Millau. Des jeunes du lycée Jeanne d’Arc attentifs à leur territoire

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La dernière semaine avant les vacances de Noël fut l’occasion d’une sortie hors de leur établissement scolaire pour ces lycéens de Jeanne d’Arc spécialité 1re et terminale HLP (Humanités, Littérature, Philosophie) qui se sont rendus au musée de Millau.

Des élèves, acteurs de leurs découvertes

En effet, comment faire pour que les jeunes s’intéressent à l’Art et apprennent autrement ? Comment aiguiser leur soif de découverte ? Comment ouvrir leur regard et leurs perspectives ? Comment leur donner le plaisir d’apprendre encore et encore ? En les emmenant au Musée tout simplement voir des objets du passé et du présent et tout en rencontrant des artistes bien vivants.

La première partie du travail devait placer les élèves dans la fonction de guides-conférenciers, en présence de la directrice, Katia Fersing. Rôle que ces derniers prirent avec beaucoup de sérieux et de talent. Venus visiter l’exposition en amont, ceux-ci ont tour à tour présenté les objets qui leur tenaient à cœur : bijoux gallo-romains, matériel d’hygiène corporelle d’une modernité incroyable, céramiques sigillées de la Graufesenque, amulettes funéraires, rituels de trépanation, etc. L’occasion de jeter un regard attentif sur la robe de parade de la cantatrice millavoise Emma Calvé ou encore sur le tableau de Théodore Richard, peintre de la première moitié du XIXe siècle, lui aussi issu de la cité du gant.

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Le tout, dans un souci de regard croisé avec des œuvres d’artistes contemporains telles que la photographie géante de la vallée de la Dourbie de Mick Avery, les céramiques d’écume de « feu » de Sophie Peynet, celle d’Allan Desquins, ou bien encore la fresque murale de Marion Delattre parmi d’autres propositions aussi riches que variées présentées dans les deux salles de l’exposition.

Enfin, succès frappant pour ces jeunes, « amoureux de la mode » comme ils l’avouent eux-mêmes, de la robe de Beyoncé réalisée pour l’un de ses clips par la fameuse maison de couture parisienne « On aura tout vu », située non loin du Palais Royal. Robe noire à l’encolure brodée complétée par la longue paire de gants noirs signés Maison Fabre. Il faut avouer que Beyoncé et le rappeur Jay-Ze sont des « habitués » des Musées puisque le duo n’a pas hésité en 2022 à investir une (très) grosse somme afin de pouvoir tourner son clip Apes**T parmi les plus belles collections artistiques du monde. De quoi doper considérablement la fréquentation du Musée du Louvre !

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Rencontre avec un artiste peintre contemporain : Antoine Dubruel

L’exposition « Autochtonies » propose d’aborder les objets, pratiques et imaginaires des Grands Causses à l’aune des collections muséales récoltées localement, mais encore, de les mettre en regard avec des œuvres contemporaines. C’est le cas de l’artiste Antoine Dubruel qui tente dans son travail de reconstituer de tête, en atelier, des « paysages mentaux » dont les contours ne peuvent que nous rappeler les gorges du Tarn, celles de la Dourbie ou bien encore de nos Causses et de la célèbre Puncho.

Après avoir tout récemment montré son travail dans l’orangerie du château de Sambucy lors des Journées européennes du Patrimoine et des vingt ans du viaduc, celui-ci s’est prêté, en toute sincérité, au jeu (sportif) des questions des élèves. En voici quelques-unes : Comment et pourquoi avoir choisi ce « métier » pas comme les autres ? Quelles sont les tâches, autres que peindre, que l’artiste doit accomplir pour vivre de son travail ? Peut-on parler de métier « collectif » ? Pourquoi représenter des paysages sans humanité ? Quel sens donner aux titres, souvent énigmatiques, des huiles ? Œuvre-t-il d’après l’esquisse d’un croquis ou sans modèle préconçu ? Quels sentiments traversent le peintre lorsqu’il peint ? Est-il doté d’une sensibilité particulière ? Que pense-t-il de la généralisation du numérique et de l’IA dans l’Art, etc.

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Dessins au pastel, encres de Chine monochromiques ou huiles sur toiles aux couleurs intenses, il en va pour les goûts de chacun parvenant à se projeter dans la toile et de s’y raconter une histoire. La sienne ? Quoi qu’il en soit, ce fut, pour cette sortie hors les murs, une rencontre généreuse en échanges qui s’est conclue par une formule riche de sens : « Au final, c’est juste beau » !

Comme quoi, emmener les élèves dans nos Musées, engager un dialogue entre passé et présent demeure toujours un moyen de mieux comprendre le lieu où l’on vit, les diverses influences qui le traversent, ce que l’on suit et, in fine, qui l’on est.

Exposition « AUTOCHTONIES » jusqu’au 4 janvier 2025 (entrée gratuite), Place Foch, Musée de Millau.

Élida Fabre

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