A 74 ans, le ferronnier d’art de la rue Louis Julié à Millau est une figure locale qui semble résister au temps. Toujours autant passionné par son métier, il travaille encore et toujours, dans son atelier-exposition.
Jean-Robert Delmas a rallumé la forge. Et c’est comme une flamme jamais vraiment éteinte qui s’est ravivée dans son regard. Lui, le fils de la troisième génération de ferronniers a commencé dans le métier il y a 60 ans ; au même lieu, déjà. Son grand-père avait été Compagnon du devoir et l’entreprise a connu jusqu’à six salariés. Mais ça, c’est une autre époque. Les modes de vie étaient différents, les modes de consommation et les habitats aussi.
Pourquoi être devenu ferronnier ? Il avoue ne jamais s’être posé la question. Pour lui, c’était une évidence. « Je suis né là-dedans, je travaille à la suite du père, voilà tout. »
Mais Jean-Robert Delmas a voulu se démarquer. Lui, le passionné d’art, s’est toujours considéré comme un artiste autant que comme un artisan. Il a donc créé et développé son travail autour de sa passion : mobiliers, personnages, créations personnelles, selon son goût.
Avec une originalité qui a fait sa renommée : sans soudure, comme travaillait déjà son grand-père !
Une vie bien remplie de ferronnier d’art
Son originalité et sa spécialité lui ont permis de se démarquer et d’attirer des clients. Il a réalisé des portails et des lustres pour des châteaux, des rampes, des nœuds.
Bien sûr, les traditionnels flambadous, grilles, outils de grillades, cheminées et barbecues, cardabelles décoratives ont été ses grandes spécialités, presque « alimentaires ». D’ailleurs il peut se targuer d’avoir équipé la grande majorité des grilladins sud aveyronnais.
Alors quand on aborde avec lui le nécessaire regard a posteriori sur cette vie de ferronnier d’art, tout n’est que fierté : avoir fabriqué de belles pièces, avoir travaillé la technique de la tôle repoussée, avoir formé des jeunes et donné envie d’apprécier le fer, avoir accueilli Jean-Claude Drouot et Gérard Klein à Millau pour les initier… Une vie bien remplie, comme l’âtre d’un feu toujours bien vivant.
Lui rendre visite est aussi enrichissant qu’attendrissant. Au-delà de la rencontre, dans les objets d’art exposés, il reste encore quelques œuvres originales à découvrir parmi lesquelles une authentique ceinture de chasteté, un combat d’Hercule et de l’hydre, les larmes du Christ…
Jean-Robert Delmas ne compte toujours pas arrêter, malgré les soucis de santé, et ne désespère pas d’accueillir encore d’autres stagiaires à former à la forge. Tant qu’il a la flamme…