Exposition

Millau. Avec « Memento Pictura », Antoine Dubruel s’expose à l’Espace Culture

Après avoir investi les murs de la salle Costantini en 2016 à Millau et ensuite le Centre d’Art Européen du village médiéval de Conques, le peintre Antoine Dubruel montrera son travail en ce mois de septembre à l’Espace Culture, dans les jardins de l’Hôtel de Ville de Millau.

Il s’agit de donner à voir au public des tableaux pour la plupart de grand format, issus de technique mixte, au pastel, à l’encre de Chine et à la peinture à l’huile. C’est aussi l’occasion d’offrir au regard des visiteurs des tableaux encore jamais sortis de l’atelier.

Ceux-ci témoignent de l’influence du paysage local sur le regard du peintre qui dès lors partage son temps entre Millau et son atelier désormais situé en Lozère.

Portrait du peintre

Travaillant à ses débuts, il y a une dizaine d’années, au cœur du Lauragais, Antoine Dubruel se détourne de sa carrière de Droit pour embrasser des études d’Art plus proches de ses aspirations. Il développe d’abord son œuvre dans le secret de l’atelier, se nourrissant des impressions visuelles, traces de ses voyages et de son rapport particulier à la Nature.

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Portant un regard attentif sur les œuvres des maîtres anciens et les évolutions les plus récentes de la peinture, il développe peu à peu une écriture propre sur laquelle se dessinent des motifs récurrents quoique toujours singuliers qui en font sa signature.

L’homme reconnaît ses maîtres que sont Monet, Van Gogh ou bien encore Nicolas de Stael ou Chaïm Soutine, sans oublier Hiroshige et Hokusai dans une démarche oscillant entre tradition – celle de broyer les pigments de couleurs mélangés ensuite à des huiles à la manière des Anciens – et innovation quant au traitement des sujets.

En effet, si Antoine Dubruel fait le choix exclusif de l’huile, c’est qu’il sait trouver dans cette matière et ses possibilités infinies, le parfait médium pour exprimer la lumière irradiant ses compositions en muant à chaque toile selon les saisons et les états d’âme.

Les compositions deviennent alors le fruit d’une lente maturation intellectuelle et sensorielle qui, après avoir longtemps privilégié le motif du corps, s’orientent du côté de paysages « mentalisés ».

© Jordi

« Funambule », tels sont ses mots, comme si l’artiste se trouvait, au moment de créer, suspendu dans les airs. La corde raide est ainsi tendue au-dessus d’une toile que le peintre aime vaste, car elle laisse libre le corps en lui assurant une gestuelle « démesurée » permettant à l’ébauche première, réalisée au dessin puis à l’encre de Chine, de conjuguer formes, couleur et matière.

C’est au cœur donc de paysages fantomatiques transfigurés où se conjuguent liberté du geste et force de la couleur que nous entraîne l’œuvre d’Antoine Dubruel, dans des compositions « d’abstraction onirique » diront certains, à mi-chemin entre figuration et paysages rêvés. Une chose est sûre, la lumière, la matière et l’équilibre, le plus souvent dans le déséquilibre, en sont les clés de voûte.

Pendant huit années, Antoine Dubruel a choisi le sud de la France et plus précisément Sète, l’île singulière, touché par cette ville à la force brutale et poignante, lieu à la fois du non-retour, mais aussi du tout possible. Du haut de son atelier perché entre l’étang de Thau et la Grande Bleue, le peintre a poursuivi son cheminement artistique vers des horizons lointains, celui de la Méditerranée qui le fascine par son infinie étendue.

Dès lors, c’est en Lozère, au cœur des Gorges du Tarn, niché tout près des vols de vautours, entre Causses et vallée, qu’Antoine peint des oeuvres qui s’« oxygènent » et se « végétalisent » chaque jour un peu plus au sein d’une Nature luxuriante, désormais omniprésente.

Ainsi, la peinture reste et demeure ce « choix radical » et sinueux choisi par Antoine Dubruel et, cependant le seul chemin à mener cet artiste là où la main et l’esprit peuvent s’exprimer en totale liberté.

« Ma démarche, sans cesse renouvelée, tend à reproduire une réalité « autre » à partir de souvenirs, de voyages, de lectures et de recréer un monde (le mien sans doute), en partant d’une image mentalisée qui n’existe que dans l’esprit du peintre, révèle l’artiste. Tout devient alors matériau, motif. La toile blanche fait apparaître un monde « invisible » qui n’existe pas, si ce n’est dans ma tête (d’où la superposition de plusieurs paysages parfois sur un même plan). Ma deuxième orientation s’attache à un vaste travail mené autour de la perspective. En effet, il s’agit pour moi de donner de la profondeur au motif sans modèle préétabli. En d’autres termes, « assimiler » les règles de la perspective tel que l’ont fait les Anciens afin de pouvoir recréer le motif sur la toile, et ce, « sans filets ». C’est un travail de longue haleine qui se prépare en amont, bien avant le passage à l’acte sur la toile. La composition finale requiert beaucoup de justesse tout en étant une sorte d’ »improvisation sur structure », un peu comme une partition musicale. Elle est la somme d’un processus s’appuyant sur une première phase au fusain, une seconde à l’encre de Chine (ces deux premiers travaux constituent des sortes de négatifs de l’huile finale) pour parvenir enfin à l’agencement de la couleur sur la toile blanche après avoir broyé les pigments. »

Antoine Dubruel exposera ses œuvres à l’Espace Culture du 3 au 26 septembre. Ouverture du lundi au vendredi de 10h à 12h et de 14h à 18h. Vernissage dans le jardin de l’Hôtel de Ville le jeudi 5 septembre prochain à partir de 18h15. Entrée libre.

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