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« La protection de notre réserve en eau doit être une priorité »

Vendredi 30 avril, la Fédération des Grands Causses avait convié (avec règles sanitaires) le chef du CEI de la Cavalerie (DIR MC) afin de faire la point sur les modalités du chantier en cours de « rénovation » du bassin de rétention (A40) de l’autoroute La Méridienne A75. Ce bassin est situé au rond-point des places (Hospitalet du Larzac).

Pour piqûre de rappel en ces temps de vaccination, ces bassins, 48 sur l’itinéraire des grands causses, devraient avoir un rôle de dépollution de la plate-forme autoroutière. Ils doivent contenir les polluants en cas d’accident de poids lourds et décanter les eaux contaminées (métaux lourds : Cu, Zn, Pb et Cd…) de ruissellements lors de pluies.

Le comité départemental de spéléologie (C.D.S.12 et 34), les associations agréées de pêche et de protection des milieux aquatiques (A.A.P.P.M.A), paysans et habitants dénoncent, comme nous, depuis des années les dysfonctionnements de ces bassins (sous-dimensionnés lors de fort épisode pluvieux). De nombreuses actions coup de poing avaient été menées avec la participation des éleveurs du plateau.

Décembre 2015, remblaiement de la tranchée de l’exutoire du bassin A44 menant à l’entrée de l’aven des Résines (bassin versant de la Foux de la Vis).

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Un rapport sénatorial datant de 2002 révèle l’information « qu’une autoroute de taille moyenne (25 000 véhicules/jour) produit une tonne de matières en suspensions (M.E.S) par km et par an (1 km d’autoroute = 2 hectares) ».

Vingt-sept années se sont écoulées depuis l’ouverture de l’A75. Traversant le milieu caussenard (karstique) (La Canourgue/Le Caylar) sur une distance de quatre-vingt kilomètres et pourvu de faibles moyens de dépollution, nous vous laissons calculer le tonnage qui s’est volatilisé dans les sous-sols des causses.

Pour les services de la D.I R. l’arrêté préfectoral du 30 janvier 2018 impose que « les matières décantées en fond de bassins sont analysées avant toutes opérations de curage/nettoyage… (article 4) ». Or malgré la bonne volonté des agents de la DIR MC, les bassins pouvant être curés sont la plupart du temps autonettoyés par les épisodes méditerranéens, qui comme une chasse d’eau géante, emporte les divers polluants qui s’enfoncent ensuite dans le causse.

Une prise de conscience a tout de même était faite en 2016 avec le déclenchement du P.A.I (plan d’amélioration de l’itinéraire) pour la réhabilitation de plusieurs bassins. Grâce à la mobilisation de tous dans les réunions de chantier pour le bassin A44 (avec un budget de 200 000e), nous avons demandé la création d’un second bassin d’infiltration avant rejet dans le milieu. Rien n’a été fait dans ce sens. Le bassin A44 bis a été construit et ne permet pas l’arrêt des rejets dans l’aven des Résines ?

Il en sera de même pour le chantier actuel du A40. Il répondra aux normes en cas d’accident routier, mais sera inopérant pour traiter la pollution chronique. Il faut rappeler que la loi Martel (E.A.Martel 1859-1938 spéléologue et scientifique) interdit le rejet d’eau non dépolluée ? Que faire quand l’état ne respecte pas ses propres lois ?

Avec le dérèglement climatique l’eau devient précieuse, nous constatons que, cette année, dés l’arrivée du printemps un énorme manque d’eau, ainsi les habitants de Saint-André de Vézines sont « invités à limiter leur consommation d’eau » (Millavois.com du 27/04/2021) et ce phénomène risque de devenir récurant sur les l’ensemble des causses.

Sous le bassin A40 (rond-point des places) se trouve le bassin versant du Durzon qui alimente la Dourbie. Pour l’A.A.P.P.M.A de Saint-Jean de Bruel/Nant/Sauclières, le Durzon est « le poumon de la Dourbie ». Il s’écoule sur sept kilomètres de sa source à son embouchure, à une température constante de 11 °C et assure l’été l’essentiel du débit de la Dourbie.

Nous attendons les résultats des analyses d’eau indépendantes faites par le collectif des « coquelicots » de Nant. Les pêcheurs ont remarqué lors des derniers recensements que la population de chabots (marqueur biologique voir la Hulotte N° 104) est en diminution.

Lors de notre rencontre avec la vice-présidente du P.N.R.G.C (E.Gazel) le 13 novembre 2020, nous avions longuement abordé le sujet. Effet de levier ou pas, le 7 décembre et « dans le cadre du plan de relance, le conseil syndical du P.N.R des Grands Causses a validé une motion appelant l’État à engager sans tarder les travaux de réhabilitation pour les bassins de décantation situés sur des zones prioritaires par rapport à l’enjeu eau potable et notamment les périmètres de protection des sources captées » (millavois, com).

L’attention doit être redoublée sur la qualité de l’eau sur la récente adduction d’eau de la commune de La Roque St Marguerite en captant la source de l’Esperelle. À ce jour, nous ne savons rien des réponses que l’état a pu apporter.

La pression est de plus en plus sévère sur la ressource en eau du Larzac : agriculture, laiteries, camp militaire, et bientôt un collège, le projet hypothétique de l’hôpital médian sur le causse. Ah, s’il suffisait d’un vaccin pour résoudre ces problèmes !, aussi doit-on préférer prévenir, car les dégâts peuvent être majeurs et il ne faudra pas dire nous ne savions pas, un vaccin n’y suffira pas ».

S. Rivière, pour la Fédération pour la vie et la sauvegarde du pays des grands causses

contact@fedegrandscausses.org

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