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Millau. Opinion : « Leurs vœux, notre combat à tous »

Coutume oblige, il est de bon ton en ce mois de janvier d’organiser des cérémonies où dirigeants, élus s’adressent aux acteurs locaux, à la population pour formuler des vœux. Ainsi en ce vendredi 6 janvier, l’hôpital de Millau n’a pas échappé à la tradition.

En revanche, ce qui n’est pas coutume, c’est la cérémonie des contre-vœux qui s’est tenue de manière concomitante organisée par les représentants des personnels SUD et CGT afin d’alerter, d’éveiller. Si tout le monde aujourd’hui s’accorde à dire unanimement que la situation de notre système de santé est critique, gravissime, il est important de prendre conscience qu’elle sera bien pire demain.

De manière générale, vous le savez, l’hôpital en France va mal. Il est passé du 1er au 17e rang mondial en une décennie. A coup de sous-investissements, d’un système de gestion inadapté, de la tarification à l’acte, de sous-dotation, du système du Numerus Clausus, de l’absence de pouvoir décisionnel des soignants au profit des directions locales et ARS, de l’appréhension du soin telle une prestation de service, etc.

Malheureusement, et là était le message de cette mobilisation, l’hôpital de Millau ne fait pas exception. Il n’échappe pas à ce broyage. Il n’échappe pas à cette politique d’austérité et d’instabilité : 8 directeurs en 10 ans, 40 millions d’euros de dette, un personnel à bout de souffle qui peut enchaîner jusqu’à 17 heures, le chiffre du personnel sortant bien plus élevé que le nombre d’embauches, des services fermés, une fermeture de 10 lits de médecine fin décembre, la fermeture depuis plus d’un an et demi du SSR maintenue jusqu’en avril ou… septembre avec une réouverture à 10 lits au lieu de 21 (ce qui implique une suite de soins hospitalisation à votre domicile ou en EHPAD !), les urgences en crise… Les exemples sont pléthores…

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Face à cela, on a une direction qui demande de faire des efforts (encore !). Qui tout en reconnaissant le manque de ressource, s’autocongratule, se targue de mener une politique d’attractivité de qualité et se félicite de son management qui vise à faire respecter la réglementation et se voit offrir des primes d’objectifs et de résultats pouvant aller pour la part variable de 49.800 euros à 67.200 euros par an… Et on a aussi des élus qui entendent l’épuisement individuel et collectif, qui comprennent les récriminations, mais qui concèdent que ce n’est pas de leur niveau ni de leur compétence… Vous comprendrez donc que cela puisse déclencher légitimement la colère de nos soignants et des usagers (nous tous) qui se sentent abandonnés face à une direction et des élus qui se montrent au mieux incompétents, impuissants et au pire complices d’un système qui broie notre système de santé.

Nos soignants, ce vendredi, n’avaient donc qu’un seul vœu pour l’année à venir, celui d’avoir des dirigeants à leur hauteur et à la hauteur du défi qui est celui de remettre, maintenant et non pas en 2028, l’humain au cœur de nos établissements de santé. Ce vœu, ce combat doit être le nôtre à nous tous.

Karine Haumaitre, élue municipale

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