Vendredi 6 septembre à la Maison du peuple, la Compagnie Eiffage du Viaduc de Millau a rassemblé pour la première fois les protagonistes de la conception de ce viaduc hors-norme.
La bouteille de champagne qui éclate lors du clavage du pont, les piles montées à la manière des obélisques égyptiens sur le viaduc, ou encore l’inauguration par Jacques Chirac le 14 décembre 2004. Autant d’images et de souvenirs que les têtes pensantes de la conception du Viaduc de Millau se sont remémorés lors de la conférence nommée « Le viaduc de Millau, l’histoire d’une construction hors-norme ».
Pour débuter cette rencontre, Carole Delga a tout d’abord rappelé que les ponts permettaient de « créer du lien » et de « rassembler les hommes et les femmes ». Celui-ci offrant également un « désenclavement optimal de cet espace » est même devenu « un emblème de Millau et de l’Aveyron », a ajouté la présidente de la région Occitanie. Avant de débuter les tables rondes, Michel Virlogeux, concepteur en chef du Viaduc, a ensuite pris la parole pour décrire les étapes de la conception de cet ouvrage devenu monument.
Une conférence en trois angles
Le premier, autour de la genèse du projet avec Jacques Godfrain, ancien maire de Millau et ministre de la Coopération, Jean-Claude Gayssot, ancien ministre de l’Équipement, des Transports et du Logement, et Christian Leyrit, directeur des routes au ministère des Transports de 1989 à 1999. Tous trois ont alors décrit le côté politique de cet ouvrage qui n’est en réalité « qu’une grande déviation » comme le raconte Jacques Godfrain. Mais qui « ne représente pas seulement un franchissement du Tarn, mais bien un ouvrage de Causse à Causse », a complété Christian Leyrit en reprenant les mots de l’architecte Lord Norman Foster. Les anciens membres de ministère sont également revenus sur les difficultés auxquelles ils ont fait face pour mettre en route le projet, rappelant en chœur que certains le voyaient « défigurer le Larzac ». Jean-Claude Gayssot a ainsi conclu cette table ronde de manière humoristique, en soulignant notamment qu’il est un des seuls à avoir toujours cru en ce projet, qui a « mis fin aux 5 heures de bouchon dans la ville ».
Dans un deuxième temps, les principaux ingénieurs et concepteurs du Viaduc, à savoir Claude Servant, Marc Buonomo, Imed Ben Frej et Jean-Claude Mutel, ont pris place sur scène aux côtés de Michel Virlogeux, afin de revenir sur la construction du Viaduc. Ils ont ainsi détaillé tout le travail réalisé pour en arriver à cet ouvrage construit en 38 mois. Que ce soit pour le choix de l’entreprise Eiffage en tant que maître d’œuvre, ou encore pour l’étape du clavage, du lançage ou encore sur l’essai de charge du Viaduc, les cinq protagonistes ont livré des anecdotes sur le chantier, où 300 compagnons de la société Eiffage ont défilé jour et nuit pour arriver à la construction du plus grand viaduc haubané du monde.
Pour la dernière table ronde, Emmanuelle Gazel et Arnaud Viala sont intervenus pour décrire l’effet qu’a aujourd’hui et plus largement au quotidien, ce viaduc qui a permis de « placer Millau sur la carte du monde », comme le déclare la maire de la Ville. Il a notamment été question des retombées économiques de ce pont en concession où plusieurs millions de véhicules circulent chaque année. Emmanuelle Gazel en a également profité pour remercier le groupe Eiffage d’avoir accepté de participer à ces 20 jours de fête.
Pour conclure cette conférence, le directeur d’Eiffage Benoît de Ruffray a pris la parole, saluant le défunt Marc Legrand, figure emblématique de la construction du pont. Il a également décrit le chantier de ce viaduc comme « un des plus grands jalons de l’histoire du groupe » qui a permis « un avant et un après, avec une reconnaissance mondiale ».