Patrimoine Millavois. La traverse de l’Ayrolle
Longue de 60 mètres, cette traverse qui semble exister depuis le Moyen Âge part de la rue droite et rejoint le Boulevard de l’Ayrolle.
Voie publique n° 10, large de 1m50 à 3 mètres, elle se divise en deux parties. La première va aboutir après avoir passé un porche, à un cul-de-sac. Ce fond de ruelle était surnommé « la Cour des Miracles » sans doute, car, comme dans les quartiers de Paris, c’était un espace de non-droit. Un lieu mal fréquenté où l’on ose à peine s’aventurer et là où les prétendues infirmités des mendiants, qui en avaient fait lieu de résidence ordinaire y disparaissait à la nuit tombée « comme par miracle ». Au fond de ce cul-de-sac, se trouvait une cave.
L’autre partie amène au boulevard de l’Ayrolle dont le nom provient de l’aire publique ayro ou ayrol qui se trouvait en cet endroit, devant les portes de la ville.
Si depuis 1830 cette ruelle porte le nom officiel de « Traverse de l’Ayrolle » (cadastre), il n’en fut pas toujours de même, comme nous le rappelle Jules Artières : « Au XIVe siècle, elle était désignée ainsi qu’il suit : « rue allant de l’Ayrolle au Château Royal ». Au XVIe siècle, ce coin sordide du vieux Millau était appelé « courtial de Saint Bonnet ; le plan de la ville de 1811 lui donna aussi ce nom : rue Saint-Bonnet, que nous avons vu naguère figurer encore dans un acte de vente » (Millau à travers les siècles, 1943.)
Ce nom de « Saint-Bonnet » est peut-être dû à l’image de ce saint servant d’enseigne à l’une des auberges qui abondaient jadis dans ce quartier.
En raison des petits ponts ou arceaux en calcaire et en tuf qui la surmonte, les anciens appelaient cette traverse « Vòlta de Pontilhada » (Rue des Petits Arcs). En effet, plusieurs pontils l’enjambent. Trois sur la première partie de la ruelle et un autre dans la partie qui se dirige vers le Boulevard.
Cette ruelle fait face à une autre traverse « Saint-Jean », aujourd’hui « rue Saint-Jean » où se trouvait l’entrée du lycée des garçons. Parce qu’elle servait de raccourci mais aussi de planque pour faire diversion, elle était surnommée la rue des voleurs, et nombreux étaient les élèves à la traverser pour rejoindre la rue droite.
Cette ruelle comme tant d’autres est remplie de souvenirs. De la rue Droite à l’accès au boulevard de l’Ayrolle, on y voyait la porte de l’entrepôt de la droguerie Vidal (qui à 11 heures du soir s’embrasa créant un gigantesque incendie vers 1965). On voyait aussi au fond de cette traverse les fenêtres de deux sœurs couturières. On débouchait sur la rue Droite face au magasin de chaussures Pourquié, et côté boulevard de l’Ayrolle, on était juste en face du Café de la Perle.
Marc Parguel