Procès de trois militants de la Confédération paysanne : un épisode judiciaire sous haute tension à Millau

Millavois.com
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Lors des événements du 8 mars 2023.

Le tribunal de Millau accueillera, jeudi 20 février, le procès de trois militants de la Confédération paysanne Aveyron. Éric Darley, Francis Roux et Christian Roqueirol sont poursuivis pour « participation à une manifestation non déclarée » et « résistance aux forces de l’ordre ». Une affaire qui résonne comme un symbole des tensions entre mouvements sociaux et forces de l’ordre depuis la réforme des retraites.

Retour sur les faits

Les événements remontent au 8 mars 2023, au péage du viaduc de Millau. Ce jour-là, un collectif aveyronnais et des agriculteurs de la Confédération paysanne se mobilisent pour protester contre la réforme des retraites, adoptée par l’article 49.3 de la Constitution. Leur action : une opération « péage gratuit », qualifiée de « non violente et sans blocage de la circulation » par les organisateurs.

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Près de 60 personnes se rassemblent pour mener à bien l’initiative. Mais après environ une heure, « une trentaine de gendarmes des brigades locales, sans sommation ni discussion, ont essayé de nous repousser hors des voies de circulation et très vite ont violemment interpellé et menotté deux d’entre nous, Éric et Francis », déclarent les militants.

C’est à ce moment que la situation dégénère. Selon les témoignages recueillis, la répression policière aurait été « brutale » : gaz lacrymogène, bousculades et interpellations musclées. « Voulant s’interposer face à ces violences nous rappelant les décès de Georges Floyd et Cédric Coupia, plusieurs personnes ont été violemment repoussées », poursuivent les militants.

Christian Roqueirol aurait ainsi perdu connaissance après avoir violemment heurté le bitume, entraînant une incapacité totale de travail (ITT) de dix jours. Une manifestante aurait eu le poignet fracturé, une autre un tassement vertébral. Cinq d’entre eux ont porté plainte contre les forces de l’ordre. Mais ce n’est pas cette affaire qui sera jugée jeudi.

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Un procès sous tension

Le 20 février, c’est la plainte de six gendarmes qui sera examinée par la justice. Ces derniers réclament entre 500 et 1 000 euros de dédommagement pour « dommages et intérêts », alors « qu’aucun n’aurait été blessé », selon les militants.

Pour la Confédération paysanne, cette audience doit être « le procès des violences policières généralisées après l’adoption de la loi sur les retraites ». Une mobilisation est d’ores et déjà annoncée par les militants, qui souhaitent « dénoncer l’emploi de la force dans les conflits sociaux », « refuser que l’injustice s’ajoute à la violence » et « obtenir des réponses sur la chaîne de commandement qui a conduit à cette bavure ».

Le jugement de ce procès sera particulièrement scruté, alors que le débat sur les violences policières en France reste plus que jamais d’actualité.