Un projet singulier s’apprête à donner une voix et une visibilité aux demandeurs d’asile : « Sur le bout de la langue ». Portée par le Centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA) de Millau et le Département de l’Aveyron, avec le soutien de la Biocoop de Millau, cette initiative s’inscrit dans le dispositif « Culture en partage » et incarne une ambition forte : faire de la culture un levier d’inclusion et de cohésion sociale.
Dans un contexte où l’accès à la culture demeure un défi pour les publics les plus fragiles, « Sur le bout de la langue » propose aux personnes accueillies au CADA de Millau une aventure artistique collective, guidée par le plasticien et sérigraphe Igor Boyer. Membre du collectif Hors Cadre (Villefranche-de-Rouergue), ce dernier met son savoir-faire au service d’une démarche participative, où l’échange et le partage sont au cœur du processus créatif.
L’objectif est clair : permettre aux réfugiés et demandeurs d’asile de s’exprimer, de valoriser leur interculturalité, de rompre l’isolement et de révéler leurs talents à travers la création d’affiches hybrides, entre livre et œuvre d’art. Les ateliers, organisés de mai à octobre 2025, invitent les participants à explorer la sérigraphie, à jouer avec les mots, les lettres, les recettes et les souvenirs, pour traduire en images la diversité de leurs parcours et de leurs cultures.
La culture, vecteur d’intégration
Le projet s’inscrit dans une dynamique plus large portée par le Département de l’Aveyron, qui accompagne les structures sociales du territoire pour rendre la culture accessible à tous, notamment à ceux qui en sont le plus éloignés, pour des raisons sociales ou géographiques. Les expériences menées montrent combien la culture peut être un facteur de reconstruction individuelle et d’intégration communautaire.

Au-delà de la création artistique, « Sur le bout de la langue » vise à renforcer les liens entre les personnes nouvellement arrivées, à favoriser leur implication dans la vie locale et à offrir une visibilité à leurs réalisations, grâce à une exposition itinérante sur le territoire de Millau et au-delà.
Nous nous devons d’être à la hauteur dans ce département, l’Aveyron étant traditionnellement une terre d’accueil »
Alain Fauconnier, président d’honneur d’Habitat et Humanisme Urgence
Quand l’art devient langage universel
À travers la sérigraphie, les participants sont invités à partir d’une « page blanche », à imaginer ensemble des œuvres colorées, fruits de leurs échanges et de leur diversité. La langue, fil conducteur du projet, est abordée sous toutes ses formes : outil de communication, de partage culinaire, de transmission de souvenirs. L’atelier devient alors un espace de création mais aussi de dialogue, où chacun peut s’exprimer et trouver sa place.
La restitution de ces créations, prévue le 15 octobre 2025 lors d’un vernissage au CADA, marquera l’aboutissement de ce parcours artistique et humain. L’exposition, itinérante, portera le témoignage de ces rencontres et de cette richesse interculturelle, bien au-delà des murs du centre d’accueil.

Un modèle d’engagement local
« Sur le bout de la langue » illustre la capacité des territoires à innover pour l’inclusion, en mobilisant artistes, institutions et citoyens autour d’un objectif commun : faire de la culture un bien partagé, un vecteur d’émancipation et de lien social. À Millau, la sérigraphie devient ainsi bien plus qu’une technique artistique : elle est le support d’une aventure collective, d’un dialogue entre cultures, d’une ouverture sur le monde.
Le CADA de Millau : un lieu d’accueil et d’intégration
Créé en 2024 (le CADA de Millau était depuis 2021 une extension du CADA HHU Sud Aveyron implanté à Saint-Affrique), le Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile (CADA) de Millau est un espace d’hébergement et d’accompagnement pour les personnes en quête de protection internationale. Situé au cœur de la ville, le CADA de Millau accueille actuellement 45 personnes réparties dans 13 logements. Il offre à ces demandeurs d’asile un cadre de vie digne et sécurisé, tout en les accompagnant dans leurs démarches administratives, leur accès aux soins, à la scolarisation et à l’insertion sociale.
Au-delà de l’hébergement, le CADA de Millau s’engage également à favoriser l’intégration sociale et culturelle des résidents. Le projet « Sur le bout de la langue », animé par l’artiste sérigraphe Igor Boyer, s’inscrit pleinement dans cette volonté. À travers des ateliers de création artistique, les demandeurs d’asile auront l’opportunité de s’exprimer, de partager leur culture et de découvrir une nouvelle forme d’art, la sérigraphie.
Le CADA de Millau est géré par Habitat et Humanisme Urgence, une association qui œuvre depuis près de 40 ans pour l’insertion sociale et le logement des personnes en situation de précarité. En Aveyron, cette structure accompagne les demandeurs d’asile tout au long de leur parcours, depuis l’hébergement jusqu’à l’intégration sociale et professionnelle.