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« Soyons à la hauteur des enjeux : fondons une nouvelle assurance chômage »

« Près de100 théâtres ou lieux de culture sont occupés en France comme ici à Millau à la Maison du Peuple. La première revendication exprimée partout est l’abrogation de la réforme de l’assurance chômage que le gouvernement entend encore faire passer.

On a du mal à imaginer comment se serait passée la première année de la crise sanitaire sans le rôle d’amortisseur de l’Assurance Chômage : l’État a recouru massivement au chômage partiel pour répondre à l’impossibilité de travailler. Or cette solution indispensable et vitale ne concerne que celles et ceux qui ont un contrat en cours ou signé d’avance. Autrement dit, l’activité partielle est réservée aux salariés en emploi stable.

Aujourd’hui, loin des promesses présidentielles de ne « laisser personne au bord de la route », des millions de citoyens basculent dans la précarité, la France a dépassé les dix millions de pauvres et le nombre de chômeurs explose. Voilà que dans cette tempête le gouvernement promet d’aggraver leur situation en les appauvrissant davantage avec la nouvelle réforme applicable au 1er juillet 2021.

Pour rappel cette réforme prive 20 000 personnes par mois de toute indemnisation par le durcissement des critères d’accès et prétend faire 1 milliard d’euros d’économies par an sur les plus précaires d’entre eux en changeant le mode de calcul de l’indemnisation. Environ 1 million de personnes verront leurs allocations baisser de 25 à 30 %. Un élément ne trompe pas : tous les syndicats de salariés sont opposés à cette réforme qui a fait l’objet d’une précédente mouture rejeté par le Conseil d’État.

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© Millavois.com

Si certains pensaient le gouvernent incompétent ou mal informés, on constate en fait qu’il y a là une redoutable efficacité dans leur construction du « monde de demain ». Un demain qui nous ramène à avant-hier, avant le Conseil National de la Résistance et l’invention de la Sécurité sociale.

Denis Kessler, alors numéro deux du MEDEF nous l’avait annoncé en 2007 dans Challenges : « Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie… Il s’agit de défaire méthodiquement le programme du CNR ».

Hissons-nous à la hauteur des enjeux !

Depuis des jours dans les lieux occupés ou dans les agoras se rencontrent des citoyens, des travailleurs de la culture, des artistes auteurs, des intermittents de l’emploi, des chômeurs… Les situations sont diverses, mais tous témoignent d’une seule chose : la précarité est l’URGENCE SOCIALE ABSOLUE.

Que répondre aux chômeurs non indemnisés ? Aux intermittents de l’emploi ? Aux étudiants réduits à faire la queue dans des files alimentaires ? Aux femmes et malades qui se voient refuser toute indemnisation de leur congé maternité ou maladie ?

Si la fabrique de la misère devient systémique, il est urgent de refonder le système !

Il ne s’agit plus d’essayer de défendre les dernières miettes de nos droits sociaux.

Retrouvons la dignité de nos pères, qui en pleine guerre mondiale et sous occupation, ont eu le courage de réfléchir au bien commun et à un programme social. Cela par-devers leurs différences.

Refondons ensemble et imposons une nouvelle Assurance Chômage, une nouvelle Sécurité sociale globale, ambitieuse qui retrouverait son sens initial, celui de permettre à tous de vivre décemment, avec dignité.

Soixante-dix ans après la mort d’Ambroise Croizat, retrouvons la fierté de notre modèle social tant vanté dans le monde, mettons en place des droits attachés à la personne détachés de l’emploi.

Unissons-nous ! »

CIP Coordination des intermittents et Précaires

Alain Bellebouche, Collectif intermittents de l’Aveyron

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