Direction le Causse du Larzac cette semaine. Après être passé devant Saint-Martin du Larzac, il faut prendre à droite au carrefour de Montredon, en direction de Saint-Sauveur. De la ferme des Homs, celle de Baylet est facilement accessible à pied par le GR 71 D. Si la ferme des Homs a été sauvée, devenant même célèbre pour ses vinaigres aromatisés et délicieux apéritifs, si la ferme de l’Aubiguier a également été restaurée de main de maître avec son magnifique toit-citerne, il n’en est pas de même pour celle de Baylet, dont la majeure partie des bergeries sont sans toit ni lauze. Seule une partie a été restaurée notamment pour accueillir les chasseurs locaux. Pour autant la ferme n’est pas abandonnée, un troupeau de brebis y est en pacage assez régulièrement.
Approchons-nous du domaine, c’était autrefois une ferme monumentale. Confortablement calées au flanc d’une combe, ses longues bergeries et ses bâtiments d’habitation aux beaux portails de « maître » font face au soleil levant, à l’abri des vents froids. Les lignes de ses toits de lauzes se coulent si parfaitement dans le paysage qu’on ne les distingue qu’une fois sur place, à mesure qu’on descend ses escaliers et ses terrasses échelonnées. Il faut aller jusque sur la butte opposée pour saisir l’harmonie de l’ensemble.
D’où lui vient son nom ? D’après Jacques Astor, il faudrait davantage chercher l’origine dans Veilet. L’étymologie en serait celle de « valet » français : le bas latin vasselitus ayant évolué en vaslet : valet en français et vailet en occitan (prononcé « Baïlett »)
Le hameau comptait 12 habitants en 1868.
Baylet fut longtemps une des plus grosses exploitations de l’est du Larzac. Son aire de battage est censée être la plus vaste et la mieux construite de tout le plateau. Bœufs, chevaux, porcs y abondaient, de même que les moutons.
Les derniers exploitants, deux frères, l’un veuf et l’autre vieux garçon, étaient renommés pour leur rudesse : par économie, ils faisaient tuer le cochon le vendredi pour ne pas avoir à servir de viande aux gens qui venaient les aider. La plus grosse bergerie avait été construite en 1906, pour « voir grand ». La voûte avait été bourrée de très grosses pierres ramassées au hasard et la pesée était trop forte : elle s’est effondrée dans les années 1950.
L’aspect de désolation de Baylet est poignant, à la mesure même de la qualité exceptionnelle de ses structures bâties. Les linteaux sont effondrés, les lauzes et les arceaux taillés ont été pillés, de même que le dallage ancien de la maison de maître. Abandonné depuis 1929, le domaine fut acheté en 1966 par un habitant de la Malène. Pendant des décennies, des transhumants et fabricants de fromages de chèvre qui montaient de Saint-Martin de Londres, se servaient des bâtisses pour y mettre leurs troupeaux. Bien entendu ces bâtiments n’avaient ni eau courante ni électricité.
Aujourd’hui encore, des brebis viennent séjourner à Baylet, on y voit une très belle lavogne, et au-delà des ruines, le panorama vaut vraiment le détour.
Marc Parguel