« Madame la Maire a fait le choix, en force, de piétonniser notre cœur de ville. Nous voici maintenant à près de quinze jours d’une expérimentation qui doit durer jusqu’au 15 octobre. Une expérimentation qui n’en a que le nom puisque Madame Gazel annonce déjà par voie de presse que les choses pourraient rester en l’état. Nous comprenons bien, aux vues des équipements acquis et mis en place, que le dispositif est prévu pour durer. En la matière, le « frigo » n’était pas vide et elle a bien trouvé les crédits nécessaires.
Si notre groupe n’a rien contre l’idée d’un centre-ville apaisé, c’est sur la méthode et la notion du « tout piéton » que nos avis divergent. À notre sens, Madame Gazel fait passer « la charrue avant les bœufs » par dogmatisme et besoin de communication pour se donner bonne conscience écologique.
Nous aurions préféré parler plutôt d’espace partagé en cœur de ville réservant une place importante, privilégiée et sécurisée aux piétons et aux vélos. À notre sens, deux espaces de circulation devraient être distingués. Le premier concernant les boulevards délimitant le centre historique, et le second portant sur le cœur lui-même. Sur les boulevards, cela devrait inévitablement passer par une redéfinition de la circulation et un véritable programme de recalibrage des voiries et du Mandarous, pour permettre une utilisation sereine de l’espace public, tout en diminuant la présence de la voiture sans l’exclure du centre-ville. Pour le cœur historique, une piétonnisation sur des créneaux horaires élargis, et appliquée sur la période estivale devrait être privilégiée.
Nous avions soumis ces questions au Conseil Consultatif Citoyen, que Madame Gazel a supprimé, et nous avions chargé le Conservatoire National des Arts et Métiers de mener une étude, et une concertation, sur ce sujet auprès des riverains, des commerçants et des usagers du secteur Mandarous / Capelle / boulevard de Bonald.
Il en ressortait une nette prise de conscience de la nécessité d’apaiser la circulation en centre-ville en réduisant la place de la voiture. Le sentiment de devoir changer nos habitudes était bien réel. Il n’y a donc pas d’hostilité a priori sur de telles questions. Comme nous l’avions engagée, nous aurions poursuivi notre concertation, avec les riverains et commerçants. Mais comme à son habitude, Madame Gazel ne veut rien entendre et passe en force. Ce n’est pas de la co-construction, mais de la solo-construction.
Nous sommes convaincus que le fait d’imposer la seule piétonnisation sans avoir travaillé sur le cadre de vie, l’habitat, la qualité des espaces publics, la végétalisation des rues et des espaces (et non un simple fleurissement), ou encore l’accompagnement des acteurs économiques de la zone est voué à l’échec. En la matière, aucun projet à l’horizon de la part de la majorité, à moins qu’ils ne soient bien cachés et connus que de quelques initiés. Le risque de voir fermer les commerces et de voir le centre-ville se paupériser plus encore est trop grand pour que Madame Gazel n’accepte pas de revoir sa copie. Nous constatons tous que le centre-ville est vide en pleine saison touristique, mais elle, elle persiste.
Madame Gazel légitime son choix de piétonnisation sous couvert de convictions écologistes. Mais quelles sont ses propres orientations sur la rénovation du centre ancien, quels sont ses projets en matière de renouvellement urbain, dont le moteur doit être le développement durable, quelles sont ses perspectives pour l’aménagement des quartiers sud de Millau soumis aux inondations ?
La lutte contre les effets du réchauffement climatique ne se résume pas seulement à supprimer la voiture du centre-ville ou à proposer de circuler à trottinettes électriques.
Nous étions convaincus que ce mandat devait être celui de la transition écologique pour Millau. Nous avions un véritable projet, défendu dans le cadre du dispositif Action Cœur de Ville – Millau 2030, que nous avons soutenu lors de la campagne de 2020. »
Les conseillers municipaux d’opposition Millau en Action
