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Millau. Un déménagement compromis dans le nouvel EHPAD « Les Terrasses des causses »

Alors que le nouvel EHPAD « Les Terrasses des Causses » s’apprête à ouvrir ses portes au mois de juin 2023, l’inquiétude monte chez le personnel soignant qui a souhaité par la voix de sa jeune « intersyndicale CGT SUD » alerter les familles et les usagers sur les futures conditions d’accueil des résidents.

L’établissement recevra très prochainement 190 seniors jusqu’ici répartis dans les EHPAD de Saint Côme, l’Ayrolle et Sainte-Anne. Le déménagement est prévu en plusieurs phases au mois de juin, mais l’intersyndicale de l’EHPAD des Terrasses des Causses tire la sonnette d’alarme et fait d’ores et déjà savoir que « dans les conditions prévues, le personnel des trois établissements ne déménagera pas ».

Réunis devant le bâtiment flambant neuf rue Jean Moulin et à la faveur d’une conférence de presse, les représentants de l’intersyndicale ont précisé les raisons de cette prise de position motivée selon eux par « un risque imminent de maltraitance institutionnelle causée par des choix au rabais dictés par l’ARS (Agence Régionale de Santé) et la direction sous contraintes financières, et un manque de personnel ».

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L’envers du décor

« Derrière la vitrine d’un beau bâtiment, il y a l’envers du décor. C’est une usine qu’on nous propose. On est loin du compte et des engagements de départ, même les jardins ont disparu ! Nous allons travailler en sous-effectif nuit et jour avec un rythme insoutenable pour les équipes qui va surtout engendrer de la maltraitance sur les résidents, c’est pour eux que nous sommes là aujourd’hui », lance Cédric Torres, le porte-parole de l’intersyndicale avant de lister « les aberrations de l’organisation du nouvel EHPAD ».

Parmi les incohérences soulignées, « il n’y aura qu’un infirmier pour 72 patients (contre un pour 46 chez leurs voisins saint-affricains) et un aide-soignant pour réaliser 10 toilettes le matin, ce qui laissera 16 minutes montre en main pour chacune d’elles. À l’heure actuelle, elles durent environ 30 minutes, ce qui est déjà en dessous du temps nécessaire évalué à environ trois quarts d’heure à deux soignants pour respecter le protocole d’une toilette dans des conditions normales. C’est tout simplement impossible et des toilettes ne pourront pas être faites tous les jours », conclut-il.

« Il n’y a plus d’humanité, on nous donne l’impression que le résident est devenu une marchandise, leur prise en charge est catastrophique et nous avons peur qu’elle engendre des syndromes de glissement », confient les soignants dépités qui avouent leur « malaise » de devoir travailler en « incohérence totale » avec leurs valeurs.

Un accompagnement négligé

Les représentants syndicaux précisent qu’en plus du stress inévitable généré par le déménagement, « l’accompagnement psychologique des résidents » aurait lui aussi été « sous-estimé ». « Depuis la suppression du poste d’infirmier spécialisé en santé mentale que la direction a choisi de faire basculer en cadre, il n’y a plus qu’une psychologue pour 190 personnes, comment voulez-vous qu’elle s’occupe de tout ce monde, c’est impossible. À cause des normes de sécurité, les résidents ne peuvent même pas emmener un meuble rappelant leur vie passée. Contrairement à ce qui avait été annoncé, ils seront tous mélangés sans tenir compte de leurs pathologies ou des liens tissés avec leurs compagnons ces dernières années. Pourtant nous avons alerté la direction sur toutes les conséquences, pertes de repères, stress, anxiété, désorientation… clament d’une seule et même voix les représentants syndicaux. Malgré des groupes de travail desquels avaient émergé des propositions, ce sont des bureaucrates qui prennent les décisions et qui ne savent pas ce qu’est un soin ni le temps que ça prend ! », déplorent-ils.

Ce même jour, des représentants syndicaux avaient rendez-vous avec Emmanuelle Gazel, dans l’espoir qu’à son tour elle porte leur parole vers les hautes instances de la santé décisionnaires afin, ils l’espèrent, « qu’elles revoient vite leur copie et que des solutions soient trouvées pour préserver le bien-être physique et psychologique des résidents et leur accueil dans des conditions dignes et respectueuses ».

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