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Un convoi au départ de Millau va ramener 14 réfugiés ukrainiens

Au lendemain de l’offensive militaire de la Russie en Ukraine, il a passé deux nuits sans dormir. « Un matin je me suis levé et je me suis dit : Jacques, il faut que tu fasses quelque chose. J’étais un peu dans ma tanière depuis 10 ans… Finalement, les cendres ne demandaient qu’à reprendre un peu d’incandescence et j’ai décidé de monter cette opération ».

Ni une ni deux, Jacques Dubus, 74 ans, bien connu du milieu sportif millavois, élabore une opération qui pourrait paraitre un peu folle si elle ne venait d’un homme aussi rodé à l’organisation : un convoi, mis en place en quelques jours, avec deux minibus, une remorque et quatre chauffeurs volontaires, qui va amener du matériel médical à Przemysl, à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine, et des produits de première nécessité à Siret, ville à la frontière entre la Roumanie et l’Ukraine.

Au retour, et c’est là que l’opération prend une tout autre dimension humaine, les camions rentreront de Siret à Millau avec 14 réfugiés ukrainiens (des mamans et de jeunes enfants).

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Les véhicules et les remorques sont prêtés par le centre commercial Leclerc de Millau.

Des aides qui « donnent des ailes »

Pour mener à bien cette opération, Jacques Dubus y va de ses fonds propres, mais fait jouer son réseau pour amortir au maximum les frais. « Un matin, je me pointe ici (au centre commercial Leclerc, NDLR) à 8h30. Je demande à voir Christian Cabiron (le patron du centre commercial). A 8h40 il me reçoit, ce qui n’était pas évident… A 8h50, j’ai la réponse ». Christian Cabiron s’engage à lui prêter les véhicules et la remorque de 8m3, et donne à toutes ses équipes le feu vert pour l’accompagner dans cette opération.

Christian Cabiron est excessivement motivé. Ce matin même, il me confiait que s’il n’a pas pu faire chauffeur cette fois ici, il se débrouillerait dans ses affaires pour être libre en cas de nouvelle opération. »

Jacques Dubus

A partir de cette information qui lui « donne des ailes », la machine est lancée. Christian Espié, un ami de longue date, se charge de faire la communication sur les réseaux sociaux, notamment sur le groupe Facebook « Millavois ». Serge et Jérôme Sécail (Terre de Créa) font des affiches placardées dans Millau.

« Il y a eu des tas d’aides », confie Jacques Dubus. Jusqu’à ce coup de téléphone d’Emmanuelle Gazel, maire de Millau. « Elle m’a appelée et m’a dit : tu fais une opération, on est derrière toi ». Nouveau coup de pouce inespéré : la Ville mettra à disposition le gîte de la Maladrerie pour loger l’ensemble des réfugiés ukrainiens qui seront ramenés à Millau.

Toute la journée, les dons ont afflué.

Un départ probable mardi matin

Si, tout aujourd’hui, les dons ont afflué à l’entrée du centre commercial Leclerc, une nouvelle journée de collecte sera organisée lundi 7 mars. Ce sera ensuite le grand départ vers la Pologne (avec un des chauffeurs qui parle ukrainien, ça peut aider…), sans doute mardi matin.

« On descendra ensuite au sud de l’Ukraine, en longeant les frontières slovaques et hongroises jusqu’à Siret, en Roumanie, où nous amènerons les produits de première nécessité collectés grâce à la générosité des Millavois et nous repartirons à Millau avec 14 réfugiés ukrainiens », explique Jacques Dubus.

Un coup de téléphone l’interrompt. L’« opération Ukraine » s’ébruite, aussi un contact lui demande sil pourra embarquer une dame et son enfant à la frontière avec la Crimée… « Si je répondais à toutes les demandes que je reçois, il me faudrait 20 véhicules… je fais ce que je peux », commente Jacques Dubus.

Un formidable élan de solidarité

Plus que tout, Jacques Dubus tient à mettre en avant ce « formidable élan de solidarité » qui a pris forme depuis le lancement de l’opération. Le prêt des véhicules par Christian Cabiron, la mise à disposition du gîte de la Maladrerie par la mairie de Millau, les aides reçues par ses amis, les gens qui se sont proposés pour être chauffeurs, ceux qui ont proposé des hébergements, la réussite de la collecte auprès des Millavois, l’organisation des Templiers qui a ramené des couvertures de survie, une association qui va proposer des cours de français aux réfugiés, une autre qui se propose de leur faire découvrir la région à travers des balades…

Sans oublier ceux qui fond grossir l’urne mise à leur disposition à l’entrée du centre Leclerc. « Rien que 2 €, c’est un litre de carburant », rappelle Jacques Dubus… Une cagnotte en ligne sera aussi disponible dès que possible.

Jacques Dubus, entouré par Martine Alarcon, sa compagne, et Christian Espié. Si Martine Alarcon partira avec le convoi « s’il y a une place libre », Christian Espié devrait rester à Millau. « Sauf s’il manquait vraiment un chauffeur… ».

« Les petits ruisseaux font les grandes rivières »

Vous voulez participer à l’opération ? Voici comment aider :

  • Jusqu’à 19h ce soir, mais aussi tout lundi, vous pouvez participer à la collecte de produits de première nécessité organisée à l’entrée du magasin Leclerc.
  • Vous pouvez aussi participer à la collecte de fonds, dans l’urne elle aussi disposée à l’entrée du magasin Leclerc. Les chèques seront établis à l’ordre de « Comité de jumelage Millau-Plopéni – Action Ukraine ».
    Ces fonds serviront notamment à payer le carburant, les péages et la nourriture pour les cinq jours prévus de l’opération, comprenant les 14 réfugiés et les 4 volontaires, et à subvenir aux besoins des réfugiés sur Millau.

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