Opinion

Opinion. Agriculture : « Une crise de foi sans précédent »

Le mouvement auquel nous prenons part depuis plusieurs semaines est inédit dans un monde agricole qui tire la sonnette d’alarme depuis plusieurs années. La souffrance des agriculteurs a aujourd’hui éclaté au grand jour et les politiques ne savent qu’en faire. Ils essaient depuis quelques semaines de mettre des pansements sur une hémorragie interne.

Ces pansements, ce sont les annonces, les listes de mesures de simplification. Mais fallait-il vraiment qu’on se mobilise si nombreux pour supprimer les non-sens administratifs ? Le bon sens justement aurait dû le dicter depuis bien longtemps aux responsables politiques.

Nous, agriculteurs, n’avons pas passé plusieurs journées loin de nos exploitations pour la suppression de telle ligne ou de tel formulaire, mais pour redonner du sens à notre métier. Un comble pour un secteur dont l’objectif est de produire l’alimentation de nos concitoyens !

Nous avons aujourd’hui le sentiment constant de ne pas être sincèrement entendus par les responsables politiques. Regarder des vaches, goûter du fromage ou du vin dans les allées du Salon de l’agriculture, ce n’est pas ça s’intéresser aux agriculteurs ! Nous attendons de nos politiques des perspectives concrètes et ambitieuses pour notre secteur.

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Des lois agricoles, chaque ministre veut la sienne : l’un tricote, le suivant détricote et les agriculteurs se font déshabiller ! Notre situation reste précaire, nous sommes perpétuellement la variable d’ajustement dans la construction du prix français.

On nous attribue régulièrement d’être l’agriculture la plus sûre, la plus saine et la plus durable du monde. Les responsables politiques s’essuient les pieds sur notre fierté en signant sans scrupule des accords internationaux sans le moindre contrôle sur les produits qui entrent dans l’Union Européenne.

En cette veille de Salon de l’agriculture, notre demande est claire : regardez-nous dans les yeux, écoutez-nous une bonne fois pour toutes ! Nous, éleveurs, méritons des prix rémunérateurs, des conditions sereines d’exercice de notre métier, de la stabilité règlementaire et du plaisir à exercer notre profession. Nous voulons rester fiers, libres et debout !

Sans une refonte globale de la politique agricole nationale et européenne, les agriculteurs perdront définitivement la foi dans leur métier. Les responsables politiques devront faire des selfies dans les allées d’un salon désert !

Léo Nakich, président des JA Aveyron
et Laurent Saint-Affre, président de la FDSEA Aveyron

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