Millau, haut-lieu de la résistance culturelle et de l’humour second degré, s’apprête à accueillir, le samedi 29 mars, un événement qui risque de faire trembler les virils de tout poil : son traditionnel carnaval, placé cette année sous le signe du… masculinisme. Oui, vous avez bien lu. Ce mouvement fièrement porté par quelques spécimens en mal de domination et de shampoing antipelliculaire se voit offrir un bûcher public, au beau milieu du Parc de la Victoire. Une forme de thérapie collective, diront certains. Un grand moment de rigolade, diront les autres.
Un crapaud, symbole ultime du prince raté
La mascotte de cette 25e édition a été révélée ce samedi matin à la presse. Il s’agit, tenez-vous bien, d’un crapaud. Mais pas n’importe lequel : un crapaud bien beauf, la bave aux lèvres, clope au bec (clin d’œil appuyé au Gros Dégueulasse de Reiser), et surtout, incapable de se transformer en prince charmant, même sous l’effet de cinquante bisous et d’un filtre TikTok.
Sur sa langue pend le symbole de la féminité. Mais – message d’espoir oblige – le signe ne brûlera pas, nous rassure David Libourel, alias DAF, le dessinateur subversif et millavois qui a croqué la bête. Une façon de dire : « Les idées moisies partent en fumée, les luttes restent. »

Ayatollahs et Gypaète barbu, même combat ?
Mais attendez, ce n’est pas fini. Le crapaud sera accompagné d’une autre effigie à rendre jaloux tout bon dictateur patriarcal : un ayatollah sous forme de gypaète barbu (oui, un vrai oiseau avec un doctorat en répression), tenant dans une cage une femme en burka. Une référence directe à Mahsa Amini (cette jeune iranienne devenue un symbole international de la lutte pour les droits des femmes et des libertés individuelles), mais aussi au sommet de la crétinerie sexiste mondiale, celle qui pense que la liberté d’une femme est une menace pour l’ordre cosmique. Rappelons que même Elon Musk, dans un moment de lucidité entre deux tweets et trois fusées, n’a pas osé ce niveau de grotesque.
Des téléphones pour dénoncer les réseaux… pas très sociaux
Des téléphones portables seront également de la partie, représentant la part sombre des réseaux sociaux où les masculinistes modernes, tout droit sortis de leur cave ou de leur Tesla, viennent pleurer parce que « les femmes ne veulent plus d’eux alors qu’ils ont un bac+2 et un compte X Premium ».

On imagine déjà Donald Trump en train de tweeter (ou plutôt de «truth-er ») sa rage contre ce carnaval anti-mâles toxiques, tout en arborant une perruque en crin de licorne et une cravate plus longue que son casier judiciaire.
25 artisans de la satire en action
Depuis début février, une vingtaine de bénévoles, soudeurs, artistes, bricoleurs du féminisme en flammes, s’activent pour donner corps à ces monstres. On part du dessin, on passe par la soudure, on cage le tout dans du grillage, on bourre au carton (comme les discours d’Andrew Tate) pour une combustion digne de ce nom. Et à la fin : boum, tout part en fumée… sauf le symbole de la féminité, bien sûr.
Les chefs soudeurs Frédéric Carles et Aimé Loubié, véritables Gandalf du chalumeau, ont été rejoints cette année par une poignée de nouveaux bénévoles, prouvant une fois de plus que l’union fait la forge.
En résumé ?
Ce 29 mars, à partir de 15h, sur la place du Mandarous, il y aura des confettis, des déguisements, des cris d’enfants, des fous rires d’adultes, et une belle claque au patriarcat déguisée en fête populaire. Si vous avez un costume de gourou, de coach en virilité ou d’algorithme sexiste, c’est le moment ou jamais. Sinon, venez comme vous êtes : la bave du crapaud n’atteint pas le symbole de la liberté.
>> Retrouvez ici le programme complet du carnaval









