La chambre régionale des comptes enfonce le clou sur le sujet de l’Hôpital

La chambre régionale des comptes Occitanie a procédé au contrôle des comptes et de la gestion des centres hospitaliers de Millau et de Saint-Affrique depuis 2015. L’union syndicale Sud Santé Solidaires a souhaité réagir à ce rapport du mois de juin dernier rendu public ces derniers jours.

Pierre Jean Girard et Henri Célié représentants de l’union syndicale constatent que ce rapport fait largement écho à un document édité en février « le projet médical du Sud-Aveyron », et qu’il vient valider l’analyse faite par le syndicat sur le sujet des hôpitaux sud aveyronnais.

Henri Célié et Pierre-Jean Girard. © Millavois.com

Une mauvaise santé générale

Dans ce rapport, la chambre régionale des comptes « montre la mauvaise santé des deux hôpitaux de Saint-Affrique et Millau » et pointe du doigt un projet d’hôpital Médian « à la réussite incertaine dont le coût estimé à 55,8 M€ est sous-évalué : l’enveloppe nécessaire à la création de l’hôpital médian s’élèverait ainsi au minimum à 97,3 M€, sans compter le prix d’acquisition du terrain d’implantation et les équipements nécessaires », un constat qu’ont fait les syndicats il y a de nombreux mois.

Comme eux, la chambre régionale des comptes préconise « de tenir compte du nécessaire apurement des dettes fiscales et sociales des deux établissements, qui s’élèvent en 2021 à près de 41,5 M€ », dont 32,5 M€, à Millau. Les deux hommes précisent que la dette est « notamment due à la T2A, la tarification à l’acte qui plombe les hôpitaux publics, mais surtout qu’elle est structurelle et créée artificiellement depuis de longues années par les pouvoirs publics ».

Après l’échec d’une première fusion des deux hôpitaux dans les années 2000, les solutions envisagées n’ont selon eux « conduit qu’à des fermetures de lits, de service en limitant la hausse de la masse salariale en dégradant considérablement les conditions de travail des agents ainsi que la qualité de l’offre de soins ».

« Il faut un effacement de la dette qu’on traîne comme un boulet pour se projeter sur le projet de l’Hôpital Médian », clament les deux syndicalistes.

Une catastrophe imminente

Le projet d’hôpital médian a été élaboré afin de mutualiser les ressources des deux structures de soins et garantir l’offre de soins sur le territoire, mais il ne verrait le jour que dans plusieurs années.

« On parle d’un hôpital médian pour 2029, mais jusqu’à là, il faut pouvoir fonctionner. Nous avons des craintes sur des fermetures de services dès 2023. L’offre de soin c’est investir dès maintenant sur les deux hôpitaux, il faut nous donner une respiration sinon on sera morts avant le nouveau. Il risque d’y avoir une rupture des soins qui aura une incidence sur l’espérance de vie », s’inquiètent les deux hommes qui donnent l’exemple du manque d’anesthésistes qui plusieurs fois a failli conduire à la fermeture ponctuelle de la maternité ces dernières semaines.

Une réduction des effectifs

Le rapport de la chambre régionale des comptes précise « qu’une partie des économies générées par ce projet repose sur l’hypothèse d’une diminution des effectifs consécutive à la mutualisation du personnel des services des deux hôpitaux » autrement dit, un pan social « pas envisagé à ce jour » qui diviserait par trois le nombre de professionnels sur le site, une option que le rapport lui-même avoue « complexe à conduire » et soulignant que « les économies induites par le départ en retraite des agents en surnuméraire ne peuvent, en toute hypothèse, intervenir que dans un deuxième temps ».

Construire en concertation

L’union syndicale reconnaît l’approche très comptable du rapport, mais explique qu’il « conforte leur prise de position, sans toutefois donner de pistes à explorer et surtout, regrette un manque de concertation. « Nous dénoncent une politique qui va à l’encontre de l’offre de soin de proximité et qui met à mal l’égalité des chances ».

« Pour construire l’hôpital de demain, il faut concerter la population et associer les partenaires sociaux au comité de pilotage. Aujourd’hui, on ne veut pas dire on avait raison, on veut vraiment être écoutés. Il faut passer un cap, on veut des états généraux de la santé en sud Aveyron et au-delà réfléchir plus largement au niveau national. Il faut poser le problème dans son ensemble : attractivité, formation et installation des médecins, politique d’intégration des nouveaux professionnels, manque des spécialistes, déplacements des patients, accueil des internes, revalorisation des salaires, fuite des patients vers les cliniques privées… Ce système de management tort et broie l’hôpital public, il est mortifère, il faut en changer ».

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