Millerances

Promenons-nous dans Millau : Circuit B (2/2)

CIRCUIT B – CENTRE ANCIEN – SUD-EST (partie 2)

En 1561 la plupart des églises et couvents de la ville sont pillés et détruits par les protestants. Le Prieur Jacobin se serait converti à la nouvelle religion et marié, ceci expliquerait que son établissement ait servi quelque temps de temple.

Couvent et église furent détruits et un temple édifié à leur emplacement. En 1629, retour des Dominicains qui reconstruisirent à l’emplacement du Temple et y demeurèrent jusqu’en 1791. En 1867 vu l’état de la voûte délabrée l’église est abattue. A son emplacement on éleva le Temple actuel, terminé en 1873. A voir à l’intérieur le bel orgue à console – claviers placés devant l’instrument -.

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Place du Voultre, à l’angle des rues Haute et des Jacobins se trouvait l’épicerie Arnal (suisse de St Martin) début XXe s. elle fut rénovée ensuite, mais l’on conserva au centre de la façade cette croix. Il est à craindre qu’elle aussi disparaisse lors des travaux d’agrandissement de cette place, où ira-t-elle ? Dans une remise de la municipalité, chez un antiquaire ?

Jouxtant le Voultre, à son amont, une maison où l’entrée est joliment décorée d’un linteau en arc surbaissé couronné d’un cœur qu’entourent deux volutes.

Les bases des piédroits biseautés signent un encadrement du XVe s. le cœur est un élément décoratif souvent rencontré sur les portes.

L’entrée est du passage voûté appelé localement Voultre, permet d’apercevoir à droite l’encorbellement d’une rare maison de ce type dans notre ville.

Le Voultre était qualifié sur un plan de 1865 de Castelas et au XVIIIe s. de Château Trompette. Voultre veut simplement dire voûte, porche.

Certains avancent que ce fut une porte des premières fortifications, quand Millau « était lovée plus petitement autour de la Place Mage…

A gauche se trouvait un four appartenant au XVe s. à l’Hôpital Mage. Il était encore en activité au début du XXe s.

Au n° 4 de la Place du Voultre, cette façade mérite une lecture détaillée de tous les ajouts décoratifs qui la colonisent. Hommage à ses locataires qui s’évertuent à colorer leur maison pour le plaisir de tous les passants. Cela ne remplace pas le ravalement grisâtre et les descentes de gouttière, mais si cela pourrait inciter à l’embellissement des vieilles ruelles !

La rue Haute était appelée, selon J. Artières, « … aux XIVe et XVe s. rue d’En Monservi ou des Mataros, du nom de familles habitant ce quartier ».

Cette entrée du XVIIe s. devrait être appréciée et préservée, par le propriétaire architecte. Ce fut probablement une maison noble ou d’un bourgeois aisé puisqu’il y avait sculpté des armoiries, détruites peut-être comme bon nombre, lors de la tourmente révolutionnaire.

Toujours dans la même rue, un arc surhaussé à archivolte appuyé sur des pilastres. Noter l’imposte évitant une menuiserie arrondie qui buterait contre les chapiteaux.

Au centre la rue Haute, a été aménagée, par destruction de l’intérieur d’une maison, un passage vers la rue Basse. Heureusement a été préservée la façade avec cette entrée en plein cintre datant de plusieurs siècles.

La rue Etroite, si bien nommée, est un témoignage du Millau médiéval. Même si le jour a grand-peine à y pénétrer, il reste de vieilles pierres chargées d’histoire, comme ci-après.

Au milieu de la rue, cette porte patinée, usée par les lames des objets tranchants que l’on affûtait sur les pierres d’encadrement. Quel âge a-t-elle ? Assurément plusieurs siècles.

Impasse Foch sous le porche de la rue Droite : remarquez cette vieille porte aux clous forgés.

Jules Artières en 1924 dans son ouvrage sur les rues de Millau disait : « A remarquer dans l’impasse ou cour qui portait au XIVe s. le nom de courtial d’en Guilhem Bernad, puis des Bénastruc, et plus tard des Aussivels, une statuette qui paraît représenter un chevalier »
La statuette a été préservée même si un propriétaire a refait la tête au ciment !

A l’angle de la Place Lucien Grégoire, ancienne Place aux Fruits, puis aux Herbes, cette tour au faîte qui servit un temps de pigeonnier – dont on a occulté les trous d’envol – comme en témoignent la ceinture de lauzes en déport et le cordon vertical au centre, procédés pour empêcher les rongeurs grimpeurs.

Au numéro 2 de la Place L. Grégoire, l’entrée encadrée de colonnes, de la maison dite de l’Amour, vocable dicté par des bas-reliefs romantiques dans l’escalier notamment. Elle aurait appartenu à des Taillefer, orfèvres.

Le fronton triangulaire a disparu, au profit de la dalle du balcon.

Cette sculpture engagée dans la façade de la maison de l’Amour a été tronquée et son interprétation énigmatique : il semble qu’il y ait un personnage assis…

Le portail de la dernière maison de la rue Droite avant les porches ressemble au précédent en plus léger. Les deux colonnes d’ordre toscan soutiennent l’entablement dorique. La corniche est agrémentée de cinq triglyphes et de métopes à fleurons. Un fronton triangulaire en assure le couronnement. C’est bien typique du néo-classicisme de la Renaissance, imitation de l’Antique.

Cet Hôtel daté du XVIIe s. est dit « Maison Renaissance » ou Maison des Malzac (orfèvres). C’est assurément l’habitation ancienne la mieux conservée de notre ville. Noter les encadrements ornés des baies, le balcon en ferronnerie du XVIIIe s.

Chaque fenêtre est encadrée comme une porte : colonnes s’appuyant sur des modillons et soutenant l’entablement et sa corniche.

Seule une famille bourgeoise argentée pouvait s’offrir une façade si ostentatoire.

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