La société Eiffage du Viaduc de Millau peut souffler. Ce samedi, à l’occasion de l’acte 5 de la mobilisation des gilets jaunes, ces derniers ont décidé ne pas bloquer l’accès au viaduc, mais « de tout concentrer sur la marche jaune », une action qui a été votée lors de l’assemblée générale de mardi soir.
Depuis 10 h ce matin, environ 200 personnes manifestent donc dans les rues de Millau. Parties de la place de la Capelle, elles ont emprunté le boulevard Sadi-Carnot et la rue Droite, avant de revenir vers le Mandarous et de finir leur marche devant la mairie, où une chaine humaine pour le Référendum d’Initiative Citoyenne (R.I.C.) a été faite.
La Marseillaise a été entonnée, et une minute de silence a été observée pour les victimes de l’attentat terroriste de Strasbourg et les différentes victimes dans les rangs des gilets jaunes depuis le début du mouvement.
« Le RIC est la demande principale des gilets jaunes millavois »
« Lors de l’assemblée générale de mari, nous nous sommes tous mis d’accord sur le RIC, explique Tiphaine, une des nouvelles coordinatrices des gilets jaunes. A Millau, c’est désormais notre demande principale ».
De quoi s’agit-il exactement ? Le RIC, c’est un référendum à l’initiative des citoyens, sans passer par leurs représentants. Il permet à l’initiative des citoyens de prendre des décisions importantes. Elles concernent le fonctionnement, l’amélioration ou l’évolution du pays.
Quatre types de référendums existent : législatif (« j’ai une idée de loi, je veux la proposer »), abrogatoire (« je ne suis pas d’accord avec cette loi, le souhaite sa suppression », révocatoire (« je demande le départ d’un responsable politique ») et constituant (« je demande une modification de la Constitution »).
La mise en place du RIC permettrait aux gilets jaunes de créer une pétition sur un sujet sur lequel ils souhaitent faire voter l’ensemble de la population. Si le seuil atteint le nombre minimum de signatures défini par les textes, l’exécutif est alors obligé de convoquer un référendum.
Quant au contenu du référendum, les gilets jaunes millavois ne manquent pas d’idées. « Par exemple l’abrogation de la Loi 1973 – Rothschild (une loi qui modifie le statut de la Banque de France et précise notamment les conditions autorisant l’État à emprunter à la Banque de France, NDLR), la régulation des banques, encadrement du pouvoir des lobbies, coupes dans le train de vie du gouvernement…, détaille Manuel Domingues, autre coordinateur des gilets jaunes. Et bien d’autres mesures encore pour enfin régler le problème de la dette qui nous étouffe ».
Une nouvelle organisation chez les gilets jaunes millavois
Manuel Domingues est le nouveau porte-parole des gilets jaunes millavois, ou plutôt le « nouveau coordinateur », élu lors de la dernière assemblée générale.
« Il y a eu un clash, et après le départ de Gaétan et Mia (ex-coordinateurs des gilets jaunes millavois, qui depuis se sont rapprochés des gilets jaunes de Saint-Affrique, NDLR), on m’a largué le bébé dans les bras. Depuis, j’essaie de résoudre les problèmes de communication au sein du groupe. Heureusement, les gilets jaunes à Millau, c’est un mouvement pacifique et démocratique. Nous nous réunirons en assemblée générale tous les dimanches pour faire le bilan de la semaine et discuter des actions à venir, tout se fera démocratiquement. »
On se bat pour une meilleure démocratie, alors si nous ne sommes pas capables d’appliquer ce principe à nous-mêmes, c’est un peu dommage. »
« Jusqu’à présent, un petit groupe de personne accaparait les choses et on n’avait pas forcément les infos, renchérit Tiphaine. Pour avoir les infos, il nous fallait monter à Saint-Germain… »
L’assemblée générale de mardi a donc poussé Gaétan et Mia vers la sortie, et a vu l’arrivée de nouveaux coordinateurs. Manuel, Tiphaine et son mari qui vont gérer le nouveau groupe Facebook, Soraya, Chantal pour les relations avec la presse, Martin pour les images et les tracts, Brigitte pour les mails et les contacts téléphoniques… Une organisation plus collégiale pour donner un nouveau souffle à la mobilisation.
