Opinion. Léon Maillé adresse une lettre ouverte au Préfet de l’Aveyron

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« Monsieur le Préfet,

Selon la presse (à propos des pénuries d’eau), le ministre Béchu vous a invité à « ne pas avoir la main qui tremble pour prendre des arrêtés »…

Pour ma part, fidèle à mes habitudes, je n’ai jamais eu la main qui tremble quand il a été nécessaire de dénoncer des actes odieux, fussent-ils perpétrés par un ou des énergumènes cachés sous un uniforme, comme ce mercredi 8 mars au péage du viaduc de Millau.

Normalement, gendarmes et policiers se doivent d’être « des gardiens de la paix » : noble tâche ! Hélas, ce jour, ils ont entaché leurs uniformes du sang de trois militants, eux, au parcours de vie exemplaire (sauvegarde victorieuse du Larzac face à l’armée, lutte réussie contre les OGM dans les champs, défense d’une agriculture paysanne propre, etc.). Je doute que chez ces fonctionnaires de bleu vêtus, il y ait autant de valeur morale que chez ces trois syndicalistes massacrés. Sur les photos, on avait l’impression de chiens enragés s’acharnant sur des victimes au sol. Que des syndicalistes pacifiques soient traités comme des terroristes révulse tout citoyen censé ; pas étonnant que la Ligue des Droits de l’Homme se soit elle aussi insurgée. Or, la LDH étant surtout connue pour dénoncer des exactions perpétrées dans les dictatures : faudrait-il alors penser que la France serait en train d’en devenir une ?

C‘est l’histoire qui jugera nos gouvernants actuels, aussi ignobles que menteurs. Bien des vidéos dévoilent leurs méfaits ; mais s’en rendent-ils compte ? Il y a trois ans déjà, j’avais alerté les autorités du département sur l’attitude scandaleuse et absurde des gendarmes à propos du Covid. Une semaine plus tard, le colonel Fagard, penaud, tentait de rattraper le coup lors d’une conférence de presse annonçant la visite des gendarmes sur les marchés et dans les supermarchés afin de restaurer les liens avec la population. Qui pourrait croire que les images du 8 mars vont dans ce sens ? Ironie du sort, le journal quotidien du 3 mars titrait « La gendarmerie cultive le contact avec la population locale ». C’était à Salles Curan… pas au viaduc !

(…)

« Indignez-vous », clamait en 2010 Stéphane Hessel. Après ces images du 8 mars, comment ne pas faire sien ce slogan du co-rédacteur de la Déclaration des droits de l’homme ?

Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, mes salutations aussi déterminées que respectueuses. »

Léon Maillé

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