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Millau. « Agribashing et DEMETER, la FNSEA en a rêvé, Castaner l’a fait »

Le 5 février dernier, la Confédération Paysanne de l’Aveyron était invitée à une réunion de la préfecture pour l’observatoire de l’agribashing avec au menu un état des lieux des problématiques de sécurité et les actions prévues dans le cadre de la cellule DEMETER.

Nous ne remettons pas en cause les attaques aux personnes et aux biens, nous les condamnons avec force. Qu’une incompréhension se soit créée entre paysans et citoyens c’est certain, mais ce n’est ni généralisé ni une excuse à trouver pour refuser de réfléchir à toutes évolutions des pratiques et des systèmes. Les paysans doivent fournir une alimentation de qualité à la population, ils ont donc des comptes à rendre aux citoyens.

Au contraire, cette incompréhension se réduira si nous arrivons à discuter, échanger et pourquoi pas co-construire avec la société civile un nouveau lien, une nouvelle façon de voir, de vivre l’agriculture sur nos territoires. C’est le projet auquel œuvre la Confédération Paysanne au jour le jour, « un syndicat pour une agriculture paysanne et la défense de ses travailleurs ».

En entendant lutter contre l’agribashing, le ministère de l’Intérieur met sur le même plan des actes criminels (vol, agression physique…) et « des actions de nature idéologique ». Ce mélange des genres vise à faire taire ceux qui mènent des actions symboliques contre le système de l’agriculture industrielle (des faucheurs volontaires à la Confédération Paysanne comme sur la ferme des 1 000 vaches). Or, ce ne sont pas les agriculteurs qui sont critiqués par ces actions militantes, mais bien le système agricole industriel, dont la FNSEA est le principal soutien.

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Revenus de misère, concentration des terres, suicide des paysans, surendettement, retraites sous le seuil de pauvreté, sont autant de problématiques non traitées par le gouvernement. Plutôt que de s’attaquer aux racines de ce mal-être, largement lié à la concentration de la production, aux faibles prix payés par la grande distribution, l’industrie agroalimentaire, le gouvernement préfère mettre des moyens publics pour criminaliser l’action de celles et ceux qui promeuvent un autre modèle agricole.

Toutes ces problématiques non traitées par ce couple FNSEA-gouvernement constituent à nos yeux des enjeux beaucoup plus importants que le seul concept d’« agribashing ».

La cellule DEMETER (à l’origine nom d’une certification de biodynamie, du nom de la déesse grecque de l’agriculture et des moissons) fonctionne grâce à une convention entre FNSEA, JA et ministère de l’Intérieur. Nous refusons cette collaboration des forces de l’ordre avec des intérêts privés.

Faut-il développer une police pour chaque corporation critiquée ? À quand le cheminot-bashing, le santé-bashing, l’ouvrier-bashing, le police-bashing. On aurait donc plus le droit de porter un regard critique sur la façon de faire son métier dans la société ?

Téo Boutrelle et Sébastien Persec

Porte-paroles de la Confédération paysanne de l’Aveyron

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