Opinion : « De la sincérité des vœux institutionnels »

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En cette période de l’année où s’échangent virus comme « bons vœux », la question de la sincérité du rituel auquel se plient les élus et responsables politiques se pose, à commencer par les vœux du locataire de l’Elysée : tradition républicaine certes, s’agissant là de l’expression du respect des élus vis-à-vis de leurs mandants, autre chose est cependant leur contenu et ce qu’ils annoncent pour l’avenir.

Ainsi, premier exemple, apprenions-nous le soir du 31 décembre de la bouche de celui qui pourfendait il n’y a pas si longtemps un départ à 64 ans, que nous devrions travailler plus longtemps, au nom de la « préservation » du système de retraite par répartition, argument d’autorité à chaque fois dégainé. Comment les personnes les plus exposées par le recul de l’âge légal de départ en retraite à 64 ou 65 ans peuvent-ils/elles interpréter cette « réforme », qu’on dit incontournable, autrement que comme un recul de civilisation pur et simple, alors qu’aucune menace sérieuse ne pèse sur la pérennité du système selon les prévisions du COR elles-mêmes, et alors que de nombreuses propositions alternatives pour une retraite digne de notre temps ont par ailleurs été exposées par les syndicats lors des pseudos-concertations menées par Matignon. Comment le Président élu en mai pour éviter l’accession du RN aux affaires a-t-il pu sans honte se prévaloir de cette réélection pour légitimer une contre-réforme inspirée par les milieux patronaux et financiers les plus intéressés, quand 70 % des Français et la totalité des organisations syndicales en rejettent les principales dispositions ? Rappelons que celles-ci finiront d’annuler les quelques instants de retraite en bonne santé (espérance de vie en bonne santé : 64,5 ans pour les femmes et 63,4 ans pour les hommes) tout en diminuant le niveau des pensions malgré les promesses contraires ? Que valent donc à cet égard les bonnes paroles prodiguées ?

Deuxième exemple (lié au premier), à l’échelon local, même distorsion entre le flot de paroles officielles doucereuses et la réalité connue de tous concernant le premier des vœux échangés, la « santé », dont la couverture est directement remise en question par l’éloignement programmé et assumé officiellement du futur « hôpital commun » – si tant est qu’il surgisse un jour des champs de Vergonhac à la satisfaction de Mme la maire de Millau qui visiblement ne s’inquiète pas de l’affaiblissement prévisible de sa propre ville, consécutif à la désertification à venir du Saint-Affricain ! Les populations excentrées du bassin de vie savent bien, elles, que leur chance de survie s’en trouvera dégradée d’autant.

Tout comme M. le Président qui avouait son incapacité à prédire la catastrophe climatique de l’été dernier, le maire LR de Saint-Affrique, signataire en 2021 d’un protocole de suppression de l’hôpital Emile Borel (préambule du PMSA), de même que le député macronien qui soutient sans réserve l’opération immobilière de Millau-ouest, osent s’approprier l’espoir de maintenir un accès à des soins de qualité pour le bassin de vie alors qu’ils en sont les fossoyeurs attitrés.

Le pompon revint à la représentante du département qui crut bon lors des vœux du centre hospitalier saluer la « résilience environnementale du Sud-Aveyron » juste après s’être félicitée de « l’accompagnement routier » du projet à hauteur de 30 millions d’euros sensé compenser la délocalisation de l’hôpital (il serait intéressant de connaître le coût d’un seul kilomètre de voie rapide !), révélant par là même l’absence totale de prise en compte d’un des paramètres incontournables pour qui prétend « aménager » l’espace : ce que l’on nomme « empreinte carbone », et dont l’augmentation liée au trafic routier ne manquera pas d’améliorer exponentiellement nos performances en matière de lutte contre le réchauffement climatique, et par là même le nombre de ses victimes !

Qu’on ne s’étonne pas, les exemples innombrables d’inconséquence et de duplicité (on pourrait entre autres rajouter la récente volte-face présidentielle sur la tarification à l’acte dite « T2A », contre laquelle les défenseurs de l’hôpital public se battent depuis près de deux décennies!) expliquent la désaffection grandissante de l’opinion publique vis-à-vis du politique.

Pour 2023, un seul vœu possible donc, qui n’exclut pas bien entendu le meilleur que l’on puisse souhaiter à chacune et chacun des habitants : que le puissant mouvement social en vue contre l’injuste et brutale réforme des retraites permette à notre peuple de reprendre confiance dans sa capacité à défendre le « bon sens » et reconquérir sa dignité, obligeant ainsi les élus à mettre leurs actes en conformité avec leurs paroles !

François Bryant, pour les Sections de Saint-Affrique
et de Millau du Parti Communiste Français

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