Millau franchit un cap dans la transition énergétique

Fanny Alméras
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Ce lundi 24 mars, le gymnase Paul Tort à Millau a été le lieu choisi pour présenter une convention signée entre la Ville de Millau et Enedis dans le cadre du développement de l’autoconsommation collective d’électricité. Ce partenariat, nouvelle étape vers un territoire plus vertueux et plus économe, vise à optimiser la consommation d’énergie renouvelable produite localement.

L’autoconsommation collective permet de produire de l’électricité solaire grâce à des panneaux photovoltaïques, de l’injecter sur le réseau et de la partager entre plusieurs bâtiments. Dans le cas de Millau, l’électricité produite par le gymnase Paul Tort (33 000 kWh par an) sera désormais utilisée pour alimenter ce même bâtiment (consommation de 29 378 kWh par an) ainsi que la Médiathèque du Sud-Aveyron (126 000 kWh par an), marquant ainsi une première étape vers une gestion plus durable des ressources énergétiques municipales.

Lors de la présentation, la maire de Millau, Emmanuelle Gazel, a souligné l’importance de cette initiative : « Pour la première fois à partir du 1er avril prochain, nous allons pouvoir utiliser l’énergie produite sur nos bâtiments. On produit plus ici que ce qu’on va consommer donc l’énergie restante nous permettra de chauffer d’autres bâtiments. Chaque année, la ville va plus loin dans le nombre de panneaux photovoltaïques sur les bâtiments publics, d’abord pour des enjeux environnementaux portés avec détermination depuis le début du mandat, mais aussi pour maîtriser notre indépendance énergétique et nous préserver des fluctuations des marchés internationaux. »

Des enjeux écologiques et économiques

Ce projet répond à des enjeux environnementaux et économiques majeurs. En 2024, les neuf bâtiments municipaux équipés de panneaux photovoltaïques (écoles du Puits de Calès, Eugène Selles, Jules Ferry, Beauregard, Le Crès, Jean-Henri Fabre, le Centre technique municipal, le Pôle petite enfance et le gymnase Paul Tort) ont produit environ 200 000 kWh d’électricité, générant une revente de 25 134 €. Toutefois, la consommation électrique totale des bâtiments municipaux et des équipements publics s’élevait à 1 639 641 kWh en 2024, avec un coût total de 658 676 €.

Les représentants d’Enedis ont également mis en avant les avantages de cette transition : « Avec 800 projets en France dont la moitié portés par des collectivités locales, on note une accélération forte des projets d’autoconsommation collective en France de manière générale. 17 sont en cours de déploiement sur notre territoire, c’est le premier à Millau, nous sommes heureux d’être ici aujourd’hui, car cela montre l’engagement de la collectivité dans cette approche. »

Vers de nouvelles installations

Après avoir équipé tous les bâtiments municipaux compatibles, la Ville de Millau explore désormais d’autres solutions pour poursuivre cette transition énergétique. En collaboration avec le Parc Naturel Régional des Grands Causses, elle envisage l’installation d’ombrières photovoltaïques sur plusieurs sites stratégiques. Séverine Peyretout, élue à l’écologie, a précisé : « Le PNR a lancé un appel à manifestation d’intérêt pour l’installation d’ombrières photovoltaïques. Nous avons un grand nombre de sites potentiels qui pourraient les accueillir. Nous espérons déployer d’autres projets d’autoconsommation collective, en lien avec les enjeux portés par Millau, la communauté de communes et le PNR pour faire de notre territoire un territoire à énergie positive. »

Cette démarche s’inscrit dans un objectif plus large : faire de Millau un territoire moteur dans la réduction de la consommation d’énergie et dans l’utilisation d’énergies renouvelables. Même si, comme l’a justement rappelé la maire, atteindre l’autonomie énergétique complète reste une illusion en raison de l’absence de ressources hydrauliques et éoliennes locales, la Ville vise un équilibre optimal entre production et consommation. « Il y a peu de chances que nous devenions une collectivité à énergie positive avec nos consommations et nos capacités de production limitées à Millau, mais avec le photovoltaïque, l’idée est d’équilibrer au maximum pour des questions budgétaires, environnementales et de souveraineté énergétique, » a conclu Emmanuelle Gazel. Depuis le début du mandat, les efforts menés ont, selon elle, déjà permis une réduction de 20 % de la consommation énergétique municipale.