Opinion. « A75 : Un rapport qui se fait attendre »

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© Fédération des Grands Causses

Lors de la réalisation de l’A75 en 1996, les bassins de rétention obligatoires pour dépolluer l’eau d’infiltration contenant des pollutions chroniques (lessivage) et les pollutions accidentelles, ont été mal évalués, mal réalisés, sous-dimensionnés et leur dépollution ne fut pas prévue. Or, le trafic journalier ne cesse d’augmenter (25 000 véhicules jours, dont 3000 camions), avec son cortège de poids lourds chargés de matières dangereuses.

La Fédération pour la Vie et la Sauvegarde des Grands Causses n’a, depuis lors, cessé de dénoncer cette malfaçon qui risque, lors de pollution accidentelle notamment, mais pas seulement, de nuire gravement à la potabilité de notre ressource en eau…

Ces bassins sont conçus dans des dolines (relief formant un creux où s’accumulait l’eau déjà naturellement), à proximité des avens tout proches, qui permettent l’écoulement des eaux naturelles ravinant vers le dédale de galeries souterraines que sont les plateaux des Grands Causses. En 2015, la Fédération, les paysans et les citoyens du Larzac ont dénoncé, par des actions de terrain, les risques majeurs de pollution.

Ces actions ont entraîné une réelle prise de conscience des pouvoirs publics. Un P.A.I (Plan d’Amélioration de l’Itinéraire) est débloqué en 2016, mais l’enveloppe se révèle insuffisante au vu des 67 ouvrages (bassins) à réhabiliter.

Certes, des bassins (A44, 45…) ont été rénovés, mais ils ne répondent pas toujours aux normes : les bassins sont dix fois plus petits que ceux réalisés sur des autoroutes plus récentes, le traitement de la pollution chronique (matières en suspension, résidus d’hydrocarbures, de pneumatiques, d’échappements et autres déchets déposés par le trafic routier) n’est que trop peu pris en compte.

Seule la pollution en cas d’accident est envisagée, mais malheureusement la taille des bassins ne permet pas une rétention suffisante en cas de pluie importante, ce qui est paradoxal, d’autant plus qu’il n’est pas besoin d’être technicien pour comprendre que les chaussées mouillées sont bien plus accidentogènes. Un suivi des boues et de l’entretien de ces bassins sont régulièrement effectués par la DIR MC (Direction interdépartementale des routes Massif central). Un arrêté préfectoral intitulé « gestion des eaux pluviales de l’A75 » en établit les obligations pour l’exploitant.

Le « rapport annuel d’entretien et de surveillance en phase d’exploitation » est tenu (art 7) à la disposition du public par le pétitionnaire. Une première demande a été faite formulée auprès des services de la DIR MC, au mois de février 2024. Une réponse était promise en avril.

Première relance, car toujours rien au mois d’août. Sollicité par la Fédération, lors de la C.L.E (Commission locale de l’eau) du 9 décembre 2024, le sujet des bassins de l’autoroute a été abordé. Le 12 décembre, les services de Madame la sous-Préfète de Millau nous ont informés de son intervention personnelle auprès de la DIR MC, qui nous apprend que la « communication sera faite en temps voulu, début 2025 ».

Nous sommes déjà en mars… et de l’eau a coulé dans les bassins depuis un an ! À ce jour aucune réponse. Doit-on en déduire que les travaux de maintenance obligatoires ne sont pas réalisés ? Nous souhaiterions être rassurés.

Fédération pour la vie et la sauvegarde du pays des Grands Causses
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