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« Finances de la Ville : gare au retour de bâton »

En dépit de la présentation nimbée d’autosatisfaction du compte administratif, le relais que passera l’équipe Saint-Pierre à ses successeurs n’est pas si immaculé que le prétend monsieur Diaz.

En premier lieu on est en droit de s’interroger sur l’opportunité du vote du compte administratif 2019 avant le vote du budget 2020. Les budgets ont toujours été votés en décembre ou en tout début d’année afin de démarrer leur exécution au plus tôt. L’absence de ce vote contraint à verrouiller le paiement des subventions aux associations qui en souffrent lourdement. La décision prise par la municipalité de retarder le vote du budget ne peut s’expliquer que par le fait que l’équilibre du budget 2020 ne peut se faire qu’en reprenant le résultat du compte administratif 2019.

Lors du budget primitif 2019, l’épargne brute était estimée à 2,95 M€, le compte administratif 2019 fait ressortir une épargne à hauteur de 3,57 M€ soit un plus de 600 000 €. D’où viennent-ils ? Des économies drastiques réalisées sur l’entretien de nos bâtiments et de la ville.

Une partie de cette somme provient également de l’effet d’aubaine de recettes exceptionnelles : droits de mutation, réajustement de taxes ménages… Elles ne seront pas reconduites en 2020.

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Parlons dette maintenant. Cette fameuse dette que le candidat Saint-Pierre promettait de baisser de 4 M€ en 2014 et qu’au final il n’aura fait qu’augmenter (+2 M€). En 2016, la Direction Générale des Finances Publiques (DGFIP) avait préconisé à la ville de ne pas dépasser un encours de dette de 32 M€ au 31 décembre 2020 et de ne plus augmenter les impôts.

Cet encours est déjà atteint au 31 décembre 2019, soit 31,8 M€.

Concrètement cela signifie que sur les 3 ans à venir, la ville ne pourra pas emprunter plus de 9 M€ pour les investissements si elle veut pouvoir rembourser sa dette. À ces 9 M€, il convient de soustraire le prêt de 1,4 M€ signé en décembre 2019 et encaissé en 2020 ce qui ramène à 7,6 M€ la capacité d’investissement des 3 prochaines années.

Or ce qui est soigneusement passé sous silence c’est l’endettement prévisionnel et l’endettement futur. Au 1er janvier 2020, il reste à financer la piscine (4,8 M€), le gymnase Paul Tort, la fin des travaux du Créa, la maison de santé, le centre d’accueil et d’hébergement d’urgence… et cerise sur le gâteau une passerelle à 1 M€. Soit un total de 8,1 M€.

Que reste-t-il pour les travaux des écoles, de voirie, des bâtiments ? À moins que Monsieur Saint-Pierre ne prépare une nouvelle hausse d’impôts ?

En résumé, au-delà d’un compte administratif 2019 en trompe-l’œil, la situation financière au 31 décembre 2019 ne laisse aucune marge de manœuvre malgré l’augmentation de 12 % des impôts en 2016 et la vente des « bijoux de famille » (4,3 M€ pour la gendarmerie et 500 000 € pour le camping municipal).

Le rapport définitif de la Cour Régionale des Comptes sur les comptes de la ville n’étant pas encore connu, subséquemment de toutes promesses inconsidérées, il faudra suivre ses préconisations et se garder de tout triomphalisme bien mal venu.

Martine Bachelet, directrice des finances de la ville retraité

Millau Naturellement

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