Jusqu’au XVIIe siècle, Massebiau dépendait du prieuré de Saint-Amans-de-Bouysse. L’église de Saint-Amans-de-Bouysse était située à mi-chemin entre le Monna et Millau, à l’endroit appelé plus tard Bariasse et aujourd’hui l’Hymen, à proximité du village de Massebiau.

C’est dans le cimetière de Saint-Amans que les Massaboviens étaient « ensevelis ». C’est au moment des guerres de religions (vers 1560) avec la plupart des églises de Millau et de ses environs que Saint-Amans-de-Bouysse et son presbytère furent détruits par les protestants.
Le curé vint alors s’installer au Monna qui, avec Creissels et Compeyre devait rester attaché à la foi catholique. Mais au Monna le curé de Saint-Amans-de-Bouysse n’en garde pas moins son titre de « curé de Saint-Amans-de-Bouysse et de Saint-Pierre du Monna son annexe ». La paix religieuse revenue les habitants de Massebiau réclament la reconstruction de leur église et le retour de leur curé.
Le 1er mars 1667, M. Jacques Sambucy, curé de l’époque passe avec le syndic « du mazage de Massebiau », une transaction devant Maître Delmas, notaire, par laquelle il s’engage à reconstruire la vieille église moyennant le consentement des habitants de Massebiau « que led.curé fera sa résidence au lieu du Monna ».

En attendant, la modeste chapelle du Monna devient vite insuffisante pour recevoir les fidèles, du Monna, de Massebiau et des fermes environnantes. Plusieurs fois les habitants du Monna demandent de l’agrandir, mais les paroissiens de Saint-Amans-de-Bouysse qui avaient la promesse de leur curé, et qui ne perdaient pas l’espoir de rebâtir leur vieux sanctuaire, continuaient à enterrer leurs morts à Bouysse, et refusaient de faire le moindre effort pour agrandir la chapelle du Monna, voire même pour l’entretenir.
Trois ordonnances des évêques ou des vicaires généraux de Vabres du 10 mars 1674, du 15 juin 1674 et du 28 avril 1682, demandant que l’église soit entretenue et agrandie restent sans effet et ne font qu’augmenter la tension qui existe entre les deux communautés de Massebiau et du Monna.
En 1678, P. Carratier, présent au synode de Vabres est prieur du Monna. D’après les registres de l’état civil religieux de la paroisse du Monna (archives municipales de Millau) la dernière sépulture qui se referma pour la dernière fois dans le cimetière de Saint-Amans-de-Bouysse, fut celle de Hildine Frayssinet de Massebiau le 21 janvier 1681.

Le dimanche 11 juillet 1682, le Consul du Monna Ricard, à l’issue de la grand-messe, rassembla les paroissiens pour leur donner connaissance de la dernière ordonnance de Mgr Baradat, évêque de Vabres, en date du 28 avril 1682 : « Les habitants du Monna décidèrent d’une commune voix d’obéir, mais ceux de Massebiau s’y refusèrent formellement et déclarèrent ne voulant point être enterrés au cimetière du Monna ». Les choses devaient en rester là lorsque, en 1687, les habitants de Massebiau décidèrent brutalement de reconstruire leur église en donnant ce travail à prix fait et moyennant la somme de 75 livres à deux maçons de Creissels : Pierre Granier et Étienne Fossemale.
Le 30 septembre 1687, Jean Prességol, agissant en tant que syndic, au nom des habitants du Monna, adresse à Mgr de Baradat et par l’intermédiaire de Maître Descuret, notaire à Millau, une nouvelle protestation contre l’action des paroissiens de Saint-Amans-de-Bouysse, auxquels il fait signifier d’avoir à discontinuer leurs travaux. Le 14 octobre 1687, en son château de Vabres, Mgr de Baradat rendait une nouvelle ordonnance où il proclamait que « l’entreprise des habitants de Massebiau est un attentat téméraire, scandaleux et injurieux à l’autorité de l’église… qu’il fait derechef, tant aux habitants de Massebiau qu’aux maçons de discontinuer cette construction à peine d’excommunication ».
Cette ordonnance est publiée au Monna le 24 décembre 1687. Les habitants de Massebiau ne peuvent que se soumettre, mais ils n’acceptent que ce qu’ils ne peuvent pas refuser. L’église du Monna est blanchie, des fonts baptismaux qui n’existaient pas dans l’ancienne chapelle sont installés ; le petit cimetière du Monna devient cimetière paroissial et l’église et le cimetière de Saint-Amans sont abandonnés à contrecœur par des Massaboviens qui se refuseront toujours d’aider à agrandir la chapelle du Monna qui désormais sera leur nouveau lieu de culte.
Marc Parguel