ActualitéPolitique
A la Une

Millau. Les maires des petites villes appellent le gouvernement « à ne pas couper les ponts »

Jeudi 1er et vendredi 2 juin, des membres de l’Association des petites villes de France, des maires ainsi que plusieurs ministres se sont rassemblés à Millau pour évoquer les défis qui attendent demain les petites villes. Les 500 manifestants qui faisaient entendre leur colère contre la réforme des retraites à grand renfort de casserolades place Foch n’ont pas empêché la tenue des débats.

Alors qu’un impressionnant dispositif de sécurité était déployé à l’extérieur, les murs du théâtre de la Maison du Peuple accueillaient 400 maires des petites villes de France pour les 25e assises des petites villes de France. Pour l’ouverture de ce rassemblement exceptionnel, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et Christophe Bouillon, président du Conseil d’administration de l’Agence Nationale de la Cohésion des territoires et de l’association des petites villes de France ont été accueillis par Emmanuelle Gazel, aux côtés de Carole Delga présidente de la Région Occitanie, et Arnaud Viala président du département qui n’ont pas manqué de faire la promotion de Millau, du territoire aveyronnais et plus largement de la Région Occitanie.

Dans son discours d’introduction, le président de l’association expliquait le choix logique de la ville de Millau pour y installer l’évènement en le justifiant par « le sentiment partagé d’y être bien ». Mais aussi en citant Martin Malvy, « les petites villes, ça compte ! », et Millau fait certainement et historiquement partie de celles-là.

Publicité

« La peur ne doit pas être du côté des maires »

Au cœur des débats et des échanges lors des tables rondes, parmi les nombreuses préoccupations des édiles, les violences quelles qu’elles soient envers les élus, que chaque intervenant a fermement condamnées avec en toile de fond l’un des derniers évènements marquants sur le sujet, l’agression qui a conduit à la démission du maire de Saint-Brévin-les-Pins.

Christophe Bouillon, auteur d’une récente tribune sur le sujet, a insisté sur « la nécessité d’un retour à la démocratie avec un soutien des ministres aux maires, et moins de violence globale ». Il a rappelé que « la peur ne doit pas être du côté des maires », en citant Jean Moulin ancien préfet de l’Aveyron. Une idée confortée par le ministre de la Transition écologique qui déclare qu’il y a « des petites villes, mais pas de petits maires » et que « ceux-ci vivent parfois dans la solitude ».

Christophe Béchu souhaite ainsi qu’il n’y ait « pas d’indignation sélective pour les attaques contre les élus » et invite à « utiliser des arguments et rester dans le débat démocratique. « A partir du moment où on considère, on tolère on légitime on excuse, même du bout des lèvres la violence, on ne peut pas ensuite venir pleurer des larmes sur ceux qui auront pris au pied de la lettre le fait qu’en République et en démocratie, toutes les manières de s’exprimer étaient les bonnes. »

Bâtir des ponts

Maîtres mots au cœur de toutes les interventions, et c’est tout un symbole dans la ville qui arbore fièrement le plus haut viaduc à haubans du monde : « bâtir des ponts, ne pas couper les ponts, garder les liens entre les élus hommes et femmes des territoires et ceux du gouvernement ». Dans les échanges et les interventions, les grands défis écologiques de demain, le ministre a notamment dit vouloir une « cohésion des territoires pour cette transition écologique, même au niveau local ». L’Aveyron devrait d’ailleurs être le premier département à tester la décarbonisation dans les collèges.

Au menu des tables rondes également, la sobriété foncière, la mobilité et le désenclavement des petites villes, la revitalisation des centres-villes, le logement et la démographie, mais aussi la lutte contre la désertification médicale et les questions d’attractivité de petites villes. « Aujourd’hui, quand les gens changent de commune, ils ne se demandent pas s’il y a une école, mais s’il y a un médecin pour avoir accès aux soins, déclare Christophe Bouillon, qui imagine même « un droit opposable à la santé ».

Après les différents temps forts de ces deux jours, c’est François Bayrou qui a clôturé les assises sur les sujets de la crise démocratique et de la nécessité de renforcer le lien civique.

À l’issue de son congrès, l’Association des Petites Villes de France (APVF) a adopté sa résolution pour les 25e Assises des petites villes. Elle appelle notamment le gouvernement « à ne pas couper les ponts avec les territoires et les maires des petites villes en réaffirmant les atouts et rôles incontournables des petites villes sur l’échiquier territorial et leur volonté de ne pas être oubliés dans les projets de réformes en préparation. Une vigilance accrue face aux incivilités et aux violences faites aux élus est également aux plus hautes instances de la République ».

Lire l’intégralité de la résolution

© Baptiste Brouillet
© Baptiste Brouillet

Bouton retour en haut de la page