Le centre de loisirs Louis Bonniol : un héritage au service des enfants de Millau

Yannick Périé
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Mercredi 11 décembre, une conférence de presse était organisée au Centre de Loisirs Louis Bonniol, par Sylvie Martin-Dumazer, adjointe à la Ville de Millau, déléguée à la Petite Enfance, à la Jeunesse et à la Famille. C’était l’occasion de revenir sur l’histoire de ce lieu emblématique, mais surtout de mettre en lumière l’engagement indéfectible de l’association des Amis des Écoles Laïques (AEL) et d’évoquer le futur du centre, qui pourrait être cédé à la Ville de Millau.

Depuis sa création, l’association des Amis des Écoles Laïques se préoccupe du devenir des jeunes Millavois aussi bien à l’école qu’en dehors. Dès 1937, elle acquiert une propriété située dans le quartier de Malhourtet pour en faire des aires de jeu à destination des écoles. En 1967, la municipalité du maire André Maury désire construire sur ces terrains des logements sociaux (l’actuel quartier de Malhourtet), et propose leur achat. Les responsables demandent que ces terrains soient échangés avec un terrain situé à la Maladrerie. Cet échange est accepté et déclaré l’utilité publique. À partir de cette date, le centre de loisirs Louis Bonniol est créé.

Georges Gaubert et Sylvie Martin-Dumazer.

De la Maladrerie aux Hauts de Prignolles, en passant par l’école Martel

En 1988, une ordonnance d’expropriation est prononcée en vue de la déviation de la Nationale 9 et de la construction du pont du Larzac. Donc pour les étés 1988 et 1989, le centre de loisirs peut fonctionner, mais en 1990, il est déplacé dans une école de la ville, la maternelle de l’école Martel.

L’acquisition par l’association des Amis des Écoles Laïques du centre de loisirs Louis Bonniol situé, au 270 chemin des Hauts de Prignolles à Millau, où il réside encore aujourd’hui, s’est faite en 1992. Cette même année est créée l’association ALPE qui devient gestionnaire des centres de loisirs de la ville de Millau. À cette date, l’accueil de loisirs n’était alors qu’une maison qui sera transformée par la suite en centre de loisirs avec une première extension et une ouverture en 1994 pour les enfants. À partir de cette date, les centres de loisirs de Millau accueillent les enfants à l’école maternelle Jean Macé et à Louis Bonniol.

En 2009, sous la municipalité Guy Durand, l’association ALPE est dissoute et la municipalité de Millau devient alors gestionnaire des ALSH (Accueil de Loisirs Sans Hébergement) en janvier 2010. Une première convention est signée avec les Amis des Écoles Laïques dans laquelle sont spécifiées les conditions de mise à disposition des locaux. Celle-ci est revue en 2014 et signée pour une durée de 18 ans reconductibles.

Le Centre de loisirs Louis Bonniol au 270 chemin des Hauts de Prignolles.

Fermeture de l’accueil à Jean Macé

Dans cette mise à disposition sont inclus les travaux de rénovation de l’accueil de loisirs afin d’augmenter sa capacité d’accueil. Désormais, celui-ci peut accueillir jusqu’à 90 enfants maximum, 48 enfants de moins de 6 ans, et 42 enfants de plus de 6 ans au maximum. C’est toujours le cas.

En 2015, suite à la baisse de la fréquentation des enfants sur les accueils de loisirs à l’échelle de la ville, la municipalité de Christophe Saint-Pierre décide la fermeture de l’accueil à Jean Macé et de mutualiser ici tout l’accueil pour l’ALSH. Donc c’est depuis 2015 que tous les enfants viennent ici à Bonniol.

Aujourd’hui les enfants sont accueillis tous les mercredis et les vacances scolaires, uniquement sur le site Louis Bonniol, sauf pendant les grandes vacances d’été où l’école maternelle Albert Séguier accueille les plus petits, les trois et quatre ans. Ce nouveau fonctionnement permet de répondre au plus près aux besoins des familles et de leurs enfants.

Une histoire ancrée dans l’engagement associatif

Depuis ses débuts, le Centre de Loisirs Louis Bonniol a connu des transformations significatives, portées par une association qui a la laïcité chevillée au corps. Georges Gaubert, trésorier de l’AEL, explique : « À l’origine, quand Louis Bonniol n’existait pas encore, l’association des Amis des Écoles Laïques gérait celui de La Baumette avec la FCPE et le mouvement des Francs et Franches Camarades. La FCPE et les Francs et Franches Camarades se sont retirés, aussi nous sommes restés seuls propriétaires. »

Seulement voilà, au fil des années, la Baumette est confrontée à de multiples défis. La municipalité communiste de Sarcelles qui envoyait ses enfants en colonies de vacances, assurait un bon taux de remplissage. « Mais petit à petit cet afflux d’enfants s’est arrêté », rappelle Jean Fabre, président historique l’association des Amis des Écoles Laïques. Il a quand même fallu continuer d’entretenir le centre, essayer de l’améliorer… « Malheureusement un jour, quand il y a eu des contrôles de sécurité, il s’est avéré que la Baumette n’était pas du tout aux normes, notamment au niveau de la cuisine ou encore de la piscine. Ça demandait des travaux énormes et on n’a pas trouvé les financements. Alors on a vendu et on s’est alors orienté vers le centre aéré », explique Georges Gaubert. Tout l’argent a été réinvesti ici, au centre Louis Bonniol. 

Victor Fabre est l’actuel directeur du centre de loisirs.

Jean Fabre se remémore avec fierté : « Laïque un jour, laïque toujours ! J’étais président du centre aéré de la Baumette à l’époque. Avec la vente de la Baumette et ses 30 hectares, nous avons pu réinvestir dans le centre Louis Bonniol. Ce centre était déjà installé à la Maladrerie avant de devoir déménager. Nous avons alors acquis un terrain et une maison au 270 chemin des Hauts de Prignolles, ce qui a posé les bases du centre actuel. »

« Je tiens aussi à rappeler que l’association des Amis des Écoles Laïques avait hérité d’un terrain, route des Aumières. Une institutrice à la retraite qui s’appelait Mme Vidal en avait fait don à l’association pour l’accueil d’enfants en centre aéré, souligne Georges Gaubert. Ce terrain n’était pas adaptable, donc on l’a revendu à l’époque à la mairie. Avec la vente de ce terrain et la vente de La Baumette, on a réinvesti ici. » Et avec le temps, le centre a été modernisé pour offrir un environnement optimal. Jean Fabre insiste : « Chaque euro investi reflète notre engagement pour le bien-être des enfants. »

Une modernisation constante pour le bien-être des enfants

Un investissement rappelé par Sylvie Martin-Dumazer : depuis 2022 par exemple, 135.000 euros ont été investis par l’association des Amis des Écoles Laïques.

En 2022, 47.635 euros ont été investis pour la mise en place des volets roulants sur la face sud, pour occulter la chaleur, la pose d’un film anti-UV dans les puits de lumière, la rénovation du sol souple sur l’aire de jeu à l’extérieur…

En 2023, environ 40.000 euros étaient investis pour la clôture et l’aménagement d’un nouvel espace extérieur qui va être végétalisé, clôturé et nettoyé. Des arbustes ont depuis été donnés par la serre départementale et vont y être plantés certainement au mois de mars 2025.

En 2024, c’est 47.700 euros qui ont été investis pour le changement de la chaudière à gaz qui a été remplacée par des pompes à chaleur et la mise en place de la climatisation dans les deux salles d’accueil. Le terrain de foot en contrebas a été aplani et remis aux normes et puis tous les petits travaux, dont certains sont faits en régie par la Ville de Millau.

De gauche à droite : Marc Canac, secrétaire de l’association des Amis des Écoles Laïques, Mme et M. Jean Fabre, directeur de l’association, et Gorges Gaubert, trésorier.

En 2025, pas de gros travaux planifiés sinon les fenêtres qui devraient passer en double vitrage et puis le projet de l’alarme PPMS  (Plan Particulier de Mise en Sûreté) qui va devenir obligatoire. Georges Gaubert a aussi rappelé le projet porté par Agnès Cayrel, dans le cadre du budget participatif citoyen. Il s’agit de mettre à disposition une navette pour permettre l’accessibilité au centre de loisirs de Bonniol pour les familles non véhiculées.

Vers un avenir 100 % municipal ?

« On peut se réjouir en tout cas que les Amis des Écoles Laïques nous suivent depuis tant d’années et nous permettent d’effectuer de tels travaux sur ce site. Et il faut le dire, selon la CAF de l’Aveyron, on a quand même le plus beau centre de loisirs du département », se félicite Janine Creyssels, directrice du Service Education Jeunesse de la Ville de Millau.

Malgré ses réussites, l’avenir de l’association reste en suspens. Jean Fabre, son président, a annoncé son départ prochain pour des raisons de santé. « L’association pourrait être dissoute, mais nous envisageons de faire don du centre à la mairie pour garantir sa continuité », confie Georges Gaubert.

Le mot de la fin est revenu à Jean Fabre : « J’ai fait beaucoup de choses dans ma vie, j’ai milité dans des partis ou des organisations, mais vraiment, ça, c’est la plus belle chose que j’ai faite », a-t-il déclaré, les larmes aux yeux.

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