La Fédération pour la vie et la sauvegarde des Grands Causses ne peut que se réjouir de la motion demandant la réhabilitation des bacs de rétention et de décantation prise récemment par le Parc naturel régional des Grands Causses.
En effet, depuis une vingtaine d’années notre fédération ne cesse d’alerter les autorités et les différents maires des communes traversées par l’A75 du danger que représente le nombre de véhicules léger et poids lourds : au total quelques 20 000/jour dont 5 000 poids lourds, émettant des « M.E.S. » Matières en Suspension (800 kg par km/an, polluant une superficie de 2 ha autour de la zone d’émission). Ils circulent quotidiennement sur ces 72 km de nos causses, réservoirs naturels réputés pour la qualité et la quantité de leur ressource en eau.
Ces bacs réalisés à la va-vite lors de la construction de l’autoroute ne remplissent pas leur rôle : prévus pour retenir les liquides en cas d’accident, ils sont bien trop petits (dix fois selon les normes actuelles). Le nettoyage des dépôts de matière n’était pas prévu (l’accès est impossible sur la plupart) et la pollution résiduelle (courante) de tous les dépôts de matières due au trafic n’a jamais été prise en compte.
Bref, ils sont à refaire, mais les sommes à engager sont telles que la direction des autoroutes s’en remet à une décision politique.
La motion du Parc va dans le bon sens, toutefois elle ne parle que de réhabilitation, ce qui ne semble pas être suffisant : ces bacs sont obsolètes, ils sont à reconcevoir entièrement : la taille des réservoirs, filtrage. Les matières en suspension (nanoparticules des nouveaux pneumatiques, huiles et résidus divers) doivent être collectées et retraitées dans des stations adaptées vers lesquelles elles doivent être acheminées.
La particularité de nos si fragiles et si réputés « Grands Causses » est d’être calcaires, « karstiques », donc totalement dépourvus de substrats permettant la filtration des eaux pluviales s’écoulant en particulier de l’autoroute.
Ces eaux chargées de matières en suspension (gomme de pneumatiques, liquides divers, sels, gasoil, huiles, essences, particules fines…) vont directement dans ces bacs, et de là s’écoulent directement dans… les avens !
Cette « solution de facilité » choisie par l’état de faire écouler le trop plein des bacs semble illégale au vu de la loi sur l’eau. Il va de soi que ces rejets se retrouvent dans les sources qui alimentent le territoire en eau potable. Les études sérieuses manquent et il ne faudrait pas que comme cela s’est vu pour l’amiante, les pesticides, les farines animales, ou pendant de longues années l’on nous disait qu’il n’y avait aucun problème, un nouveau scandale sanitaire voit le jour…
Bref, un combat de sensibilisation de longue haleine commence à être pris en compte. Sommes nous entièrement satisfaits ? Pas encore, sans être jusqu’au-boutistes, nous aurions souhaité que cette motion comprenne les préconisations indispensables que nous mentionnons plus haut, les rustines ne suffiront pas ! La sauvegarde de notre ressource en eau est à ce prix.
Souhaitons que le Parc et nos élus soient vigilants et prennent en compte les avis des lanceurs d’alerte (spéléos, hydrogéologues et habitants des zones concernées) et bien sûr, attendons de voir ce que le gouvernement va décider.
La Fédération pour la vie et la sauvegarde des grands Causses