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L’opposition « Millau en action » dénonce « trois années perdues »

Ils l’assurent, les conseillers municipaux d’opposition « Millau en action » ont voulu jusqu’à présent « être une opposition constructive et responsable », et « donner du temps à l’équipe municipale en place ». Mais alors que 2023, synonyme de seconde partie du mandat approche, « la situation commence à nous inquiéter », assure Christophe Saint-Pierre.

Aussi, lundi 26 septembre, quatre jours après la réunion publique de bilan des deux ans de mandat organisée au Créa par la majorité municipale, Christophe Saint-Pierre, Claude Assier, Christelle Sudres-Baltrons, Daniel Diaz et Thierry Solier ont organisé une conférence de presse pour dénoncer les « trois années perdues » en raison notamment du « manque de vision d’avenir » de l’équipe municipale en place. « Lors de cette réunion grande réunion de quartier, même la maire s’est étonnée de la rapidité avec laquelle le bilan a été fait », ironise Christophe Saint-Pierre. « Nous avons le sentiment que Millau se recroqueville et qu’il n’y a plus cette énergie que l’on avait essayé de donner ».

« Tous les projets structurants annoncés sont des projets que nous avons nous-mêmes lancés. » Christophe Saint-Pierre

« Nous étions convaincus que ce mandat serait celui de l’aménagement du territoire urbain, mais aussi celui de la transition énergétique et du développement durable, avec des enjeux forts notamment pour les quartiers en bord de Tarn », assure l’ancien maire de Millau, qui constate, en évoquant « un manque de projection vers des sujets sérieux », qu’à part « une forme de piétonnisation et des trottinettes, on ne voit rien venir ».

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Même constat du côté de l’économie. « On n’arrive pas à se projeter, on ne sent pas de feuille de route donnée à nos entreprises locales », déplore l’ancien adjoint aux finances, Daniel Diaz, en assurant que des chefs d’entreprises préparaient une lettre ouverte à Emmanuelle Gazel. « Cela va faire trois ans perdus que l’on ne pourra pas récupérer sur les trois ans à venir ».

S’il reconnait qu’il n’y a « pas de grosses dépenses », « c’est parce qu’il n’y a pas de projet, si ce n’est ceux de l’ancienne équipe municipale », lance Daniel Diaz. « On a beaucoup de dépenses en fonctionnement qui se dessinent », ajoute Christophe Saint-Pierre, en assurant que « c’est avec les dépenses d’investissement que l’on crée de la richesse ».

Je serais curieux de faire un sondage auprès du personnel municipal. Il n’y a plus de chef, il n’y a aucun projet, on ne sait plus où on va. »

Christophe Saint-Pierre

« Les commerçants tirent la sonnette d’alarme »

On s’en doutait, pour les élus de « Millau en action », le sujet de la piétonnisation illustre à lui seul les deux premières années du mandat d’Emmanuelle Gazel.

« On s’est donné le temps, nous avons rencontré tous les commerçants concernés, et je suis stupéfaite », assure Christelle Sudres-Baltrons. « Tous les commerçants tirent la sonnette d’alarme. Ils parlent de licenciements, de mettre la clé sous la porte, ils appellent à l’aide la mairie… Les terrasses sont vides, personne ne passe, il n’y a pas un chat… Par contre ils reçoivent la facture plein pot de la Communauté de communes quand il s’agit d’installer leurs terrasses… »

« Je n’ai jamais vu autant de mauvaise foi », renchérit Christelle Sudres-Baltrons, en critiquant la « désinvolture » de la maire de Millau. « Emmanuelle Gazel a quand même répondu à une commerçante que si elle n’était pas contente de sa situation, elle n’avait qu’à partir, a-t-elle assuré. Elle a aussi préconisé aux mamans qui ne peuvent pas poser leurs enfants devant le Créa et la MJC de se garer plus loin et de prendre le temps, de flâner devant les magasins. Sur quelle planète vit-elle ? »

Je suis catastrophé par le bouclage du tour de ville qui est une aberration. Emmanuelle Gazel prend pour exemple Géant Casino qui ne bénéficierait pas de la fuite des clients du centre-ville, mais elle devrait aller faire un tour du côté de Leclerc… »

Claude Assier

La « critique de la méthode »

« Les commerçants sont conscients du fait qu’on doit faire évoluer les choses dans le centre-ville », reconnait pour sa part Christophe Saint-Pierre. « Nous ne sommes pas contre, mais nous sommes contre la méthode qui a été employée, surtout après le Covid, les gilets jaunes et une première expérience de piétonnisation pas très concluante l’année dernière ». « Mais cette méthode ne nous étonne pas, continue l’ancien maire. Elle a passé toute la campagne à nous parler de démocratie participative, mais cette démocratie participative n’a de sens pour elle que quand elle va dans son sens… »

« Je condamne la méthode, pas la réflexion », nuance tout de même Christophe Saint-Pierre. Et de sortir de sous le tapis l’étude que l’ancienne équipe municipale avait commandée à Millau Enseignement Supérieur et au CNAM pour un aménagement de l’axe Mandarous – Capelle, « basée sur un schéma de démocratie participative ». « Nous avions fait un travail avec 72 commerces proches du secteur, nous avions interrogé les habitants de 550 logements et 338 personnes en micro-trottoir. Chacun avait sa réalité et ses attentes, nous avions fait des concessions des deux côtés, et nous étions arrivés à un consensus : celui d’une voie en sens unique, où on aurait aménagé une bande pour les mobilités douces et on aurait gardé des places de stationnement. Une partie de la place du Mandarous aurait été piétonnisée. » « Emmanuelle Gazel doit avoir cette étude dans des cartons », a estimé Christophe Saint-Pierre


En bref…

« L’objectif sera de reprendre la mairie en 2026 »

« En 2026 (à l’occasion des prochaines élections municipales, NDLR), il nous faudra créer un rassemblement le plus large possible, avec une équipe soudée et des gens de tous horizons, a déclaré Christophe Saint-Pierre. Rien ne nous divise fondamentalement (avec les autres oppositions, NDLR) et je mettrai toute mon énergie à opérer ce rassemblement. L’objectif sera de reprendre la mairie en 2026. »

Réaction

« La Première ministre a annoncé un plan de 500 M€ pour reverdir les centres-ville. La Ville de Millau a-t-elle demandé à être éligible à ce plan ? Non. » Un manque de réactivité dénoncé par Christophe Saint-Pierre qui a rappelé que son équipe avait réagi immédiatement après l’annonce du Plan Action Cœur de Ville.

Le « manque de classe » d’Emmanuelle Gazel

« On dit de certaines personnes que tout ce qu’elles touchent se transforme en or, mais on peut dire d’Emmanuelle Gazel que tout ce qu’elle touche est médiocre ». Christelle Sudres-Baltrons n’a pas de mots assez durs pour évoquer les deux premières années d’Emmanuelle Gazel à la tête de la mairie. « Tout ce qu’elle fait manque de classe », affirme l’élue d’opposition en citant pêle-mêle l’exposition du boulevard Sadi-Carnot, l’inauguration de la passerelle sans inviter Christophe Saint-Pierre, les voies cyclables « accidentogènes »… « Il n’y a pas plus à dire parce qu’elle n’a pas fait grand-chose », a conclu Christelle Sudres-Baltrons.

« Tout fout le camp »

Il l’avait déjà dit, mais il le répète, « tout fout le camp ». Le blason de la Ville de Millau qui a disparu et que l’on ne retrouve même plus sur les bâtiments publics, l’éclairage de la Pouncho « arrêté de manière un peu loufoque », et même le conseil municipal pas loin de déménager à la Halle Viaduc. A ce sujet, Thierry Solier a une conviction, c’est que le déroulement du conseil à la Halle Viaduc arrange Emmanuelle Gazel « pour son confort ». Avec « le micro qu’il faut demander » et « le manque de place pour le public », « il n’y a plus les débats que l’on connaissait à la mairie, il n’y a plus de rapport de force ». « Il est plus facile de répondre à des petits papiers (en référence à la méthode employée lors des bilans de mandat, NDLR) que d’avoir les interlocuteurs en face », s’agace le conseiller municipal d’opposition.

Le logo de Millau sur la nouvelle « Halle sportive Marie-Amélie Le Fur ».

« Vaches à lait »

« Nous allons être vigilants sur la tarification de la cantine scolaire », a affirmé Christelle Sudres-Baltrons. Même si selon elle le tarif de 1 € par repas pour les familles les plus modestes est « une bonne chose », « les tarifs ont augmenté pour les classes moyennes, véritables vaches à lait », et dont « certaines de ces familles ont des conditions tout aussi modestes… ».

« Quand est-ce qu’elle va faire jouer son réseau ? »

« Emmanuelle Gazel nous a souvent reproché de ne pas faire assez en ce qui concerne l’enseignement supérieur », rappelle Christelle Sudres-Baltrons. « Mais nous n’avions pas sa puissance de frappe », sourit-elle en soulignant que la maire de Millau siège aux commissions éducation et formation professionnelle du Conseil régional. « Je ne sais pas à quoi ça lui sert », déplore-t-elle en pointant du doigt les « sept personnes inscrites au Campus connecté ». « Quand est-ce qu’elle va faire jouer son réseau et faire venir de l’enseignement supérieur à Millau ? ».

« Dédoublement de la personnalité »

En ce qui concerne l’hôpital médian, Christophe Saint-Pierre se félicite que les choses évoluent « favorablement ». « Mais à ce sujet je m’étonne du mutisme de certains élus du conseil municipal, qui sont contre le projet d’hôpital médian, mais qui ont, semble-t-il, une capacité de dédoublement de la personnalité. Cela dénote l’ambiance qu’il y a au sein de la majorité municipale… Si certains élus ont pris la position courageuse de démissionner, d’autres n’osent pas prendre cet envol… »

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