Millau. La grève continuera au centre de soins de l’UDSMA

Fanny Alméras
Fanny Alméras
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© Millavois.com

Depuis le 8 mars, la quasi-totalité des infirmières et des aides-soignantes du centre de soins de l’UDSMA de Millau est en grève. Elles dénoncent en interne des conditions de travail « qui se dégradent tout comme l’offre de soins pour les patients » et des « contrats trop précaires ». Sur un plan plus général, elles n’acceptent pas leur exclusion de certaines négociations du Ségur de la santé qui les prive de l’indemnisation mensuelle de 183 €, l’état n’incluant pas « les privés à but non lucratif ».

Une direction qui ne réagit pas

En déposant ce préavis de grève le 1er mars dernier, le personnel de l’UDSMA « espérait que leur direction profiterait des cinq jours qui ont suivi pour entamer des négociations », mais rien n’a bougé. Ce n’est que le mardi 9 mars, après presque deux journées de grève que le directeur du centre a accepté de les recevoir, accompagné par le directeur des ressources humaines, le président et deux représentantes élues au CSE.

Ce rendez-vous, les salariées dépitées du centre de soins le qualifient plutôt de « réunion de travail » dans le but de « mettre en place une stratégie pour assurer les soins ». Selon elles, leurs revendications sont restées sans réponses et la grève s’est poursuivie.

Mercredi 10 mars, dans un courrier adressé à leur direction, les grévistes ont annoncé étendre le mouvement au département, mais aussi à tous les services : gardes d’enfants, restauration à domicile, techniciennes d’intervention sociales et familiales, service de dépannage et bricolage, vigilance à domicile, et bien sûr les infirmières et aides-soignantes des centres de soins.

Nos revendications concernent l’ensemble des services. C’est un peu une deuxième chance qu’on lui donne pour entamer de vraies négociations avant que le mouvement ne prenne de l’ampleur ».

Les porte-paroles du mouvement expliquent avoir le sentiment que la direction ne réagit pas, même dans des situations d’urgence et avancent l’exemple d’un cluster de huit cas qui se serait déclaré dans une équipe de soignantes. « La direction a mis plus d’une semaine à organiser nos remplacements, les filles ont dû se débrouiller seules et assumer la charge de travail ». Elles assurent que concernant la grève, « ils ont déjà dépêché trois personnes de Rodez pour les remplacer ».

Elles dénoncent une « tentative de stratégie qui viserait à détruire le mouvement en le divisant » et qui est « complètement à contre-courant des valeurs de mutualité que porte l’entreprise ».

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Des négociations en vue ?

De son côté la direction affirme que la crise liée à la covid a considérablement compliqué la situation, mais que « le déclencheur du mouvement social au centre de soins de Millau est principalement le sujet de la rémunération de base des soignants ».

Mardi soir, elle s’est rendue sur place « dans le but de dialoguer avec les salariés » et dit avoir proposé « d’engager des négociations sur deux points : sur des éléments variables de rémunération et sur les conditions de travail ».

Concernant le sujet de la rémunération de base, les salariés du domicile sont aujourd’hui exclus des politiques nationales qu’il s’agisse de l’application du Ségur de la Santé et de la revalorisation de la convention collective. Le vote de la loi grand âge autonomie est de plus sans cesse repoussé ».

La direction explique être sur ce point parfaitement « solidaire de ses salariés » , mais avance que ce sujet est un sujet national et qu’il lui est impossible de le solutionner au niveau local.

Les plus vulnérables sont concernés

Les infirmières et les aides-soignantes regrettent d’être obligées d’en arriver là parce que derrière cette grève, ce sont les plus fragiles, les plus malades et parfois des personnes très isolées qui sont impactés. Cependant, elles mettent en avant que« la qualité des soins qu’elles prodiguent n’est plus acceptable en l’état pour les patients ».

Les grévistes rappellent que « contrairement à ce qui a été dit, elles n’abandonnent pas leurs patients, et que c’est aussi pour eux qu’elles sont en grève ».

Nos patients ne sont pas des marchandises et nous ne sommes pas une machine de production, si nous sommes entendues, nous sommes prêtes à retourner travailler sans délai ».

Le mouvement, s’il est massivement suivi, pourrait concerner environ 700 personnes en Aveyron.

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