne cachent pas leur colère.

Nous avons conscience que nous ne sommes pas chez nous, mais le maire de Rodez a dit officiellement qu’il voulait liquider Station A. Christian Teissedre n’a aucun projet pour les Haras. C’est un drame humain qui va se jouer derrière tout ça ».

De son côté, le maire de Rodez réagit en expliquant « qu’il souhaite protéger un monument historique avec un projet d’envergure pour les générations futures en cœur de ville. Il y réunirait les plus jeunes, les séniors, les actions éducatives, festives, le sport, envisage d’y installer l’Estivada, Rodez plage, un institut d’art culinaire…

Christian Teyssèdre précise « qu’il ne met personne dehors, que Station A ne possède qu’un bail précaire et révocable et qu’il a proposé d’autres solutions de relogement pour Station A : comme le camping de Rodez, le Combarel, l’abbaye du Monastère… » Des solutions jugées « inappropriées, comme le camping en zone inondable, et trop longues à pérenniser » pour Station A.

Le maire de Rodez propose également « d’accueillir avec plaisir tous les stationautes qui en feront la demande dans des structures comme l’hôtel d’entreprises ».

Station A fait de la désinformation permanente ! Leur façon de fonctionner est indécente, elle ne répond à rien, derrière la SCIC, il y a des sociétés, mon combat c’est le service public, ce n’est pas les sociétés anonymes ».

La vente des Haras sera à l’ordre du jour de la prochaine commission départementale du conseil départemental vendredi 4 février. Elle fera partie d’un protocole d’accords global entre le département et la ville de Rodez sur de nombreux sujets.

Pour les représentants de Station A, « vendredi, les hommes politiques, les élus vont appuyer sur le bouton de la destruction de l’emploi. Il faut que les Aveyronnais sachent ce qu’est en train de faire le maire de Rodez et  Arnaud Viala, que les élus sachent que leurs électeurs vont être au courant ».

« Le rendez-vous de la dernière chance »

Lundi 31 janvier, le président a reçu les représentants de Station A à leur demande « pour engager un travail de médiation avec la mairie de Rodez, notamment dans son rôle d’accompagnateur de réseau de tiers lieux ».

Ces derniers parlent « du rendez-vous de la dernière chance, un rendez-vous lunaire pendant lequel Arnaud Viala aurait balayé leurs arguments et leurs propositions d’un revers de la main et l’accusent de porter la parole de Christian Teissedre ».

Le président du département, interrogé à ce sujet explique « qu’il a toujours été clair avec eux, que Station A bénéficiait d’un titre d’occupation temporaire, que la majorité des conseillers départementaux n’ont pas souhaité transformer en bail à construction en fin de mandat précédent ».

Arnaud Viala souligne que « le projet de tiers lieux s’est fait sans concertation avec la Ville de Rodez, malgré qu’elle soit particulièrement concernée. Après étude du dossier, une réflexion a été menée sur les Haras en lien avec l’ancien Palais Episcopal. Finalement le département concentrera ses forces sur l’évêché sur lequel le il conduira une opération de réhabilitation Les Haras seront confiés à la Ville de Rodez ».

« Nous n’avons rien contre le tiers lieu ni contre Station A. Nous sommes rentrés en discussion avec la mairie sans volonté d’exclure Station A, en réfléchissant à une solution. Je ne souhaite pas qu’on entrave la dynamique de Station A, mais je regrette leur attitude pendant ce rendez-vous et les actions qui contribuent à jeter de l’huile sur le feu. Ils placent les choses sur un terrain polémique et menaçant qui n’est pas propice à un dialogue constructif. Nous allons malgré tout poursuivre une médiation notamment pour trouver des solutions aux locataires des lieux ».

Station A  met en avant le tiers lieu « comme un équipement essentiel. »

C’est une gestion collective, un modèle social certifié d’utilité sociale, porté par une génération, nous avons développé un écosystème culturel, social, économique, environnemental ouvert à tous les aveyronnais, pour lequel ont déjà été investis 360 000 € : on ne va pas lâcher, c’est sûr ! Ce n’’est que le début ».

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