La chapelle de Saint-Amans du Larzac (Commune de Sainte-Eulalie-de-Cernon)

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La chapelle restaurée de Saint-Amans du Larzac (17 août 2016) © Marc Parguel

Rendons-nous ce dimanche vers la chapelle préromane de Saint-Amans du Larzac, où l’on venait demander la pluie le premier dimanche après la Pentecôte. Elle est située à l’extrémité de la commune de Sainte-Eulalie, au lieu-dit la Crémade entre la Cavalerie, L’Hospitalet du Larzac et Ste Eulalie de Cernon.

Pour y aller, il faut prendre la direction des vestiges de l’église de Saint-Etienne-du-Larzac et sa source miraculeuse, située à 1,5 km, à l’ouest de l’Hospitalet, et prendre la petite route qui monte au nord juste avant St Etienne, qui reprend l’ancien tracé de l’ancien chemin de la Roja (qui menait de Millau au Caylar) entre Sainte-Eulalie et la Cavalerie. Quand on arrive sur le replat, le chemin de la chapelle, signalé par un panneau, part à 200 m. sur la droite.

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La chapelle de Saint-Amans. © Marc Parguel

Cette chapelle serait, pour André Soutou (1914-2003), le plus ancien édifice de culte dans les parages. On n’en connaît pas vraiment l’histoire. Au nord du chemin de La Roja, en bordure Est d’un champ (cote 874), on distinguait dans les broussailles les soubassements d’une église qui était abandonnée dès le XIIe siècle, mais où l’on venait encore récemment en pèlerinage pour demander la pluie. Suivant une tradition locale, un ermite installé à Saint-Amans aurait communiqué par des signaux de fumée avec ses deux collègues de Saint-Alban, près de Nant et de Saint Guiral dans le Massif de l’Aigoual.

À ce sujet, Jean Delmas, dans « les Saints en Rouergue, enquête… » en 1986, p.128, a fait paraître plusieurs témoignages : « Sur le plateau du Larzac, près de la Cavalerie, dans un bois appelé La Crémade, existaient autrefois une chapelle et une croix de bois dite de Saint Amans. Là vivait, dit-on, un ermite qui communiquait par des feux avec deux autres ermites établis eux aussi sur des sommets : Saint Guiral et Saint Alban » (Mme Vergely, La Cavalerie)

« Saint Amans appartient à la paroisse de l’Hospitalet. Une croix en bois refaite en 1984 marque la butte sur laquelle se trouvait l’église. Procession pour la pluie le premier dimanche après la Pentecôte : on partait de l’église après les vêpres, en chantant et en récitant le chapelet. La procession passait par le chemin de la Crémade, à droite de la côte de Gely. À la croix, récitation de prières, bénédiction et homélie. Le retour se faisait par la crête, vers la route nationale actuelle, en général sous la pluie » (M. Robert Aussibal, Lapanouse-de-Cernon).

La croix de Saint-Amans. © Marc Parguel

« Pèlerinage connu de Saint-Jean-d’Alcas » (Mmes Bourgeois, Vialettes et Castanié).

Ce site de Saint-Amans-du-Larzac appartient à la commune de Sainte-Eulalie-de-Cernon et à la paroisse de l’Hospitalet. Les pèlerins venaient le dimanche de la Trinité de ces deux paroisses, mais aussi de la Cavalerie, de Lapanouse-de-Cernon et de Saint-Jean d’Alcas. Les prières devaient être efficaces, car le retour du pèlerinage s’effectuait souvent sous la pluie.

Intérieur de la chapelle. © Marc Parguel

Saint-Amans, 1er évêque de Rodez, mort vers 487, fêté le 5 novembre, était reconnu pour son action contre les incendies, inondations, sécheresses intenses.

En contrebas se situe la source de Saint-Etienne-du-Larzac, où se déroulait le jour de la Pentecôte un pèlerinage pour les maladies diverses des membres inférieurs et les enfants en retard pour la marche.

Chapelle restaurée

André Soutou, nous apprend qu’en 1996 : « Après deux fouilles, cette église carolingienne authentique qui mérite le nom de St-Amans du Larzac a été mal restaurée et le cimetière qui l’entourait irrémédiablement détruit au bulldozer ! Je pense qu’il s’agissait du siège spirituel de la viguerie du Larzac dont le point d’appui temporel était le château de Cornalach » (La commanderie de Sainte-Eulalie-de-Larzac, C.Lacour, 1999).

Cornalach était un château mentionné dès le XIe siècle, mais déjà abandonné en 1307. Ce château commandait la vallée du Cernon jusqu’à son confluent avec le Soulzon et défendait l’église de Saint-Etienne en contrebas et sa source miraculeuse.

© Marc Parguel

La chapelle que nous voyons désormais de Saint-Amans a été restaurée par des bénévoles, notamment M. Paloc de La Cavalerie qui a beaucoup œuvré. Les murs de la nef remontés en partie et le chevet restitué en moellons calcaires, elle présente le plan caractéristique « en double boîte », avec un chevet nettement incliné par rapport à la nef, vers laquelle il s’ouvre largement. Les tuiles romaines, Tegulae et Imbrices qui recouvrent l’édifice , proviennent des Terres cuites de Raujolles . Ces tuiles déclassées étaient de la fabrication de la Maison Carrée de Nîmes. La restauration, qui a été controversée, permet néanmoins de prendre conscience du plan et de l’aspect de l’édifice primitif (d’après Pauline de la Malène, Parcours romans en Rouergue, tome II, 2009).

Marc Parguel

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