Qui aurait pu prédire que le carnaval de Millau tomberait le samedi 25 mars ? Qui aurait pu prédire que son sujet serait « la crise climatique » ? Qui aurait pu prédire que fanfares et batucadas seront au rendez-vous donné à toute la population place du Mandarous à 16h ? Qui aurait pu prédire qu’il soit parfois si difficile de choisir entre un déguisement de canicule, d’orage, de sécheresse, de grêle ou de crue ?

C’est pour expliquer tout cela que le Collectif Carnaval donnait rendez-vous à la presse, ce samedi matin, et surtout pour présenter l’animal totem du sacrifice : une girafe. Mais attention pas n’importe quelle girafe : une girafe qui a tellement chaud et soif en raison des changements climatiques qu’elle est obligée de se désaltérer en léchant un ours polaire planté au bout d’un bâtonnet de glace…
« C’est la particularité du carnaval millavois qui est inscrit dans la tradition occitane, avec ce côté subversif, nécessaire parfois pour faire bouger un peu les esprits, rappelle Françoise Pouget, membre de l’Association des peintres et sculpteurs millavois. Ce n’est pas étonnant qu’à Millau cette tradition se perpétue. Il y a eu quelques petites tentatives dans l’histoire de le transformer en un carnaval plus soft, mais ça n’a pas pris. Millau reste le pays des têtes dures, le pays des rouspétaïres… »
Un mois et demi pour fabriquer la mascotte
« On a repris notre cycle de construction, se félicite David Libourel (DAF), le créateur en chef de la mascotte. L’an dernier nous avions achevé une mascotte qui était restée pendant deux ans au local (en raison du Covid, NDLR), là on repart sur un nouveau projet. On a recréé notre collectif, on a retrouvé nos soudeurs, nos cartonnistes, nos emballeurs et nos peintres, et nous sommes partis sur le thème du réchauffement climatique. On va mettre le feu à l’enfer ! »
Il aura fallu un mois et demi de travail, et entre 20 à 25 personnes, pour fabriquer cette mascotte et tous les petits détails qui vont l’entourer, tous liés à l’actualité climatique…


Encore une semaine pour faire la gueule
« Le carnaval, c’est la convergence d’un tas de talents bénévoles, c’est une œuvre collective qui appartient aux Millavois. Ce n’est pas tout à fait par hasard qu’il y a un carnaval à Millau, souligne Hervé Marcillac, directeur de la MJC et coordinateur du collectif. Sur le département de l’Aveyron, des carnavals de cette dimension-là, il n’y en a nulle part ailleurs. C’est un événement qui pourrait créer une dynamique touristique autour de la tradition occitane qui est bien ancrée ici. »

« Il y a à Millau une tradition contestataire, assure-t-il. L’exercice de la démocratie n’est pas toujours facile, il nécessite que les opinions, à moment donné, soient mises en débat, et du coup pour que la démocratie existe, il faut que l’on trouve là toutes les idées possibles. On peut faire un carnaval consensuel, fait pour les enfants, mais pour le coup ce n’est plus un carnaval occitan. Ou alors on fait un carnaval dans la pure tradition : on met sur le bûcher tout ce qui nous pose problème. Alors si vous avez des raisons de faire la gueule aujourd’hui, profitez-en parce qu’à partir du 25 mars on aura mis tout ça sur le bûcher ».
Qui aurait pu prédire que l’équipe des Peintres et Sculpteurs du Vieux Moulin accueille les bénévoles désireux de participer à la réalisation de la mascotte qui sera jugée et brûlée au parc de la Victoire ?

