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Confédération paysanne de l’Aveyron : lettre ouverte contre le CETA

Lettre ouverte de la Confédération Paysanne de l’Aveyron adressée aux coopératives agricoles et à la presse concernant le CETA.

Suite au refus de Coop de France de se prononcer contre le CETA, accord de libre-échange climaticide et néfaste aux territoires et agriculteurs français, le syndicat agricole a souhaité interpeller les coopératives agricoles aveyronnaises membres de Coop de France en leur demandant de se prononcer contre cet accord.

L’accord de libre-échange avec le Canada, le CETA, est à l’agenda du Parlement. Après un premier vote favorable à sa ratification par l’Assemblée nationale, le Sénat va être sollicité sur cet accord.

Or, cet accord aura des répercussions négatives sur le monde agricole, l’emploi paysan et la vie dans nos territoires. Nous sommes mobilisés contre le CETA, accord climaticide qui sacrifie paysan.ne.s et démocratie. Les enjeux de cet accord que ce soit en termes économiques, sociaux et écologiques sont considérables pour nos territoires.

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Cet accord de libre-échange vise l’abaissement des normes sociales, sanitaires et environnementales, ce qui met en danger notre modèle alimentaire, notre santé et nos droits sociaux. La ratification du CETA et des autres accords de libre-échange en gestation (TAFTA, Mercosur) est une menace pour le revenu des paysan.nes français et la pérennité de l’élevage et de l’agriculture. C’est la vie de nos territoires qui est en jeu.

Ces accords de libre-échange suppriment la quasi-totalité des droits de douane et participent donc à des prix toujours plus bas sur les marchés, qu’ils soient tirés vers le bas par des importations déloyales ou par la nécessité d’exportations « compétitives ».

De plus, nos producteurs agricoles souffriront d’une concurrence déloyale de produits importés n’étant pas soumis aux mêmes normes que les nôtres. L’accroissement des transports, la déforestation importée et l’industrialisation induite par le CETA contribuent fortement au dérèglement climatique.

Le CETA est aussi une atteinte à notre démocratie et à notre liberté de choix. Outre une libéralisation considérable, ces accords prévoient deux mécanismes qui portent gravement atteinte aux principes démocratiques en diminuant considérablement le champ d’action des élus et en contraignant les choix publics : il s’agit du mécanisme de règlement des différends investisseurs État et du mécanisme de coopération réglementaire.

Les tribunaux d’arbitrage privés permettront par exemple aux investisseurs privés de s’opposer à des décisions politiques prises dans l’intérêt général et des populations. Ainsi, le CETA empêchera toute politique publique de relocalisation de notre système alimentaire, de régulation des marchés, de fixation de prix rémunérateurs pour les agriculteurs.trices et de prise en compte de l’urgence climatique.

Or, le système coopératif a un rôle à jouer pour cultiver la solidarité, le lien au territoire et valoriser nos productions dans des marchés davantage sécurisés. En tant qu’organisation syndicale de défense des producteurs et productrices agricoles, nous ne pouvons que nous désoler du positionnement de la fédération nationale Coop de France qui adoube la ratification du CETA au niveau national, comme au niveau européen avec le COPA-COGECA.

Face à ces enjeux majeurs, nous interpelons nos coopératives, implantées sur le territoire, pour qu’elles se positionnent clairement concernant la ratification du CETA. Défendent-elles les intérêts des producteurs et productrices ainsi que l’avenir de nos territoires ?

Le CETA sacrifie les paysan.ne.s et notre planète au nom d’un commerce mondial dérégulé. Le CETA favorisera l’industrialisation de l’agriculture et par conséquent la suppression de notre tissu de petites et moyennes exploitations.

La démocratie est bafouée par les mécanismes du CETA. La suppression des droits de douane et des barrières non tarifaires sont utilisées pour promouvoir une course vers le bas en matière de normes, de règlements et de lois, dans le domaine environnemental, social et sanitaire. Les conséquences en termes d’emploi et de dynamique territoriale seront très négatives pour les territoires.

Pour toutes ces raisons, nous vous demandons de vous prononcer contre la ratification du CETA et interpeler à votre tour la structure nationale Coop de France sur le sujet.

Téo Boutrelle et Sébastien Persec
Porte-paroles de la Confédération paysanne de l’Aveyron

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