Opinion

Opinion. La directrice de l’hôpital répond aux accusations des syndicats qu’elle juge « diffamatoires »

Suite à l’article paru le 6 janvier 2023 relatant la manifestation se tenant de façon concomitante aux vœux prévus par la direction, Sylvie Marty, la directrice des hôpitaux de Millau et de Saint-Affrique « souhaite rétablir la vérité sur certaines informations données par les organisations syndicales qu’elle juge diffamatoires ». Elle s’exprime dans ce communiqué adressé à notre rédaction publié ici dans son intégralité.

« D’abord sur ma motivation, je suis Millavoise de naissance. Les seules raisons qui m’ont amenée à prendre le poste de directeur des Centres Hospitaliers de Millau, Saint-Affrique et Maurice Fenaille, est ma volonté non seulement de maintenir l’offre de soins sur le territoire, mais de la développer. De nombreux projets se sont mis en place depuis mon arrivée, il y a deux ans : développement des prises en charge de la douleur, des chimiothérapies, mise en place des pacemakers, des cathéters Midline et PICCline (alternative à la voie veineuse centrale ou à la chambre implantable percutanée lorsque le capital veineux du patient fait défaut), renforcement des équipes de pédopsychiatrie sur le secteur de la périnatalité et des adolescents (CATTP), mise en place d’un conebean (image panoramique dentaire)…

L’année 2023 est aussi porteuse de projets : réouverture des lits de Soins de Suite et de Réadaptation (SSR) avec un regroupement des lits sur le site de Sainte-Anne, mise en place d’une Équipe de Liaison et de Soins en addictologie, développement des hospitalisations de jour de médecine, mise en place d’un ostéodensitométrie pour mesurer le niveau d’ostéoporose…. Des recrutements médicaux ont aussi permis de développer l’offre de soins au service des patients en urologie, en chirurgie digestive, en médecine interne, en imagerie avec l’intervention de radiologues du CHU de Montpellier…

Enfin, le projet d’hôpital commun s’est concrétisé avec un accompagnement financier national de 71 M€ complété par des financements régionaux à hauteur de 9 M€ et une implication du Département sur l’aménagement routier d’environ 30 M€. Une localisation a enfin été actée rendant concret ce projet tant de fois évoqué au cours des 15 dernières années. Cet Hôpital commun est le seul moyen de faire perdurer une offre de soins de qualité sur le territoire, tant sur le plan de l’immobilier que sur la nécessaire mutualisation des ressources humaines et des compétences, dans un contexte de pénurie nationale de professionnels de santé.

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Je pense avoir largement démontré mon implication et ma motivation au sein de l’établissement allant même jusqu’à participer, le jour où je me suis fracturé le pied, à la Commission Médicale d’Etablissement jusqu’à 21 h 30, en présence de Mme Mora, et en ne prenant aucun jour d’arrêt maladie suite à cet accident.

Sur le fait de « recevoir des primes pour plier l’établissement… et supprimer des postes » : depuis mon arrivée, une quinzaine de postes ont été créés : psychologues, infirmières, et aides-soignantes en USLD (unité de soins de longue durée), IDE en hôpital de jour, puéricultrice en pédopsychiatrie… mais aussi plombier, renfort des équipes administratives… Soit pour mettre en place de nouvelles activités, soit pour aider les soignants à faire face à la charge de travail, soit pour rétablir les postes supprimés par le Plan de Retour à l’Equilibre (PRE) comme l’embauche d’un contrôleur de gestion, seul en capacité de savoir si le PRE a été efficace. Si des postes ne sont pas pourvus, c’est par manque de candidatures, état de fait malheureusement national.

Concernant mon salaire, je suis fonctionnaire, directeur hors classe 5e échelon. Mon traitement est consultable par tous sur internet. Je bénéficie de primes qui constituent plus de 50 % de mon traitement (qui ne seront pas pris en compte pour ma retraite). Je gère trois établissements pour un chiffre d’affaires de près de 100 M d’€ avec toutes les responsabilités qui incombent à un chef d’établissement et notamment, depuis l’ordonnance 2022-408, sur la responsabilité financière des gestionnaires publics. Qui accepterait d’être accusé personnellement à rembourser sur son propre argent le fait d’avoir trop rémunéré des médecins pour maintenir l’activité, ou encore, faute de trésorerie, de ne pas payer les charges sociales et fiscales ?

Concernant l’appel à la démission, je me bats au quotidien ainsi que mes collaborateurs pour que l’établissement et les soignants soient les moins impactés possible par la pénurie de professionnels de soins qui touchent tous les établissements. Une nouvelle politique d’attractivité permettant la titularisation et la CDisation plus rapide des agents a permis de titulariser 18 personnes en 2022 et de mettre en CDI 17 autres agents.

Certes, je demande aussi des efforts de la part de tous pour éviter de devoir supprimer des postes. J’ai rencontré récemment une aide-soignante qui a été obligée de quitter l’établissement lors du Plan de retour à l’Equilibre, à seulement 61 ans et qui touche une retraite de 900 €/mois faute d’avoir pu cotiser suffisamment longtemps. Je souhaite avant tout ne pas avoir à réitérer un tel plan de redressement puisque 40 postes ont été supprimés, épisode pour lequel les organisations syndicales ont été relativement absentes.

Par contre, ces dernières sont très mobilisées sur la suppression de la prime chaussure de 2,71 € par mois qui concerne uniquement les agents qui n’ont pas à porter des chaussures spécifiques pour assurer leur fonction, principalement le personnel administratif. Par ailleurs, l’argent économisé a été réinvesti pour acheter des chaussures de sécurité et du matériel de protection pour les ouvriers des services techniques et de la cuisine.

En 2023, les agents ne travaillant pas les week-ends (et donc ayant moins de contraintes) ne récupéreront plus les féries tombant le week-end, disposition dont ils ont bénéficié depuis plus de 20 ans. Ceci est une simple application de la réglementation du temps de travail dans la fonction publique hospitalière. Par contre, les soignants qui travaillent plus de 20 dimanches et fériés bénéficieront de 2 jours de repos supplémentaires en reconnaissance de cette pénibilité.

Je n’envisage donc pas de démissionner de la Fonction Publique Hospitalière qui m’a accompagnée, simple sage-femme, à devenir Directrice, dans le cadre de la promotion professionnelle. Je suis par contre très étonnée que Mme Mora, responsable CGT dans l’établissement et 2e adjointe, farouchement opposée à l’hôpital commun, n’ait pas démissionné de ses fonctions face à l’engagement fort et courageux de Mme Gazel sur ce sujet.

2022 a été une année particulièrement difficile marquée par de multiples vagues COVID qui ont touché à la fois nos patients, mais aussi de nombreux soignants. Une année également marquée par une majoration des difficultés de recrutement qui ont conduit à la fermeture du plateau d’accouchement et des urgences chirurgicales pendant 24 h, ou à la persistance de la fermeture de lits en SSR.

Malgré ces difficultés, ma mission et celle de mes collaborateurs, cadres administratifs et soignants, est de continuer à aider l’ensemble de nos professionnels hospitaliers, soignants ou non, à prendre en charge nos patients dont la gratitude, les sourires donnent à ces professionnels la force nécessaire à la réalisation de leurs missions.

Je profite de ce droit de réponse pour faire part à tous les Millavoises et Millavois et plus généralement aux Sud-Aveyronnais, de mes vœux pour cette nouvelle année, qu’elle apporte à chacun le meilleur et en particulier la santé ».

Sylvie Marty, directrice des hôpitaux de Millau, Saint-Affrique et Fenaille.

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