C’est avec une profonde émotion que nous avons appris le décès de Monsieur Robert Ardourel, homme de culture, de savoir et de cœur. Une figure bienfaitrice de la Maison des Jeunes et de la Culture de Millau, résolument attachée aux valeurs sociales et d’éducation populaire.
Robert Ardourel, c’était une intelligence brillante, une grande culture, une curiosité vive et insatiable, une personne tournée vers les autres. Passionné d’histoire et passionné d’art, il a fondé au sein de la MJC le club Histoire des Arts, qu’il a animé pendant de nombreuses années avec une générosité constante et une passion contagieuse.
Robert était bien plus qu’un passionné d’histoire : il en était un formidable passeur.
Tout au long de sa vie, il a su rendre accessibles les savoirs, passionnants les récits, vivantes les œuvres, avec une parole à la fois précise, chaleureuse et teintée souvent de cet humour espiègle qui lui appartenait.
Il racontait les œuvres comme on raconte la vie, dans les détails, avec précision, avec humour, avec amour. Il savait faire aimer les grandes œuvres comme les petits détails, avec cette manière unique d’allier profondeur et sourire malicieux. À travers son engagement bénévole, il a contribué à ancrer profondément l’idéal d’une culture partagée au sein du projet de la MJC.
Robert Ardourel était un homme doté de multiples qualités professionnelles et humaines.
Professeur remarquable, scientifique rigoureux, pédagogue profondément impliqué, chef d’orchestre au sens propre comme au figuré, artiste, musicien, jardinier du temporel et du spirituel… Robert cultivait autant les savoirs que les liens humains. Il semait des idées, éveillait les consciences, et faisait pousser la curiosité avec patience et bienveillance. Il prenait soin des esprits comme on prend soin d’un jardin, avec délicatesse, attention et passion. Chez lui, culture et humanité allaient toujours de pair.
Il réunissait en lui mille facettes, toutes animées par une même exigence : comprendre le monde, le rendre accessible aux autres, et semer la culture là où on ne l’attendait pas toujours…
Habité par une curiosité infinie et une passion contagieuse pour les savoirs, il ne partageait pas seulement ce qu’il savait : il éveillait, il inspirait, il aimait émerveiller…
Mais Robert, c’était aussi un conseiller avisé, un homme fiable, fidèle à ses engagements humanistes, un soutien et un ami sincère. Sa parole comptait, son regard éclairait, son caractère parfois détonnait. Il incarnait cette alliance rare entre exigence intellectuelle et bienveillance humaine.
Robert fut aussi un homme public, engagé, adjoint à l’urbanisme sous le mandat de monsieur Gérard DERUY. Dans cette fonction, il a contribué à façonner la Ville de Millau avec la même rigueur, la même vision, la même créativité, et le même attachement au bien commun.
Il compte parmi les pères fondateurs du Centre de Rencontres d’Échanges et d’Animations (le fameux CREA), et de l’esprit qui continue d’animer aujourd’hui encore cet établissement si important dans la vie de notre cité millavoise.
À la fois bâtisseur d’idées, homme d’action, Robert a porté haut les valeurs de l’éducation populaire aux côtés de son épouse Anne-Marie, fidèle compagne d’engagements et de convictions. Une femme à plusieurs titres tout aussi remarquable que son compagnon de cœur et d’esprit, et à qui j’exprime à nouveau aujourd’hui, en ces douloureuses circonstances, toute mon estime et mon amitié.
Et puis, il y avait cette autre facette, plus intime, mais tout aussi révélatrice de la personnalité d’un Robert moins connu : seuls quelques initiés ont eu la chance de goûter à ses fameuses pizzas, préparées dans la pure tradition de la Renaissance italienne, cuites au feu de bois, véritables œuvres d’art culinaire, réalisées avec autant de rigueur et de passion que ses conférences en histoire de l’Art.
Arrosés d’un bon vin, à l’ombre de sa tonnelle, ces moments conviviaux se terminaient le plus souvent par un moment de contemplation : Robert aimait observer son jardin, qu’il cultivait avec autant de soin que ses idées. Il était particulièrement fier de ses kiwis, qu’il faisait pousser en terre millavoise, à contre nature, souriait-il, comme pour défier les lois de la botanique, et certainement aussi celles du déterminisme social.
Aujourd’hui, nous perdons un homme singulier, un esprit lumineux, une personne généreuse, un ami fidèle. Mais son héritage reste ancré en nous, en moi : en cœur de notre chère cité, dans les murs du CREA, au sein du projet de la MJC, au fond de tous ces regards et nombreux esprits qu’il a su éclairer, dans les graines que Robert a semées en chacun de nous…
Je mesure pleinement l’importance de cet héritage que m’ont transmis tous celles et ceux qui, comme Robert Ardourel, Simone Cassan, Michel Lapisse… et tant d’autres encore, ont contribué et contribuent toujours à faire vivre à travers la Maison des Jeunes et de la Culture.
À Anne-Marie, à sa famille et à ses proches, nous adressons nos pensées les plus sincères, et notre immense gratitude.
Au nom de la Maison des Jeunes et de la Cuture de Millau, des équipes de professionnels et les bénévoles, merci Robert, pour tout ce que vous nous avez transmis, pour tout ce que vous avez bâti, et pour tout ce qui continue de germer, en silence, au fond de celles et ceux qui vous ont connu.
Hervé Marcillac,
Directeur de la MJC / CREA