Il faisait l’admiration de tout le monde équestre français ou étranger. Aussi bien celui du Cadre Noir de Saumur que du simple promeneur découvrant nos chemins et sentiers du Lévezou, ceux de la vallée du Lot, de l’Aveyron, du Tarn et de la Sorgue, de l’Hérault et du Gard.
Aussi bien devant les plus grands de ce monde que devant les plus humbles de ses amis, il avait quelque chose d’invincible. Ses chevaux pourraient témoigner à notre place qu’il n’avait jamais pratiqué la force et la violence pour leur faire faire ce qu’il voulait.
Un jour, il me dit avec la douceur et la fermeté qui étaient siennes, à l’occasion du Salon du Cheval à Paris : « Il faut que je traverse Paris à cheval avec des amis pour rejoindre la Porte de Versailles via le ministère de l’Agriculture ! ».
Son nom fut le sésame et le grand maire de Paris de l’époque lui répondit immédiatement positivement à sa demande.
Je sais que sa maman l’a accueilli dès son arrivée, là où elle se trouve, avec une part de tarte aux noix qu’elle confectionnait à merveille et qu’elle offrait généreusement aux amis de passage à Salmiech.
Jean-Yves, je sais que tu nous écoutes. Alors, veille sur ceux qui sont les complices de ces équidés que l’on croit sans âme, alors que nous savons bien qu’ils n’obéissent qu’aux humains qui ont l’intelligence de leur parler du fond de leur cœur.
J’ai pu assister à une de ses dernières leçons avec une élève. A peine pouvait-il rejoindre le manège où un vieux fauteuil l’attendait, et à distance, en quelques mots, il conseillait, suggérait. Ses ordres étaient plus des caresses de l’ouïe que des vociférations brutales.
Jean-Yves était plus qu’un exemple, il était à la fois notre frère, notre ami, mais surtout notre modèle.
Nous te serrons bien fort dans nos bras, mais ne lâche pas les rênes…
Jacques Godfrain,
ancien ministre, député honoraire de l’Aveyron et ancien maire de Millau