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Variations autour de La Couvertoirade : les remparts hospitaliers

Après le château templier, voici quelques petites informations sur les remparts de la Couvertoirade.

Lors que les Hospitaliers acceptent de faire édifier les remparts du Larzac, cela fait déjà des décennies que les habitants sont mis à mal par des bandes armées qui sévissent sur le plateau désertifié.

C’est en 1439 que les habitants de la Couvertoirade, réunis dans l’actuelle église Saint-Christophe, demandent, en présence du grand prieur de Saint Gilles Bernard d’Arpajon, que soient édifiées des fortifications afin de protéger les personnes et les biens.

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Petit retour en arrière : rappelez-vous. Lorsque Philippe Le Bel décide de supprimer l’Ordre du Temple, l’ensemble des biens templiers est repris par l’ordre des Hospitaliers. C’est le cas aussi ici.

A peine mis en possession des biens, les Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem ( ou hospitaliers) publient en 1313 une ordonnance conservant les droits et les devoirs, les servitudes qui existaient déjà au temps des templiers. Cette même ordonnance sera renouvelée en 1317 :

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Par ordre de la Maison des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, le crieur public de la Couvertoirade a fait en ce lieu les proclamations suivantes :

« Le 27 mai 1317, sous le règne de Philippe, roi de France et de Navarre, par ordre de frère Guillaume de Boren, chevalier de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, lieutenant de Messire Pierre de Chaudeirac, et en présence de la plupart des hommes de La Couvertoirade, il a été fait défense :

  • de chasser les cerfs sous peine de 100 sous d’amende ; les lapins sous peine de 60 sous d’amende ;
  • de mettre en culture les terres – pâturages de la Maison, sous peine de 60 sous d’amende, exception est faite des terres qu’il était coutume de cultiver au temps des Templiers ;
  • de couper les arbres, de faire du bois dans les terres du Commandeur sauf dans les lieux accoutumés ;
  • d’acheter du bois ou du foin aux domestiques et aux gardes de la maison, sous peine de 60 sous d’amende ;
  • d’utiliser le fumier des troupeaux pour des terres étrangères : le fumier appartient aux terres où paissent ces troupeaux.
  • de vendre du vin « sans le crier » à l’avance, sous peine de 60 sous d’amende d’encombrer les voies publiques (60 sous) ;
  • de déposer ordures et fumier à l’intérieur du bourg, proche des maisons ou sur les voies publiques.

Lu et proclamé par moi, Jacob Ruffi, notaire à La Couvertoirade devant la porte de la forteresse.

Témoins : frère Guillaume Ferrerii, châtelain du lieu – Bernard de Moneu, – Raymond de Noguerio, « donat », – Brenguarius Clary, servant. »

Comme quoi, ça rigolait pas à l’époque…

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Et dans le même temps, les seigneurs d’Algues, de Nant ou de Saint-Félix s’adonnent au pillage ; la peste noire s’abat comme la misère sur le pauvre monde ; la guerre de 100 ans fait des ravages. La population est harcelée, épuisée, décimée.

En 1349, la population sur le Larzac était :

  • La Couvertoirade (y compris Cazejourdes) : 135 feux
  • Sauclières : 96 feux
  • Saint-Jean-du-Bruel : 171 feux
  • Les Infruts : 16 feux

A raison de quatre personnes en moyenne par feu, vous obtenez :

  • La Couvertoirade : 540 personnes
  • Sauclières : 384 personnes
  • Saint-Jean-du-Bruel : 684 personnes
  • Les Infruts : 64 personnes

C’est sous le roi Philippe VI (1328-1350) – celui-là même qui transigea avec les Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem – que commença la guerre de Cent Ans entre la France et l’Angleterre.

Et cette guerre, qui ne durera pas 100 ans, fit grand ravage sur le Larzac… mais ça… c’est pour une autre fois

Sources : Echos des remparts de l’abbé Caubel n°58 février 1924

Via
Solveig Letort
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