À droite de la départementale 23, en allant de l’Hospitalet-du-Larzac au Viala-du-Pas-de-Jaux, se voit la lavònha de Caubel. Lavòna (labouonio) : mare spécifique des Grands Causses où s’abreuvent les brebis, francisée en « lavogne ».
Par sa position, elle fait assurément la joie des photographes, mais aussi des enfants de tout âge, qui viennent y trouver selon les périodes, têtards ou poissons rouges (poissons qui ne sont pas venus là par hasard). Citée par l’I.G.N, pavée, arrêtée au nord par un mur sur la tranche duquel se lit la date de 1932, celle-ci est sans doute l’une des plus anciennes de la commune de Sainte-Eulalie, car elle est mentionnée dans les chartes des Templiers de Sainte-Eulalie sous le nom de « le Lavagnol de Caubel » le 5 janvier 1257. Il s’agit d’un acte de donation concernant le mas trinquier et divers autres bien et où on peut lire « En plus de ce mas, de ses dépendances et de ses servitudes obligatoires, je te donne un devois limité par les lieux suivants : le lavagnol de Caubel, la grotte de Caussenuéjouls, la limite du terrain de B. Ricard, le chemin qui va au Fauconnier et au Puech Bridou susdit » (Fonds de Malte des archives départementales de la Haute-Garonne, Ste-Eulalie, liasse 3, pièce n° 97).
D’où lui vient ce nom de Caubel ? De son propriétaire ? ou bien y a-t-il un lien avec la chaleur ? Ce lieu longtemps dépourvu de végétation était connu pour la rudesse de sa terre au point que Louisou Calmes faisait remarquer que lorsque la neige était tombée sur les hauteurs environnantes, c’est sur Caubel qu’elle fondait en premier.

Point de ralliement des troupeaux, elle se trouve à l’intersection de deux chemins, l’un d’eux constituant la route actuelle, utilisés par les troupeaux et appelés drayes (dralha). Lorsqu’elle arrive à son niveau maximal, sa profondeur est de 1 mètre 60.
Cette lavogne « élaborée » installée dans une dépression naturelle et dont le fond est caladé (empierré) et toujours étanchéifié à l’argile, possède une particularité. En effet, le Larzacien ingénieux ne se contenta pas de l’eau de ruissellement recueillie naturellement, il ajouta quelques perfectionnements. Sur les pentes entourant la lavogne afin de canaliser l’eau, il creusa sous la route des canaux de captage las besalas (los besalos, francisé en besales). Ces eaux drainaient des boues, des débris végétaux, de la pierraille. Dans la gorga (lo gourgo, francisé en gourgue), bassin de décantation, elle se décantait avant de se déverser dans la lavogne.

Reconstruite en 1907 dans de mauvaises conditions, cette lavogne ne gardait pas l’eau et fut entièrement refaite en 1936. Derrière la lavogne, on peut voir deux jasses ou bergeries destinées aux ovins ainsi qu’une grange (sans doute plus récente, encore debout) sur la droite, probables vestiges d’un ancien mas. Les deux jasses encore debout en 2009 ne sont désormais que des ruines.

Le chemin, plein nord, se continue par une « boissièra » qui, par « Lo Rajal de Pèire » amène à Sainte-Eulalie-de-Cernon (sentier de promenade balisé).
Marc Parguel