Ils étaient environ 5000 ce lundi 14 décembre à Paris à s’être rassemblés pour manifester leur mécontentement et leur désarroi face aux décisions du gouvernement concernant le secteur de l’hôtellerie Restauration.
Le rassemblement était prévu sur l’esplanade des Invalides à 13h à l’appel de l’UMIH (Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie) et du GNI (Groupement National des Indépendants hôtellerie et restauration.) Parmi eux une délégation aveyronnaise et millavoise a tenu son rôle et a dignement représenté les établissements aveyronnais aux côtés de Grand corps malade, Philippe Etchebest et Vincent Moscatto venus apporter leur soutien : « tous solidaires ».
Le discours de Roland Héguy, président Confédéral de l’UMIH
« Mes chers amis, pourquoi sommes-nous là aujourd’hui ? Pourquoi sommes-nous si nombreux ? Parce que nous sommes des professions venues exprimer leur colère. Et beaucoup d’entre nous sont déjà désespérés. On est venu le dire au Gouvernement, ici, dans le quartier des ministères.
Depuis des semaines, nous, l’UMIH, nous représentons des dizaines de milliers de manifestants dans toutes les villes de France. Et aujourd’hui, nous sommes à Paris. Nous sommes des centaines de milliers d’entrepreneurs qu’on maltraite depuis plusieurs mois.
Nous sommes des centaines de milliers à demander qu’on nous fasse confiance, qu’on nous laisse travailler pour nos clients, pour nos salariés et pour la survie de nos entreprises ! Quand allons-nous pouvoir retravailler ? Le 20 janvier ? Même pas sûr. Quand ? Quand le ministre de la Santé sera de bonne humeur ?
Il y a les restaurateurs, bien sûr, les cafetiers, les hôteliers, les discothèques, les traiteurs, les bowlings, les thalassos… qui manifestent.
Mais nous ne sommes pas tout seuls parce que nous sommes au cœur de tout un secteur, toute une filière qui représente une force économique qu’on est en train de tuer : les producteurs, les fournisseurs, les prestataires, les brasseurs, les distributeurs de boissons… Ils sont tous là avec nous. Car c’est tout le secteur du Tourisme et de l’Événementiel qui est entraîné par les restaurants et les hôtels. Tout ça, c’est plus de deux millions d’emplois que le Gouvernement est en train de sacrifier !
Et, tous ensemble, nous disons que nous n’accepterons pas de mourir et encore moins de mourir en silence. Tout le monde a le droit de travailler… Sauf nous ! Je vais vous dire : je ne crois pas aux arguments donnés par le Gouvernement pour nous interdire d’ouvrir. Il n’y a aucune justification scientifique pour nous fermer. Personne n’a démontré qu’on attrapait plus la covid-19 chez nous qu’ailleurs !
Ah si ! Une étude américaine faite en début d’année, dans un pays qui ne consomme pas comme nous et qui n’a aucun protocole sanitaire ! Et c’est sur un fondement aussi minable qu’on nous ferme ! Nous l’avons expliqué au juge du Conseil d’État, mais il n’a pas voulu nous entendre. Maintenant, le Gouvernement a pris une vraie mesure pour éviter un 3e confinement : c’est d’instaurer le couvre – feu le 31 décembre.
Aujourd’hui, nous sommes réunis et nous parlons au nom de 330 000 entreprises et plus de 2 millions d’emplois. Non seulement on nous étrangle, mais on nous montre du doigt. On nous fait passer pour ceux qui favorisent le développement des clusters. Pourquoi ? Comment est-ce possible alors que nous sommes fermés depuis des semaines ?
On n’ose en plus nous dire : « Vous n’êtes pas essentiels ! »
Qu’il demande aux Français, qu’il demande aux jeunes, si nous ne sommes pas essentiels ! Qu’il leur demande si nous ne sommes pas essentiels pour la convivialité, le lien social et pour le revenu complémentaire des étudiants !
Regardez ! Regardez, depuis qu’on est fermé, comme Paris, nos grandes villes, nos villages sont tristes !
Et regardez comme les Français sont tristes aussi ! « Vous n’êtes pas essentiels »… Quel mépris pour nous ! Quel mépris pour un secteur qu’ils disent prioritaire ! Prioritaire, mais pas essentiel ! Quel mépris pour nos traditions de convivialité, de partage ! Quel mépris pour « l’art de vivre à la française » que le président de la République aime saluer !
Oui, bien sûr, il y a des aides, des aides, des aides. Des aides que nous avons obtenues, mois par mois, mais qui tardent à arriver dans nos entreprises ! Des aides qui ne remplaceront jamais une entreprise qui tourne, une entreprise qui vit, avec ses clients, ses équipes en cuisine, en salle et en réception !
On va rouvrir un jour… s’ils veulent bien. Mais on va rouvrir couvert de dettes. Quelle entreprise peut tenir en ayant travaillé 4 mois sur 12 et sans ressources ? Et que dire des discothèques qui sont à l’arrêt total depuis le 14 mars et sans aucune perspective de réouverture ! Le Gouvernement veut-il les faire disparaître ? Qu’il le dise ouvertement !
Aujourd’hui, une partie de nos chefs d’entreprise n’arrivent même plus à nourrir leur famille. Je ne l’accepte pas ! Si on disparaît, ce ne sera pas à cause du virus ou de la fatalité. Ce sera à cause de la décision scandaleuse de nous maintenir fermés.
Merci d’être là, votre mobilisation nous permet de continuer à nous battre, à négocier pour éviter le désastre. Grâce à vous, à votre énergie, ils s’apercevront que vous êtes essentiels. Soyons fiers de nos métiers. Alors on leur dit : Laissez-nous travailler ! Laissez-nous ouvrir ! Laissez-nous vivre ! »