Rendons-nous ce dimanche à l’entrée du Parc de la Victoire, et dirigeons nos pas sur la droite vers la stèle de la résistance placée là en 1964, sur un socle qui accueillit dans un premier temps la statue du célèbre entomologiste Jean-Henri Fabre, de Saint Léons.
Réplique d’une statue érigée à Saint-Léons
Une première statue exécutée par le sculpteur Millavois Joseph-Frédéric Antonin Malet (1873-1946) portant la date de 1923 fut inaugurée devant la maison natale de l’entomologiste, en août 1924. C’est M. Auguste Vezinhet, président du tribunal de Carcassonne, châtelain et maire de St Léons, qui prit l’initiative de la faire ériger. Pour réunir les fonds, un comité se forma sous la présidence d’honneur du poète François Fabié. M. A. Vezinhet lança un appel à toutes les communes de l’Aveyron, aux instituteurs, aux amicales aveyronnaises, disséminées dans toute la France (28 juin 1914). La guerre survint… Ce ne fut que le 3 août 1924 (il y a juste 100 ans) que la Solidarité Aveyronnaise, de concert avec la Société des Lettres érigèrent la belle œuvre de Malet devant « l’oustal pairal » du grand entomologiste. Auguste Venzinhet n’aura pas eu le temps de voir le monument, car il disparut trois ans plus tôt : « La solidarité aveyronnaise l’a fort bien compris, en inaugurant dans son pays natal le monument Fabre, elle a rendu un éclatant hommage à cet observateur « inimitable », à ce conteur ravissant qu’on a souvent comparé à La Fontaine, à ce savant trop longtemps méconnu, qui, selon le mot d’Edmond Rostand, « pense en philosophe, voit en artiste et s’exprime en poète » (Messager de Millau, 6 septembre 1924).
Inauguration du monument Fabre au Parc de la Victoire (octobre 1925)
Peu après l’inauguration de ce monument à Saint-Léons, le syndicat d’initiative de Millau sollicite une subvention de l’Etat pour avoir sa réplique en bronze.
Cette œuvre ne tarda pas à être dupliquée et fut mise en place dans le Parc de la Victoire en 1925 comme nous le rappelle le Journal de l’Aveyron : « Le 28 octobre, en une cérémonie tout à fait intime, le monument de l’entomologiste Fabre a été officiellement remis par le Comité à la ville de Millau.
M. le docteur Bompaire, président, a exposé en quelques mots, simples et partis du cœur, que le Comité avait jugé utile de rendre un public hommage à l’enfant de Saint-Léons qui, par un labeur acharné, s’était élevé aux plus hauts sommets de la science,et, en même temps, doter la ville de Millau d’une belle œuvre d’art. Si on ne donne pas à cette cérémonie un caractère solennel, c’est en dehors de la question de dépenses considérables que le Comité n’aurait pu assumer, parce que la statue n’est pas une œuvre originale, mais simplement une réplique de la belle œuvre de Malet, inaugurée solennellement l’an dernier à Saint-Léons. »
M. le docteur Bompaire, ayant fait observer au cours de son speech, qu’un certain nombre de Millavois avaient réservé leur souscription au monument Fabre, tant que le monument aux Morts de la guerre ne serait pas élevé… (le monument aux morts sera érigé en 1929). Ensuite lecture est donnée du procès-verbal de cette cérémonie : « Voici donc érigée à Millau la statue de J.-H.Fabre, « une des plus hautes et des plus pures gloires que possède le monde civilisé », selon l’expression de Maeterlinck. Et ainsi, selon les vœux du Comité, la glorification de J.-H. Fabre se trouvera complète et harmonisée et la commémoration de la grande figure de notre compatriote se perpétuera non seulement dans le village reculé du Levézou qui le vit naître, mais aussi à Millau, chef-lieu de son arrondissement natal. Et là, dans la cité si fréquentée des touristes et des visiteurs, la saisissante effigie de Malet ne courra pas le risque de rester trop méconnue ou ignorée. » (Journal de l’Aveyron, 8 novembre 1925).
Ce bronze réplique de celui qui se trouve encore à Saint-Léons fut enlevé par l’occupant aux abois en 1942 et jamais remplacé. Son socle sur lequel on peut lire à l’arrière J. Compan, G. Spring allait rester orphelin pendant 22 ans avant d’accueillir la Stèle de la Résistance érigée en 1964, vingt-ans après la libération de Millau.
La stèle de la résistance (1964)
On voit devant ce monument et relié à lui, sur un plan incline et ondulé : un drapeau français. Au-dessus et inscrite sur la face antérieure du socle de faible hauteur la dédicace :
AUX HEROS DE LA RESISTANCE
1940 MORTS 1944
POUR LA FRANCE ET POUR LA LIBERTE
À la partie supérieure du socle pendent les deux morceaux d’une chaîne brisée. Le symbole est clair : les chaînes de l’oppression ont été brisées par les alliés avec la contribution de la Résistance que représente la Croix de Lorraine. Le monument est dédié aux héros de la résistance, morts pour la France et pour la Liberté », originaires de la région ou domiciliés sur la commune, tombés, sur tout front de Résistance, pour que la France, libérée, retrouve sa souveraineté et son indépendance, pour que soit libérée aussi toute nation sous domination nazie.
Marc Parguel