Depuis son adolescence, Emilka n’a qu’un rêve, vivre de sa passion, les spectacles de feu. De sa Pologne natale jusqu’à Millau, c’est à force de travail et de persévérance que l’artiste a tracé son destin.
Millavois.com : Comment avez-vous découvert l’univers des spectacles de feu ?
Emilka Górnisiewicz : Depuis la maternelle, j’ai toujours aimé faire des petits spectacles. L’opportunité de devenir quelqu’un d’autre, d’incarner un personnage et de découvrir les choses d’un autre point de vue me fascinait.
C’est en Pologne, dans la ville de Raciborz, que j’ai découvert pour la première fois le jonglage de feu. J’avais 14 ans et j’étais bénévole dans une structure qui réunissait des personnes déficientes auditives et des mineurs en réinsertion autour d’ateliers cirque.
C’était vraiment un hasard. Un jour, j’ai cassé mes échasses et pour ne pas rester sans rien faire, je me suis mise à jongler avec un bâton de feu et à cracher le feu, grâce à un intervenant qui maîtrisait cette discipline.
L’adrénaline mêlée à l’impression d’avoir un super pouvoir et de maîtriser un élément m’a tout de suite accrochée. Je me suis rapidement investie de façon intense, en suivant les conseils de cet intervenant et en m’entraînant grâce aux ressources que je trouvais sur Internet.
Quel a été votre parcours ? Avez-vous suivi un cursus particulier ?
Cet atelier où j’ai découvert la jongle enflammée a donné lieu à un petit spectacle. Cela m’a confortée dans mon choix. Le circassien qui m’avait initiée à cet art m’a alors dit que j’étais maître de mon destin et que c’était à moi de tracer mon chemin.
Quelques mois plus tard, j’ai décidé d’organiser mon propre show, en parallèle de mes cours au lycée. J’ai continué à jouer dans ma région en Pologne et à me rendre aussi souvent que possible dans des conventions de jonglages, pour rencontrer d’autres artistes.
L’année de mes 18 ans et donc du Bac, j’ai signé un contrat pour une publicité à la télé régionale, ce qui m’a permis d’obtenir encore d’autres opportunités.
Comme je n’étais pas née dans une famille d’artistes et que j’avais des facilités à l’école, j’ai suivi le choix de mes parents et bifurqué vers un cursus universitaire en automatisme et robotique.
J’ai donc déménagé à Wroclaw, qui est une grande ville universitaire, ce qui m’a permis de rencontrer d’autres jongleurs et d’étendre mon réseau. Pendant près de deux ans, je suis restée dans cette voie d’étude, mais je ratais trop d’opportunités et je ne m’épanouissais pas.
J’ai donc décidé de me concentrer pleinement sur le spectacle. Ce qui m’a amenée à étudier le mime durant deux ans et à obtenir une licence d’animation. J’ai ensuite suivi un cursus de deux ans autour de la danse, puis intégré l’Académie des arts théâtraux, pour travailler autour de la mise en scène, pendant deux années supplémentaires.
Durant tout ce temps, je n’ai jamais cessé de faire des spectacles, d’échanger avec les autres artistes et de participer à des conventions aux quatre coins de l’Europe.
Comment êtes-vous arrivée à Millau ?
J’ai rencontré mon compagnon Yoann, qui est, lui aussi, artiste dans la Cie Vaporium. En 2020, nous nous sommes vus à Londres, en Allemagne et en Pologne lors de conventions, puis j’ai décidé de le rejoindre ici en France. C’était un choix personnel, mais aussi professionnel. J’ai toujours aimé voyager et la France offre également des conditions incomparables pour une artiste.
Comment crée-t-on un spectacle ? Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Ce que j’aime, c’est vraiment emmener mon public dans un univers. En ce moment, j’ai deux spectacles que je présente, avec des inspirations très différentes.
Le premier est une création plutôt destinée aux particuliers, qui s’appelle « Flammes d’Amour ».
À l’origine, c’est une commande d’un client pour un mariage. Je me suis tellement investie, que j’avais envie que l’aventure continue et c’est quelque chose qui plait beaucoup.
Mon autre création baptisée « Sur les chemins du Valhalla » est un spectacle autour de la thématique viking que je joue lors de festivals ou d’événements.
J’ai voulu élaborer tout le processus créatif que ce soit l’histoire, la chorégraphie, le choix de la musique ou encore la mise en scène. Pour les costumes, je me suis fait aider par Corinne de la Compagnie la Manivelle et par mes amis de la Cie Vaporium, pour la décoration.
L’arrivée en France et la période Covid ont été de gros chamboulements pour vous, pensez-vous avoir réussi à trouver votre équilibre aujourd’hui ?
Au début, c’est vrai que ce n’était pas évident, entre la barrière de la langue, puis le Covid.
D’un autre côté, ça m’a laissé justement le temps d’apprendre à bien parler et de me replonger dans la création. En 2023 et 2024, j’ai eu la chance de collaborer avec la Compagnie Libellule, qui m’a permis de jouer à différents endroits en France et d’obtenir pour la première fois mon statut d’intermittent.
En 2025, l’objectif est de consacrer plus de temps à la commercialisation de mes spectacles, avec la diffusion de supports de communication et la création d’un site web dédié à mon activité. J’espère pouvoir me produire plus régulièrement dans ma région. Et pouvoir partager ma passion avec les Millavois et les Aveyronnais.
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