Littérature

Millau. Poésie solidaire

« Fugue andalouse avec le Romancero gitano de Lorca »

C’est avec la lecture et la découverte de l’un des grands poètes de notre temps, Federico García Lorca, que nous nous sommes proposé d’occuper les esprits en cette circonstance si critique.

Hier nous avons approché son livre, Suites, aujourd’hui nous nous pencherons sur son célèbre Romancero gitano (1924-127). Ce « livre…, disait-il, est le poème de l’Andalousie …où est à peine exprimée l’Andalousie que l’on voit et où frémit celle que l’on ne voit pas. » »Les protagonistes gitans y interrogent l’air, la terre, la mer, la lune, le vent…donnant à leur » chant profond » les accents poétiques et dramatiques, mystérieux et cosmiques du Chant Primitif Andalou. Appelé aussi Cante Jondo (Chant Profond) : Lorca avait contribué à le promouvoir avec son ami, le grand musicien Manuel de Falla. Son Romancero s’en inspire profondément.

Jacques Cohen, Comité de jumelage Millau Sagunto

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Romance somnámbulo

Verde que te quiero verde.
Verde viento.Verdes ramas.
El barco sobre la mar
y el caballo en la montaña.
Con la sombra en la cintura
Ella sueña en su baranda,
Verde carne, pelo verde,
Con ojos de fría plata
Verde que te quiero verde…

Traduction

Romance somnambule

Vert c’est toi que j’aime vert.
Vert du vent. Vert des branches.
La barque sur la mer
et le cheval dans la montagne.
L’ombre jusqu’à la ceinture,
elle rêve à sa balustrade,
vert visage, cheveux verts,
prunelles de froid métal.
Vert c’est toi que j’aime vert…

Romance de la pena negra

Las piquetas de los gallos
cavan buscando la aurora ,
cuando por el monte oscuro
baja Soledad Montoya.
Cobre amarillo su carne,
Huele a caballo y a sombra.
Yunques ahumados sus pechos,
gimen canciones redondas.
Soledad, ¿por quién preguntas
Sin compaña a estas horas ?…
¡Oh pena de cauce oculto
Y madrugada remota !

Traduction

Romance de la peine noire

Les pics sonores des coqs
Creusent pour ouvrir l’aurore
Quand de la colline sombre
descend Soledad Montoya.
Cuivre jaune, tout son corps
fleure la cavale et l’ombre.
Ses seins, enclumes noircies,
gémissent des chansons rondes.
Soledad qui cherches-tu,
solitaire au point du jour?…
O peine de rive secrète
et de matinée lointaine !

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