Millau. La Main chaude, « encore là pour 50 ans »

Fanny Alméras
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© Millavois.com

Dans la plus pure tradition militante, l’Association autonome pour la promotion de l’histoire sociale La Main chaude, publie son treizième livret, disponible dès le 1er mai prochain. Ce nouveau numéro poursuit le travail collectif de préservation de la mémoire locale avec des sujets fouillés, des récits singuliers et des clins d’œil à l’actualité sociale. Une revue sans page Facebook ni site web, mais avec une énergie intacte… pour encore 50 ans.

Treizième publication de l’Association autonome pour la promotion de l’histoire sociale, la main Chaude. Ce nouveau livret marque le onzième numéro sous son format actuel. Et pour la petite histoire, il a bien grandi, s’est enrichi en contenu, a augmenté en pagination… mais s’est allégé côté prix, passant de 10 € en 2011 à 8 € aujourd’hui.

Comme à l’accoutumée, la revue paraîtra le 1er mai, tirée à 400 exemplaires. Elle sera disponible dans les tabacs-presse locaux, à la librairie du Progrès à Saint-Affrique, à l’épicerie du Viala-du-Tarn et à la Maison du livre de Rodez.

Un réservoir inépuisable

Côté contenus, le réservoir de sujets semble inépuisable. Les membres de l’association le disent eux-mêmes : « On est encore là pour 50 ans, » plaisantent les membres de l’association qui déjà travaillent sur le prochain numéro. Parmi les thèmes prévus, un article consacré à la première manifestation d’opposition à l’extension du camp du Larzac.

Sans site Internet ni page Facebook, l’équipe revendique une démarche artisanale : « On travaille tranquillement à la table, et on préfère le vrai pécari au simili cuir », déclare Michel Delmouly.

Le travail d’écriture est collectif, les articles ne sont pas signés, sauf lorsqu’ils proviennent de contributeurs extérieurs. C’est le cas cette année pour deux sujets : La bergerie de la Blaquière et Le Maquis de Bir-Hakeim. Des contributions de plus en plus nombreuses, qui renforcent le rôle mémoriel de l’association et son ancrage dans la vie locale en confortant l’association dans son rôle.

Pour marquer cet anniversaire, la couverture s’orne d’un dessin original de Société, réalisé pour l’exposition universelle. Il fait écho à un dossier central : « Roquefort sous l’emprise des Trusts », une expression employée à l’époque par Jaurès, puis par le maire de Millau, Balitrand. L’article revient sur les inquiétudes politiques du début du XXe siècle face aux concentrations d’entreprises, un processus de regroupement aujourd’hui largement abouti.

Autre dossier fort : « Il y a cent vingt ans, la loi de séparation des Églises et de l’État ». Pour l’illustrer, un instituteur de Saint-Sauveur propose Saint-Sauveur : Entre hussards noirs et soutane, un texte qui retrace, à travers un exemple local, l’influence de l’Église sur l’école à cette époque. La citoyenne Sorgue est également à l’honneur, à travers un portrait engagé, mêlant action militante et écrits.

Dans Le chemin de l’école, un habitant et membre de l’association, évoque avec ses yeux et son récit d’enfant, la disparition d’une maison de son enfance, et dresse un inventaire presque vivant des commerces d’antan autour des Halles. L’école Paul-Bert, ancien couvent devenu institution millavoise, y est aussi évoquée ainsi que M. Fabre qui y enseigna plusieurs années.

Le dossier « La construction de la bergerie de la Blaquière » retrace trois années de chantier bénévole, vues par deux de ses permanents.

Le livret met aussi en lumière une figure locale oubliée : Louis Noyrigat, surnommé « l’Amiral », un surnom qui gonfle largement son grade de marin, et dont le parcours étonnant nous mène de Roquefort à la mer Noire, en passant par Madagascar, Millau et Dachaud.

Enfin, un focus est consacré au Maquis Bir-Hakeim en Languedoc (1943-1944). Né à Villefranche-de-Rouergue, ce maquis aveyronnais, devenu européen par la diversité de ses membres, est resté farouchement indépendant.

L’aventure collective se poursuit. L’association se réunit une fois par mois, dans l’esprit de la tradition gantière : un temps studieux, suivi d’un moment convivial et gastronomique. La porte est ouverte à toutes les bonnes volontés, avec l’envie de rajeunir les rangs et de se féminiser pour faire vivre la mémoire de l’histoire sociale locale.

Rendez-vous le 1er mai, place de la Capelle, pour la traditionnelle vente du livret lors des rassemblements syndicaux.