[dropcap]L[/dropcap]e documentaire espagnol « Le silence des autres » de Almudena Carracedo et Roberto Bahar, programmé par Millau-Sagunto Ciné, projette de par le monde l’image d’un monument qui a fortement interpelé l’opinion publique espagnole et internationale.
Créé par le sculpteur Francisco Cedenilla Carrasco, et inauguré en janvier 2009, ce monument, comme l’explique la plaque qui y est scellée, est un hommage aux disparus de la guerre civile et la dictature franquiste, exécutés et jetés dans des fosses communes.
Cet ensemble sculptural met en scène quatre disparus : une femme, deux hommes jeunes et un quatrième plus âgé. Ressuscités en statues de pierre, ces quatre personnages nus paraissent perdus et désorientés.
Juchés sur des rochers, leurs regards se portent sur les falaises de la Sierra de Tormantos à la recherche des leurs. Dans l’immensité de la Sierra, le Mirador surgit comme un cri contre l’oubli, celui des victimes du franquisme, qui veulent récupérer et réhabiliter leurs morts et la mémoire historique de l’Espagne, que le dictateur pensait pouvoir vouer au néant.
Sis à dans la petite localité de El Torno, en Extrémadure, près de Cáceres, le mirador de la mémoire est le reflet d’un moment historique qui a laissé des traces profondes et douloureuses dans la conscience moderne espagnole.
Cette rencontre heureuse du cinéma et de la sculpture illustre par ailleurs, le rôle souvent joué par les artistes dans le combat pour la démocratie et la liberté.