Santé

Des tensions autour du Centre de Santé de Nant

Que se passe-t-il depuis quelques mois au Centre de Santé de Nant ? C’est une question que se posent bon nombre d’habitants de la Vallée. La structure associative qui gère l’offre de santé sur le bassin semble en effet avoir des difficultés à renouveler ses médecins…

Différends sur les méthodes de travail, mauvaise gestion de l’équipe dirigeante, fonctionnement passéiste ? Les docteurs Charlotte André et Marion Achache dressent un bilan inquiétant de la situation dans la vallée.

Les deux jeunes médecins généralistes, un temps pressenties pour incarner le nouveau visage de la médecine dans le secteur, ne cachent pas leur déception.

En septembre 2022, Marion Achache intègre l’équipe du Centre de Santé de Nant, au titre de médecin salarié. Avec deux de ses confrères déjà sur place, elle permet d’assurer un roulement garantissant la présence d’au moins un médecin chaque jour au cabinet.

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La généraliste prend ses marques, mais rencontre rapidement des difficultés à faire respecter sa méthode de travail. « Je suis très attachée à consacrer du temps à mes patients, explique Marion Achache. Mes consultations durent environ 20 minutes et je mets l’accent sur le volet prévention. On m’a donc vite reproché d’être trop lente et j’ai même entendu que la prévention ne servait à rien ».

Malgré tout, la médecin continue son travail, acceptant même de baisser son salaire à sa demande pour éviter les conflits avec la structure.

Quelques mois plus tard, en décembre, la structure cherche à recruter de nouveaux médecins, pour répondre à la demande importante du secteur. Charlotte André propose alors sa candidature.

« J’avais remplacé Marion une journée, ce qui m’avait permis d’avoir un aperçu de la structure, raconte Charlotte André. J’étais vraiment motivée par le fait de travailler avec Marion et une équipe pluriprofessionnelle qui semblait impliquée. C’est une jeune médecin comme moi, nous avons une vision proche de la médecine et de nombreuses idées de projets à développer dans ce milieu rural qui nous tient à cœur. »

« Deux visions de la médecine qui s’opposent »

Une première réunion a lieu avec les membres du bureau et le centre demande aux deux médecins qu’ils prennent leur fonction le plus tôt possible. Le projet d’installation à l’air d’être en bonne voie.

Pourtant, lorsque Charlotte André essaie de rentrer dans des choses plus concrètes, une inertie semble s’installer. « Je souhaite discuter du rôle de chacun, explique Charlotte. Je veux savoir comment on va pouvoir travailler en équipe ou gérer les patients des EHPAD par exemple. C’est très compliqué d’avoir des réponses… »

Mi-janvier, l’installation de la nouvelle médecin est tout de même validée pour le mois de mars et chacun semble vouloir laisser sa chance au projet. Mais entre janvier et mars, la situation se dégrade du côté de Marion. « Mes demandes en termes de conditions de travail ne sont pas toujours respectées, estime Marion Achache. Malgré la baisse de salaire, plusieurs alertes et les efforts concédés, rien ne change. Je demande de laisser des créneaux d’urgence qui sont finalement remplis contre ma volonté pour des consultations ordinaires. Les plannings continuent à être surchargés. Ce sont deux visions de la médecine qui s’opposent ».

Les échanges sont de plus en plus tendus avec l’infirmière coordinatrice et bureau qui partageraient une vision de la médecine plus à l’ancienne.

Les semaines passent et Charlotte André ne reçoit toujours pas son contrat, malgré des relances par mail qui restent sans réponse. « Je finis par recevoir le contrat deux semaines avant de commencer, indique Charlotte. Je demande une réunion pour rediscuter de la finalité du contrat, notamment pour clarifier les points qui étaient restés sans réponse. Là encore, je ne reçois aucune nouvelle et je finis donc par écrire une dernière relance. Je m’adresse à l’infirmière coordinatrice et au président de l’association en leur demandant s’ils sont vraiment prêts à accueillir un nouveau médecin ».

« Nous avons tout fait pour que cela se passe bien »

Finalement, c’est cinq jours avant la date de sa prise de poste supposée qu’elle reçoit une réponse lui indiquant simplement que la négociation était rompue. Une décision qui entraine instantanément la démission de Marion Achache. « Je ne me voyais pas continuer dans ces conditions, affirme la médecin. L’idée était de travailler sur un projet commun avec une équipe dynamique et surtout pas dans cette ambiance-là… »

Aujourd’hui les deux femmes exercent à Millau, dans des conditions « de qualité ». « Nous sommes déçues, car nous avions plein d’idées et beaucoup d’envie pour ce projet à Nant, regrette Charlotte André. Nous voulons en tous cas que les patients sachent que nous regrettons vraiment que ce se soit passé comme ça. De notre côté, nous avons tout fait pour que cela se passe bien. »

De son côté, Alain Delmas, président de l’association pilotant le Centre de Santé de Nant, évoque « une salariée qui ne voulait pas se plier aux exigences de l’employeur » et qui a donc « abandonné son poste ».

Le responsable de l’association n’a pas souhaité faire de commentaires sur le sujet du projet d’embauche de Charlotte André.

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