La conférence de presse des membres du groupe d’opposition « Millau en Action » qui a lieu ce mardi soir au café Bocca Reva était très attendue. En jeu, savoir si oui ou non, les sept élus d’opposition réunis autour de Christophe Saint-Pierre allaient à leur tour annoncer démissionner entrainant de facto de nouvelles élections municipales.
Après diverses démissions au sein de la majorité, la démission collective de l’opposition « Saint-Pierre » annoncée ce soir aurait pu mettre le coup de grâce à la municipalité d’Emmanuelle Gazel en ouvrant la voie à de nouvelles élections municipales.
Mais si les sept élus démissionnent (Christelle Sudres Baltrons, Flora Gaven, Claude Assier, Roger Laborie, Alain Nayrac, Thierry Solier et Christophe Saint-Pierre) il n’en est pas de même de la totalité de la liste puisque Nathalie Fort a annoncé qu’elle ne démissionnerait pas. Les Millavois ne vont donc pas retourner aux urnes.
Le moment étant jugé « solennel », Christophe Saint-Pierre a lu un communiqué avant de répondre aux questions des journalistes.
« Démission du conseil ne signifie pas pour nous abandon de poste »
« Depuis plusieurs mois, nous assistons au délabrement régulier de la majorité municipale allant de démission à refus de siéger. Emmanuelle Gazel perd peu à peu celles et ceux qui lui avaient fait confiance au point de partager avec elle le même engagement municipal. Nous sommes spectateurs d’une mauvaise série télévisée dont il serait bon de donner le clap de fin. Une situation inédite pour notre conseil municipal qui voit la cheffe de l’exécutif mise en difficulté et affaiblie par sa propre majorité. Un conseil qui vit au jour le jour dans un climat d’instabilité, incompatible avec la sérénité nécessaire pour assurer une bonne gouvernance.
Au-delà des dissensions persistantes au sein même de son groupe, c’est l’attitude et les méthodes d’Emmanuelle Gazel qui entâchent ce mandat depuis trois ans. Le gâchis autour de la piétonnisation est le meilleur exemple. Une façon d’agir que nous avons maintes fois dénoncée. Alors que nous avions montré notre volonté d’être une opposition constructive, et après avoir proposé de participer aux réflexions autour de sujets sensibles, c’est une fin de non-recevoir qui nous a été proposée. Arrivées à la mi-mandat, nous avons acquis la conviction qu’aucun projet de ville ne guide l’action de la majorité qui avance à l’aveugle sur tous les sujets structurants. Nous avons le vif sentiment que Millau décline et que la population perd confiance en ses élus, que l’économie piétine, que l’image de notre ville s’effrite.
Face à cette situation inédite, provoquée rappelons-le par la crise de la majorité avec pas moins de 14 membres ayant quitté le navire, nous sommes convaincus de la nécessité de devoir retourner aux urnes, de se confronter à nouveau aux électrices et aux électeurs souverains et de solliciter leur confiance. Pour rester fidèles à cette conviction, et ouvrir la voie au renouvellement, nous avons pris la décision de démissionner du conseil municipal. Dès jeudi, nous adresserons nos lettres à madame la maire et nous enclencherons le processus de démissions successives des membres de notre liste « Millau en action ».
Par notre décision, nous voulons exprimer un choix fort, légitime, clair et responsable. Celui d’élus pleinement engagés pour notre ville qui constatent le désarroi de la population et une aspiration forte au changement. Il ne s’agit en rien d’une démarche opportuniste, revancharde ou encore politicienne, comme elle ne manquera pas d’être qualifiée. Bien au contraire, nous y voyons là un acte volontariste, celui de pouvoir nous soumettre au verdict des urnes et de redonner véritablement la parole à la population.
D’aucuns nous conseillent d’attendre sagement 2026, de ne pas prendre de risque, d’attendre qu’Emmanuelle Gazel poursuive sa descente aux enfers pour en récolter ensuite les fruits lors des prochaines échéances. Ce n’est pas notre conception de la responsabilité et du courage politique. Millau va mal et nous ne pouvons pas nous réfugier dans le rôle d’observateurs d’opposition. (…)
Nous devons avoir le cran et l’audace de rendre les choses possibles. Seule Nathalie Fort a pris la décision de ne pas démissionner et de siéger au conseil. Cette position, dont il ne nous appartient pas d’exposer ici les motifs, rend dans l’immédiat la tenue d’élections anticipées impossibles. Nous le regrettons vivement et sa position ne doit pas nous faire reculer dans nos certitudes. Certes, si le contexte suite à de nouvelles démissions dans la majorité ou celle de Nathalie Fort devait évoluer au point de convoquer les électrices et les électeurs, le mandat qui serait alors donné à la nouvelle majorité aurait une limite de deux ans. Les deux années qui pourraient être mises à profit pour redonner confiance à la population, pour retisser des liens de proximité, pour redonner espoir aux investisseurs, pour relancer de véritables réflexions de fond sur des sujets majeurs.
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Quant à l’argument de dire « de nouvelles élections bloqueraient la vie de la cité et de sa communauté », il est fallacieux. Rappelons simplement ce que nous disent les textes : l’autorité préfectorale dispose d’un délai de trois mois pour organiser de nouvelles élections et ce n’est pas le temps des désignations post-élections qui empêcherait le fonctionnement quotidien des collectivités. Quoi qu’il en soit, nous ne voyons pas aujourd’hui quels projets structurants lancés par la majorité actuelle pourraient souffrir de retard, il n’y a pas de projet. Les seuls projets en cours sont ceux que nous avons lancés. Démission du conseil ne signifie pas pour nous abandon de poste. Bien au contraire. Nous sommes plus que jamais engagés à continuer de dénoncer les choix, les positions, ou encore les initiatives que pourrait prendre Emmanuelle Gazel et qui nous sembleraient contraires aux intérêts de Millau.
Nous assisterons aux conseils municipaux et communautaires dans les rangs du public et nous ne manquerons pas de prendre position. Nous le ferons certes différemment et en particulier grâce à l’association Millau en Action forte aujourd’hui de 124 membres actifs et sympathisants qui tiendra son assemblée générale cette semaine. Nous continuons avec détermination notre action avec pour seul moteur l’intérêt de Millau. »