Dans cette tribune signée Christophe Saint-Pierre, l’ancien maire de Millau revient sur le dossier de l’EHPAD de Saint-Michel et répond aux critiques de l’actuelle municipalité. Face aux accusations concernant le financement du projet, il défend les choix faits sous son mandat et appelle à assumer les responsabilités de la gestion actuelle.
« La technique est bien connue : renvoyer la faute sur les autres pour se dédouaner de ses propres responsabilités. C’est exactement ce que fait Emmanuelle Gazel au sujet de l’emprunt sur l’EHPAD. Alors, une fois de plus, revenons sur le sujet et rétablissons les faits.
En 2014 notre majorité prend toute la mesure de l’état de vétusté et d’insécurité de nos établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Guy Durand, lui aussi conscient de ce constat, avait déjà validé le lieu d’implantation d’une possible structure sur le site de Saint-Michel et arrêté avec l’ARS la capacité de 190 lits.
Compte tenu de l’urgence, nous en avons fait une priorité. Problème : les capacités financières du centre hospitalier ne lui permettaient pas d’assurer le financement de l’opération à venir.
Dès lors, le 22 septembre 2016, le Conseil municipal valide la création d’une nouvelle entité médico-sociale communale pour prendre le relais et assumer le financement de la construction du futur EHPAD. Elle sera opérationnelle le 1er janvier 2017.
Le projet architectural est arrêté en 2017. Les démolitions débutent en octobre 2019 et le chantier de construction démarre en janvier 2021. Les résidents aménagent enfin en juin 2023.
Que nous reproche-t-on aujourd’hui ?
D’avoir validé un plan de financement faisant appel à deux emprunts cumulés auprès de la Banque des territoires et adossés au Livret A. Sans entrer dans le détail, il convient de rappeler que le PLS a été négocié à ce moment-là à 1,35 % et le PHARE à 1,86 % alors que les taux d’emprunts bancaires étaient supérieurs ou égaux à 2 %. Les prêts étaient donc avantageux pour nous et ouvraient des droits aux résidents (APL en particulier). Aujourd’hui encore avec un taux sur le Livret A à 2,4 %, ils restent en deçà des taux bancaires traditionnels qui sont aujourd’hui à plus de 3.80 %. Nous assumons donc pleinement nos décisions.
En revanche, nous constatons aujourd’hui que des difficultés financières affectent le fonctionnement de cet établissement et le fragilisent face au remboursement de ses prêts. Si nous partageons la préoccupation de voir cet outil de solidarité intergénérationnelle rencontrer des obstacles, nous regrettons profondément que la responsabilité soit rejetée sur l’équipe municipale précédente.
Nous devrions nous interroger au contraire sur les raisons de cette incapacité. Selon nos informations, deux éléments ont profondément altéré les capacités financières de l’EHPAD : une augmentation de plus de 19 % du coût des travaux et une évolution marquée des charges de fonctionnement nettement au-delà des scénarios envisagés lors de la préfiguration du projet.
Depuis 2020, Emmanuelle Gazel est présidente du conseil d’administration et a donc eu, à ce titre, obligatoirement connaissance de ces augmentations et des risques de dérapage. Pourquoi n’a-t-elle pas tiré la sonnette d’alarme ?
Aujourd’hui, les véritables enjeux sont ceux de la gestion actuelle de l’EPHAD, et non ceux des décisions structurantes prises il y a plusieurs années dans un esprit de responsabilité et d’intérêt pour nos aînés.
Rien, ni aucunes accusations, ne nous fera regretter d’avoir donné un lieu de vie décent à nos ainés. »
Christophe Saint-Pierre pour Millau en action
Cet article est une tribune, rédigée par un auteur extérieur au média Millavois.com et dont le point de vue n’engage pas la rédaction.